
Crédit Agricole PCA : Les premiers pas de Catherine Galvez
- Par Sébastien Guiné --
- le 14 février 2025
Directrice générale depuis janvier, Catherine Galvez est toujours en phase d’observation mais a déjà des idées stratégiques pour le futur du Crédit Agricole Provence Côte d’Azur.
« L’économie de demain doit être beaucoup plus responsable »

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué depuis votre prise de fonction dans ce territoire ?
– Catherine Galvez : J’ai besoin d’un peu plus de temps pour le connaître. Le premier mois, je me suis surtout concentrée sur la caisse régionale et sur les équipes. Maintenant va venir le temps où je vais davantage sillonner le territoire, aller dans les agences et, surtout, rencontrer les clients. L’important pour moi ce sont les acteurs économiques du territoire. Ce sont trois départements (Alpes-Maritimes, Var et Alpes de Haute-Provence) très contrastés. La notion de contraste est beaucoup plus forte ici que ce que j’ai pu voir précédemment. Dans les Alpes-Maritimes, il y a cette puissance du littoral avec beaucoup d’urbanisation et une forte dimension touristique. Et c’est un territoire très orienté sur l’innovation, avec la présence de la technopole Sophia Antipolis, qui est un atout considérable. Nous y sommes présents avec le Village by CA, inauguré en 2018 et qui a accompagné 70 startups. La dynamique économique n’est pas la même dans les trois départements et on doit avoir les capacités de s’adapter à ces disparités. Il y a aussi des enjeux de vieillissement de la population et une forte dimension internationale avec la proximité de Monaco et de l’Italie. Enfin, il y a un fort attachement à la satisfaction client, ce qui est le fruit d’une stratégie de long terme menée par mon prédécesseur, José Santucci, et avant lui par Philippe Brassac. Les équipes ici sont très ancrées là-dessus : l’intérêt du client, la loyauté. Nous avons eu près de 60 000 nouveaux clients l’année dernière et en 2025 nous nous attendons à dépasser le seuil emblématique d’un million de clients. C’est une vigilance de chaque instant, cela s’entretient au quotidien.
Il y a, surtout dans les Alpes-Maritimes, une vraie problématique de logement. Que peut faire le CA PCA pour tenter d’y remédier ?
– Catherine Galvez : Nous sommes le premier financeur du logement dans les trois départements, avec 25 % de parts de marché sur l’habitat. Cette problématique de logement est une préoccupation forte. Globalement, 2024 est une année où l’investissement a reculé. Les clients ont eu moins de projets d’investissement étant donné le contexte de taux, l’inflation et l’incertitude politique. Le marché s’est plutôt contracté mais nous avons maintenu notre rôle de premier financeur du logement. Ce qu’on peut faire c’est continuer à accompagner avec la même prégnance tous ceux qui ont le désir d’investir, avec des facilités sur le prêt à taux zéro, par exemple, parce que le Crédit Agricole a un dispositif mieux-disant pour accompagner de manière majoritaire tous les primo-accédants. Nous avons également des enjeux sur la rénovation du logement. La caisse s’est dotée d’offres particulières. Et je pense qu’on peut aller plus loin. Cela fait partie de ma réflexion en arrivant ici, parce que nous sommes plutôt des spécialistes de l’immobilier et je pense que nous avons des choses à faire, en partenariat avec d’autres acteurs. Nous pouvons être beaucoup plus partie prenante pour créer des logements, pour l’hébergement des saisonniers par exemple. Nous pouvons jouer un rôle d’investisseurs beaucoup plus important.
Dans un contexte de crise économique, la transition écologique peut apparaître comme moins prioritaire. Comment faire pour maintenir vos clients engagés dans cette voie ?
– Catherine Galvez : Il faut que l’on soit exemplaires. La caisse régionale Provence Côte d’Azur s’est d’abord attaquée à cette exemplarité sur différents axes, notamment l’immobilier. À Manosque, nous avons construit un nouveau site, beaucoup plus écoresponsable qui répond à un grand nombre de critères environnementaux (voir ci-dessous). Nous avons également refait, en partie, nos deux sites de Draguignan et de Saint-Laurent-du-Var. Nous avons développé des solutions pour mettre à disposition de nos équipes des véhicules plus propres et, dans le cadre d’un projet Vélotaf, des vélos à assistance électrique (voir ci-dessous). Mais pour une banque, sa propre empreinte carbone est relativement faible. Ce qui joue le plus, c’est le financement. Nous avons commencé à travailler sur cinq secteurs d’activité : l’immobilier résidentiel, l’immobilier commercial, l’agriculture et agro-alimentaire, la production énergétique et l’automobile. Pour les particuliers, nous avons déjà quelques offres et nous accompagnons nos clients dans la rénovation de leur logement. Mais je trouve que c’est insuffisant. Le groupe Crédit Agricole s’est doté d’un projet sociétal et nous considérons que les enjeux climatiques et environnementaux sont les plus gros enjeux. Nous finançons l’économie réelle et nous avons une responsabilité dans ce que va être l’économie de demain. Elle doit être beaucoup plus durable, beaucoup plus responsable et cela doit aller de pair avec une croissance et le fait que tout le monde puisse vivre avec des revenus décents. Cette équation n’est pas simple. Il y a beaucoup d’injonctions paradoxales, des problématiques financières, de convictions. La caisse régionale peut aller beaucoup plus loin sur le rôle qu’elle peut jouer dans cette transition.

Un parcours à la fois classique et original
Après des études à Toulouse, Catherine Galvez a réalisé l’ensemble de son parcours professionnel au sein du groupe Crédit Agricole. « J’ai eu la chance de pouvoir y exercer un grand nombre de métiers différents, dans six entreprises du groupe », confie-t-elle. « Provence Côte d’Azur est la quatrième caisse régionale dans laquelle j’exerce après Pyrénées Gascogne, Savoie et Charente-Périgord », déjà, dans cette dernière, en tant que directrice générale. Elle a également exercé en Suisse pendant près de cinq ans. Elle y a dirigé Crédit Agricole next bank, une banque de détail, « une particularité ». « C’est l’une des rares banques de détail étrangères en Suisse, qui est surtout le pays des banques privées et de la gestion de fortunes. C’était un projet très intéressant ». Catherine Galvez a aussi occupé des fonctions au sein de Crédit Agricole SA, l’organe central du groupe, d’abord en tant que directrice adjointe à la direction des risques puis en tant que directrice des relations avec les caisses régionales tout en intégrant le comité de direction. Si elle a trouvé « cet univers très intéressant » il était malgré tout « un peu loin du business » pour elle. « Je préfère être au contact de la clientèle. Ce qui m’a toujours passionné c’est cette capacité à intervenir pour financer les projets de vie de nos clients, avoir une utilité et avoir la capacité d’élargir nos services et nos solutions. Et ce qui fait la différence, c’est la qualité du conseil ».
Mobilités douces et autopartage

Thomas Berettoni, Richard Chemla,
Catherine Barnel
©Crédit Agricole Provence Côte d’Azur
Dans sa volonté d’être exemplaire, le Crédit Agricole Provence Côte d’Azur va poursuivre les inaugurations du dispositif Vélotaf, avec la mise à disposition de vélos électriques pour ses collaborateurs sur tout le territoire, après une première à Saint-Laurent-du-Var le 20 janvier. « Nous étions à Fréjus la semaine dernière, à Draguignan cette semaine », souligne Nathalie Cappello, responsable communication du Crédit Agricole PCA. Les collaborateurs peuvent également avoir accès à des voitures électriques, « via notre filiale Agilauto ». « Et nous avons aussi initié l’autopartage en pays de Fayence, avec les institutionnels locaux, dans le but de permettre à des zones plus reculées de bénéficier de ce service, qui est courant sur le littoral. C’était un pilote pour nous. Ce dispositif va être étendu à Troyes (Aube) et en Bretagne et nous aimerions le déployer dans les Alpes-Maritimes également ».
Nouveau projet d’entreprise
La caisse régionale est « en pleine construction de sa stratégie à horizon 2030 », relèvent Catherine Galvez et Nathalie Cappello. Ce projet, co-construit avec les managers, sera présenté fin juin aux quelque 2 800 collaborateurs du CA PCA ainsi qu’aux 600 administrateurs « qui sont des non-banquiers mais qui sont vraiment associés à nos décisions ». « Ce projet d’entreprise va orienter l’ensemble de nos actions et de nos activités. C’est un vrai cap à donner, avec des axes prioritaires », précise Nathalie Cappello.