COP 21 : un accord (...)

COP 21 : un accord très modeste

La COP 21, qui vient de se dérouler en région parisienne, a débouché sur un accord qualifié d’ambitieux par certains observateurs. Mais dans les détails, les mesures concrètes restent modestes et essentiellement non contraignantes.

« Le projet d’accord proposé est différencié, juste, durable, dynamique, équilibré et juridiquement contraignant ». C’est ainsi que s’exprimait Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, ce samedi 12 décembre, après treize jours d’intenses négociations dans le cadre de la COP21.

L’environnement est devenu un enjeu mondial, en 1972, suite au colloque international sur l’environnement humain et à la parution du rapport Meadows (The Limits To Growth), commandé par la Club de Rome, qui constituait la première étude scientifique d’envergure soulignant les dangers écologiques de la croissance économique. Mais c’est à partir de 1988, avec la création du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), que les questions environnementales vont progressivement se focaliser sur la seule dimension climatique.
En 1992, au Sommet de la Terre de Rio de Janeiro, la question du changement climatique prit alors un tour politique, avec la signature de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, reconnaissant l’existence d’un changement climatique d’origine humaine. D’où, depuis 1995, une réunion annuelle des parties prenantes à cette Convention, que l’on appelle COP (Conference of the Parties) et dont le but est de parvenir à fixer des objectifs de lutte contre le changement climatique.

Un accord non contraignant

L’enjeu principal de la COP 21 qui se tenait à Paris était de parvenir à limiter le réchauffement global à 2°C. Mais au-delà des déclarations d’intention (limitation à 1,5 °C), l’accord ne prévoit aucune date pour le pic des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), d’autant que les engagements pris conduiraient, en l’état, à un réchauffement supérieur à 3 °C, d’ici à la fin du siècle ! Pire, les plans nationaux de réduction des GES ne seront pas contraignants, en raison du Congrès américain dont la majorité républicaine est hostile à tout accord contraignant. Partant, la question du contrôle des engagements pris par chaque État est nécessairement restée ouverte dans l’accord final… Rendez-vous donc en 2025, au plus tard, pour revoir les objectifs des uns et des autres !

En outre, suivant le principe des « responsabilités communes mais différenciées », il a été convenu qu’au moins 100 milliards de dollars de fonds publics et privés seront versés, chaque année à partir de 2020, aux pays en développement, pour leur permettre de faire face au réchauffement climatique. Mais on oublie de dire qu’en parallèle, les subventions aux énergies fossiles s’élèveront dans le monde à 500 milliards de dollars par an !

Enfin, malgré le vœu pieux du président François Hollande de ne voir aucun État se soustraire à ses engagements, les pétromonarchies ont très vite choisi de ralentir les travaux, en manifestant, notamment, une opposition farouche à l’instauration d’une taxe carbone. Résultat : celle-ci ne figure plus dans l’accord final.

Peu d’incitations avec un pétrole au plus bas

La baisse des prix du pétrole sous la barre des 40 dollars est du reste une mauvaise nouvelle pour la lutte contre le changement climatique. En effet, un prix du baril aussi bas réduit à néant les incitations à développer les énergies renouvelables, à améliorer l’efficacité énergétique des processus productifs et à monter en gamme dans la production, seul moyen de ne plus faire dépendre la compétitivité uniquement des coûts.
Mais à court terme, dans un monde économique encore largement dépendant du pétrole, ces prix bas vont soutenir la demande de la plupart des pays et donc la croissance. Et tant que l’Arabie Saoudite se refusera à réduire sa production de brut, les cours continueront à s’effondrer, ce qui est certainement l’objectif de Riyad, puisque ainsi la production de pétroles de schiste aux États-Unis deviendra définitivement non profitable.
Finalement, le principal succès de cette COP 21 aura été d’associer 195 parties (194 États et l’UE) et de nombreux acteurs de la société civile dans une commune lutte contre le changement climatique. Mais de nombreuses questions restent en suspens, dont celle de la ratification de l’accord dans les prochains mois. On est donc très loin du protocole de Kyoto, signé en 1997, qui imposait aux pays développés une réduction chiffrée des émissions de gaz à effet de serre.
Le plus gênant est certainement qu’à force de parler du seul climat, on risque d’occulter les autres graves problèmes environnementaux : pollution de l’air et de l’eau, usage trop important des ressources naturelles, érosion de la biodiversité, etc.

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