Cédric Roussel : "donner

Cédric Roussel : "donner davantage de fluidité à l’économie française"

Député LREM de la 3ème circonscription des Alpes-Maritimes, il a participé à la réflexion sur la loi PACTE qui sera présentée prochainement en conseil des ministres.

Vous êtes venu d’un seul coup à la politique : expliquez-nous le pourquoi de votre engagement.

Je suis un citoyen engagé dans des actions sociétales depuis plusieurs années. Je m’intéresse depuis longtemps à la chose publique, au travers du mouvement associatif, comme le club Kiwanis qui œuvre en faveur de l’enfance. En politique, j’ai commencé en animant à Cimiez un comité de quartier pour organiser des ateliers de réflexion sur la construction d’un programme pour les présidentielles.

Et vous avez fini par vous présenter...

J’ai été plus poussé qu’autre chose : je me demandais si un profil "société civile" comme le mien était adapté. Je suis conseil en patrimoine, donc indépendant, en proximité avec mes clients, particuliers et entrepreneurs. Je parle avec eux de droit de la famille, d’assistance aux déclarations d’impôts, d’investissements financiers, de transmission, de succession... Cela correspond à la méthode du gouvernement : diagnostic complet, concertation, et actions à mettre en place.

Et maintenant, comment ressentez-vous les choses ?

Après ces huit mois, la politique me parait beaucoup plus simple. Elle n’est pas propre à mon statut, mais à un état d’esprit, en cherchant de nouvelles manières de faire adhérer les gens au projet.

Projet de loi PACTE : où en est-on ?

Il est encore en cours d’élaboration. Il s’agit pour les parlementaires de co-construire ce texte en partenariat avec le monde économique. Je suis rapporteur d’un groupe consacré à la création, la croissance et la transmission. J’ai donc organisé localement deux concertations avec des professionnels appartenant à des organismes comme l’UPE, la CCI, la Chambre des métiers, le réseau French Tech, et aussi avec de jeunes entrepreneurs. Nous avons fait remonter notre contribution de terrain. Comme la nôtre, il y en a cent vingt qui vont nourrir la réflexion pour éclairer les parlementaires qui vont discuter de la loi et la voter. Le projet n’a pas encore été présenté. En principe, il sera discuté à l’Assemblée avant cet été, pour une mise en application en 2019.

Quel est l’esprit général du texte ?

L’esprit, c’est d’aller vers une simplification de l’administratif et de la gestion d’une entreprise pour libérer du temps à consacrer à la création de richesse. On travaille sur un statut unique pour les créateurs d’entreprises, sur l’organisation des déclarations administratives sous forme de "blockchain" (pour éviter la multiplication des déclarations identiques à plusieurs organismes ndlr). Il faut libérer le dirigeant, l’accompagner dans sa gestion. On va proposer un statut juridique spécial pour la création du premier emploi, l’instauration de la facture électronique pour faciliter les délais d’encaissement, la fluidification des fonds de roulement.

Y a t-il un volet prévu pour les salariés ?

Oui. Nous voulons inciter l’épargne salariale par la participation et l’intéressement, pour un juste partage de la création de valeur par l’entreprise. Nous réfléchissons aussi au seuil des cinquante employés pour qu’il ne soit pas un couperet : notre intention est de laisser du temps - deux, trois ans - à l’entreprise pour s’adapter.

Flécher l’épargne comme l’assurance-vie ?

Effectivement, la loi de Finances va déjà dans ce sens en étant plus incitative. L’IFI, qui remplace l’ancien ISF, n’a pas pour but de pénaliser l’épargnant, mais de diriger davantage vers les produits qui soutiennent l’économie française par le biais de SICAV ou d’investissements directs dans l’entreprise. La loi PACTE va aussi encourager l’actionnariat salarié, tout est lié.
C’est une logique macro-économique car nous avons beaucoup de TPE et PME en France. Tout l’enjeu est de les faire monter en taille pour qu’elles soient plus fortes et qu’elles puissent s’ouvrir sur le marché international, européen notamment. Ce sera créateur d’emplois, tout en donnant les moyens aux salariés de se former pour s’adapter aux besoins des entreprises qui évoluent. Dans les dix ans, 50% des métiers actuels disparaîtront, il faut se préparer...

La transformation numérique de l’économie ?

C’est aussi un enjeu majeur. Elle concernera tous les rouages de l’État : la santé, l’économie,l’administration, la défense etc. Bref, tout ce qui est régalien. Elle devra être réalisée pour la fin de la mandature. Tous les métiers seront impactées, notamment les professions juridiques, comme avec la signature électronique qui sera généralisée. Il y aura sans doute des choses à régler : les discussions parlementaires s’en chargeront, ainsi que les remontées des expériences sur le terrain. S’il y a des trous dans la raquette, il faudra prendre des décisions en connaissance de cause. Rien n’est encore figé, la concertation est toujours possible.

Le climat social actuel vous inquiète t-il ?

La SNCF, les étudiants... Ces réformes sont depuis longtemps sur la table. Je me m’attendais pas à ce qu’elles soient accueillies sans appréhension... Le gouvernement a le courage de s’y attaquer après des années où rien n’a été fait dans ce pays. J’ai confiance.

Cédric Roussel dans sa permanence niçoise, avec ses collaboratrices Caroline Puisségur et Morgane Reclus. (JMC)

Les grandes lignes du projet de loi PACTE

Le Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises (PACTE) est l’une des promesses d’Emmanuel Macron pour moderniser l’économie française. Après une période de consultations auprès des organisations professionnelles et du public cet hiver, le texte du projet de loi auquel a participé le député azuréen Cédric Roussel doit être présenté en Conseil des ministres dans le courant du mois de mai.
Les lignes de force sont : faire "grossir" la taille des TPE et PME, la simplification administrative, l’assouplissement des seuils (par exemple celui des "fameux" 50 salariés qui est un obstacle au développement), l’aménagement de l’épargne-retraite, le soutien aux PEA-PME notamment par le renforcement de leurs fonds propres, la relance des fonds Eurocroissance pour favoriser l’épargne des particuliers et assurer des investissements à long terme pour les appareils productifs...

Propos recueillis par J.-M. CHEVALIER

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