Clubs de foot de ligue 1

Clubs de foot de ligue 1 : bientôt la fin des subventions publiques ?

Au moment où les collectivités sont incitées à réduire la voilure budgétaire, des sénateurs proposent notamment de leur interdire d’attribuer des subventions aux clubs sportifs professionnels qui tirent l’essentiel de leurs ressources des droits TV.

L’arrivée de milliardaires étrangers dans les clubs de football signera peut être la fin d’une époque : celle du soutien des clubs professionnels par les collectivités territoriales.

A partir du constat de la hausse des droits TV, des recettes des billetteries ainsi que des ressources issues des partenariats, le législateur a, en effet, déposé une proposition de loi, présentée le 24 septembre, visant à rénover les rapports entretenus entre ces deux acteurs et à moderniser le modèle économique du sport professionnel . Cette proposition intervient à la suite du rapport, adopté le 29 avril 2014 par la mission commune d’information, chargée d’étudier les évolutions résultant de l’émergence du sport business.

En phase avec les règles issues du fair play financier imposé par l’UEFA, la réforme s’inscrit dans un contexte de contrainte budgétaire sur l’idée selon laquelle « les collectivités territoriales n’ont pas vocation à contribuer à l’inflation salariale des clubs de sport professionnels ».

Il s’agirait, ainsi, tout d’abord, d’exclure du bénéfice des subventions les associations et sociétés sportives percevant plus de 10 millions d’euros par saison, au titre des droits d’exploitation audiovisuelle : ce qui correspond à l’ensemble des clubs de football de Ligue 1 et quelques clubs de rugby.

Après la taxe à 75 % sur les hauts revenus et les contestations liées au régime fiscal favorable de l’AS Monaco, cette seule disposition de loi devrait suffire à mobiliser une nouvelle fois la Ligue de football professionnel.

Les clubs de Ligue 1, déjà en grande difficulté financière pour la plupart d’entre eux, devront rechercher d’autres sources de financement et adopter un nouveau modèle économique. Cela passera, par exemple, par la cession aux clubs professionnels des enceintes sportives utilisées, charge pour eux de les rentabiliser par le développement de la billetterie et des partenariats, la vente d’espaces publicitaires ou le naming…

Un stadium manager

Un nouveau métier sera, dans ce contexte, et conformément aux vœux du président de la Ligue de football professionnel, Frédéric Thiriez, à développer : celui de « stadium manager », investi de la mission prioritaire de remplissage des enceintes sportives, afin d’éviter tout contournement par les collectivités publiques de l’interdiction de subventions qui leur serait, ainsi, faite.

Le législateur a pris le soin d’interdire également toute contractualisation avec les clubs professionnels percevant plus de 10 millions d’ euros des contrats de prestations de services liés à l’achat de billets ou d’espaces publicitaires, constituant des subventions déguisées venant abonder le budget de fonctionnement des clubs.

A l’heure où les financements dans le domaine du mécénat ont tendance, sur fond de crise économique, à se raréfier, il est probable que les clubs concernés devront également, si la proposition de loi était adoptée, rechercher leur équilibre financier dans la réduction de leurs dépenses. Il s’agira également de développer les centres de formation afin de faire émerger des talents locaux, moins coûteux.

La difficulté pourrait, toutefois, venir d’une situation isolée de la France par rapport à ses partenaires européens qui n’adopteraient pas de mesures similaires et mettraient, par conséquent, en péril l’attractivité du football professionnel hexagonal, et pourraient provoquer une fuite des talents

Les PPP à l’index

Outre la mesure phare de la fin des subventions publiques de fonctionnement des grands clubs professionnels, la proposition de loi prévoit également l’interdiction, à compter du 1er juillet 2015, pour les collectivités et leurs groupements de recourir aux fameux partenariats public-privé pour financer une enceinte sportive (un stade ou une arena) qui serait majoritairement utilisée par un club professionnel. Des contrats qui grèvent lourdement leur budget. Les collectivités déjà engagées dans un PPP pour la construction ou la gestion d’un stade pourraient en céder la propriété au club professionnel qui l’utilise, avant l’échéance du contrat. Les modalités d’indemnisation du partenaire privé seraient fixées par décret en Conseil d’Etat, Enfin, elles ne pourraient plus financer à plus de 50% du total des dépenses, la construction de nouvelles enceintes dont elles n’ont pas elles-mêmes l’utilité mais qu’elles mettent à disposition des clubs professionnels, contre une redevance.

B.L

Photo de Une : Crédit Ligue1

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