Confinement : comment

Confinement : comment les agences de recrutement ont-elles géré la situation et comment envisagent-elles la suite ?

Pour faire face au confinement et rester auprès de leurs clients, les agences de recrutement ont du réadapter leur façon de travailler et d’accompagner entrepreneurs et candidats. Telecom Valley a convié à un webinaire portant sur « la digitalisation du recrutement », Ingrid Petit responsable d’équipe à l’agence Pôle Emploi d’Antibes et Julie Roynette, responsable du centre niçois Apec (Association pour l’Emploi des Cadres). Les deux femmes ont partagé leur expérience et expliqué comment leurs structures ont réussi à tenir la cadence.

Deux agences qui ont dû adapter leurs méthodes de travail

Ingrid Petit - Pôle Emploi d’Antibes (capture écran DR)

« Chez Pôle Emploi, nous avons dû annuler tous les forums, ateliers, salons, que nous avions programmés jusqu’au mois de juin et trouver une autre manière d’accompagner nos clients » explique Ingrid Petit. Le plus important pour l’organisme était bien sûr de permettre la continuité de l’actualisation en ligne et les indemnisations « nous avons mis en place une permanence téléphonique pour aider les personnes qui n’ont pas accès à l’internet à réaliser leur actualisation en direct. » Mais Pôle Emploi a été fortement sollicité pour les recrutements. Et effet, l’établissement a été chargé, par l’État, de gérer une site internet consacré aux recherches d’emploi dans le domaine médical, tout au long du confinement « on a dû chercher dans notre base de données, toutes les personnes disponibles ayant des compétences adéquates, nous avons réalisé près de 140 recrutements dans le secteur dans tout le département 06 » explique-t-elle.

Du côté de l’Apec, peu de changements ont été effectués « nous avons été placés en télétravail, mais nous étions déjà opérationnels. Disons que les cadres sont habitués à ce mode de travail  » argumente Julie Roynette. Les réunions qui devaient avoir lieu en présentiel ont simplement été organisées en virtuel. Concernant les ateliers numériques déjà fixés : «  Nous les avons simplement adaptés à la situation que nous vivons. Par exemple l’atelier ’’comment recruter ?’’ est devenu ’’comment recruter en période turbulente ?’’ » indique la manager.

Un processus de recrutement qui change face à la situation

« Pour nous adapter, nous avons du accentuer le côté présélection des candidats » annonce Ingrid Petit. Ces dernières semaines, beaucoup d’entrepreneurs recherchaient des candidats précis : une personne pouvant travailler dans le domaine médical, un candidat sachant gérer la communication d’une entreprise, quelqu’un pouvant s’occuper de livraison a domicile de panier-repas, etc, « notre mission était de trouver au plus vite, le candidat parfait et de le présenter au recruteur. »

Le recrutement en ligne ou à distance, a été la seule solution pour répondre à ces demandes urgentes ces dernières semaines. Mais beaucoup de questions se posent encore sur ce processus : Les employeurs sont-ils plus réticents face à cette pratique ? Est-ce plus difficile de se rencontrer virtuellement pour un entretien d’embauche ? La prise de décision est-elle plus rapide ? Les rendez-vous s’enchaînent-ils plus simplement ? « Tout dépend de la situation et de ce que recherche exactement le recruteur, explique Julie Roynette, mais il est trop tôt pour faire un état général. »

Intégration à distance : des avantages et des inconvénients !

Les deux agences ont déjà testé ce processus et les deux partagent le même avis. Intégrer un salarié à distance au sein d’une société est une expérience nouvelle, qui n’est pas toujours simple pour la personne concernée « il ne connaît pas l’ambiance, ni le lieux où il va travailler, ni ses collègues. Ce n’est pas simple d’arriver comme ça dans une entreprise  » explique Julie Roynette. Alors pour accompagner au mieux ce candidat, «  il faut réaliser plus de réunions virtuelles avec lui, une avec l’employeur, une avec l’équipe au complet, une autre avec ses collaborateurs, etc, il faut bien le préparer et l’entourer. ». Une idée partagée à 100 % par sa collègue de Pôle Emploi « cela peut-être une bonne initiative, mais il est important d’apporter un vrai suivi par la suite, car la personne qui vient d’arriver au sein de l’entreprise et qui n’est pas encore pleinement intégrée, va se poser de nombreuses questions et elle n’osera pas toujours les poser à ses collègues si elle est seule derrière son ordinateur. »

Ce qui est sûr pour les deux centres, c’est que cette crise sanitaire a permis de redéfinir quelques priorités : « À partir de maintenant, je pense que les offres d’emploi risquent de changer. Les entrepreneurs vont plus facilement chercher des gens qui sont qualifiés et calés dans le domaine du numérique au cas où une nouvelle crise devait se produire  » étudie Ingrid Petit. «  À mon sens, il va falloir que les candidats soient tous équipés, a minima d’ordinateur et qu’ils aient tous une connexion internet » énonce Julie Roynette pour clore le débat.
Après ce confinement, la question du numérique va effectivement prendre plus de place sur le marché du travail, par conséquent, il y a de fortes chances que les offres d’emploi changent et s’adaptent par la suite.

Photo de Une : Julie Roynette Apec lors du webinaire

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