Charles Scibetta : (...)

Charles Scibetta : "assurer un juste équilibre du territoire"

Connue pour sa zone industrielle, la commune de Carros multiplie les projets pour favoriser l’activité tout en promouvant le tourisme, l’agriculture et le respect de la nature.

Présentez-nous les spécificités de la commune...

Carros est le premier pôle industriel du département, avec plus de 500 entreprises dans lesquelles travaillent 10 000 salariés. Comme la commune compte 12 500 habitants, il faut donc prendre en compte les besoins d’une population de 25 000 personnes présentes au quotidien...

Votre vocation industrielle est affirmée...

La zone industrielle et les entreprises sont au cœur de l’activité. Ce sont elles qui créent les emplois, la richesse, qui contribuent aux recettes fiscales versées aux collectivités. Nous sommes donc attentifs aux attentes et aux besoins, pour que les gens puissent travailler dans les meilleures conditions, pour que les salariés soient bien accueillis.

Charles Scibetta, dans son bureau à la mairie. (DR JMC)

La circulation, un point noir ?

J’ai veillé à l’amélioration de la voirie sur la commune avec un plan pluriannuel de 500 000 euros sur la période 2018 à 2020. Nous avons aussi programmé un volet transport en commun ambitieux, avec le futur pôle d’échanges multimodal du pont de la Manda (connexions entre les bus et le chemin de fer de Provence) dont les travaux vont démarrer au début 2020 et par l’amélioration de la desserte des bus sur tout notre territoire. L’objectif, c’est d’inciter les salariés à utiliser les transports en commun. Pour cela, ceux-ci doivent être assez développés en fréquence de passage, en temps de trajet, en confort et en sécurité. Et je ne parle même pas de leur coût de revient, qui doit évidemment être incitatif par rapport à la voiture.

Vous reste t-il du foncier pour développer les activités ?

Avec la Métropole et le Département, nous avons agi auprès de l’État pour sortir de la zone rouge inondations des terrains afin de permettre à deux fleurons – Arkopharma et Virbac – de se développer sur Carros car ils ont projets intéressants. Un processus a été mis en place, il est piloté par le SMIAGE (syndicat mixte inondations, aménagements et gestion de l’eau) et accompagné par un comité de suivi.
D’autre part, nous avons agi sur le départ des dépôts Primagaz, qui ont un impact fort sur l’activité dans le périmètre de protection technologique. Ils gênaient le développement des autres entreprises en stérilisant du foncier. Leur départ est acté, le site sera fermé à la fin 2020 et ne sera pas déplacé comme envisagé sur la commune de Malaussène, l’exploitant ayant pris d’autres dispositions.

Mais encore ?

Nous avons été le premier territoire, parmi une centaine retenus en France, à signer avec l’État la convention "Label territoire d’industrie". Un travail de concertation est mené par tous les partenaires (CCI, CMAR, Pôle
Emploi, Région, CFA, ASSLIC, CFA de Carros etc.) avec les entreprises autour de dix projets : aide et accompagnement à l’export, création d’une filière d’industrie au CFA de Carros, création de nouvelles activités sur le site après le départ de Primagaz, accueil d’artisans, etc. Il s’agit exclusivement d’activités de production, le commerce étant interdit sur notre zone d’activité. Nous voulons développer pour la zone industrielle une navette autonome, travaillons à la sécurisation de la fibre par la création d’une boucle. Et sur les énergies renouvelables sous forme d’énergie circulaire, en réutilisant par exemple pour le chauffage la chaleur produite par les entreprises.

Le tourisme, c’est aussi un axe de développement ?

Carros est aussi connue pour son vieux village et son château, qui abrite le musée d’art contemporain. La commune veut relancer le tourisme : elle propose maintenant aux visiteurs deux gîtes trois et quatre épis, qui sont également utilisés par des Carrossois lorsqu’ils reçoivent de la famille. Il y a également dans le secteur du Plan une zone dédiée à l’hôtellerie, avec un projet – de dimensions raisonnables et qualitatif – de résidence hôtelière.

Et pour l’agriculture ?

Notre territoire n’est pas seulement industriel, mais aussi agricole et naturel. Il faut garder un équilibre. Nous essayons de la relancer en donnant l’opportunité à de jeunes agriculteurs de s’installer : six se sont lancés depuis 2014. Dans le même temps, des efforts sont accomplis pour promouvoir la fraise de Carros, avec la construction par la commune de serres louées à des exploitants pour une culture bio en pleine terre.

Vous avez aussi souffert d’un grave feu de forêt...

Notre projet est de créer une bande de protection avec une activité agricole pour servir de coupe-feu près des habitations. Sur près de sept hectares, des oliviers seront replantés, ainsi que de la vigne. Cent cinquante arbres de moyenne futaie – deux mètres de haut – ont déjà été mis en terre. Nous voulons aussi que ces espaces soient aménagés, que l’on puisse s’y promener. Les procédures sont longues et complexes, car ces surfaces doivent être sorties du régime forestier. En tous cas, il n’est pas question de laisser aux générations futures une forêt vulnérable à l’incendie.

Propos recueillis par J.-M. CHEVALIER

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