Deux mois après, le (...)

Deux mois après, le bilan des intempéries

Samedi 3 octobre, des orages d’une violence inouïe ont dévasté le département des Alpes-Maritimes. L’équivalent de deux mois de précipitations est tombé en 2h avec jusqu’à 175 mm entre 20h et 22h à Cannes. Les mesures d’urgence ont été prises. Deux mois après, la mobilisation humaine et les actions d’accompagnement se poursuivent. L’heure est à la recherche de solutions. Alors que plus de 30 communes du département ont été reconnues en état de catastrophe naturelle nous nous sommes penchés sur le cas de Nice, Cannes, Mandelieu, Valbonne et Biot.

Face aux alertes météorologiques de ce samedi 3 octobre et aux premiers phénomènes d’intempéries, les maires du département se sont rapidement mobilisés. Christian Estrosi, Président de la Métropole Nice Côte d’Azur a pris la décision dès 22h d’activer la cellule de crise municipale pour mobiliser les équipes et coordonner les actions afin de protéger les habitants et maintenir les infrastructures. A titre d’exemple, plus de 83 interventions ont été nécessaires pour le rétablissement de la circulation.
Le Maire de Cannes, David Lisnard a activé pour la première fois dans l’histoire de la ville, le Plan Communal de Sauvegarde pour coordonner les interventions des secours, de la police et des services municipaux afin de sécuriser personnes et biens.
Henri Leroy, Maire de Mandelieu-la-Napoule, l’une des villes les plus touchées par cet épisode météorologique, a fait appel au Département pour obtenir le renfort de FORCE 06 (Force Opérationnelle Risques Catastrophes Environnement des Alpes-Maritimes). Une intervention temporaire et exceptionnelle. Les Sapeurs-Pompiers, ont évacué pas moins de 150 000 m3 d’eau des caves et garages, en un peu moins de 5 jours. Le coût des intempéries est estimé entre 20 et 25 millions d’euros.
Marc Daunis, Maire de Valbonne Sophia-Antipolis, a mis en place une cellule de crise dès le lendemain. Les dégâts causés aux biens de la collectivité s’élèveraient à plus d’un million d’euros et concernent essentiellement la voirie et les réseaux divers mais aussi les vallons et rivières, les infrastructures et les bâtiments…
A Biot, l’eau est montée en l’espace de quelques minutes jusqu’à 1,70m et à plus de 2m dans certaines habitations. La Brague et la Valmasque sont sorties de leurs lits et les vallons des Combes et des Horts ont débordé. Certains quartiers se sont trouvés complètement coupés de l’extérieur. Près de 1000 foyers ont été recensés comme sinistrés et le montant estimé des dégâts matériels liés aux inondations pour la commune s’élève à 5 millions d’euros soit deux ans de budget d’investissement.

Les infrastructures et les accès au département ont été énormément affectés avec l’aéroport de Nice, rendu impraticable pendant la nuit de samedi, 800 personnes ont dormi sur place tandis que celui de Cannes n’a pu rouvrir qu’au bout de 36 heures. Le réseau routier sur l’ouest du département a été touché alors que l’autoroute A8 a été inondée pendant 8 heures, bloquant ainsi plusieurs milliers d’automobilistes. La voie ferrée entre Toulon et Nice, submergée, a contraint 4 000 personnes à dormir dans leur train. Des entreprises ont également été impactées comme la verrerie de Biot, le parc Marineland d’Antibes ainsi que des campings et des commerces situés en rez-de-chaussée. De nombreux bâtiments publics ont aussi été affectés. Mais plus grave encore, la catastrophe a aussi retiré la vie à 20 personnes.

Un accompagnement social et financier

Les services municipaux et départementaux se sont tous mobilisés. Un plan départemental d’urgence a été mis en place et un numéro vert créé. Sept structures sociales départementales proches des lieux les plus touchés ont été mobilisés avec la présence de 102 agents de la Direction Départementale des Solidarités Humaines.
A Cannes, par exemple, plusieurs dispositifs ont été mis en place : une cellule de crise au Centre de Protection Urbain de la Police Municipale, une assistance juridique, une cellule psychologique… Pour poursuivre l’aide aux sinistrés, un numéro vert unique a été mis en place le 4 décembre.
A Mandelieu, 93 familles ont été relogées et 2 200 personnes reçues au service juridique. Rapidement, la solidarité s’est mise en place et la ville a proposé : une aide juridique ; le portage de repas à domicile et des distributions de produits de première nécessité mais aussi une cellule psychologique. Le Maire de Mandelieu-La Napoule a demandé l’exonération totale ou partielle des impôts pour les foyers et commerces sinistrés par les intempéries. Tandis que les titres perdus (carte d’identité, permis de conduire ; passeport…) ont été renouvelés gratuitement.
Les assistantes sociales de la Commune de Valbonne ont immédiatement été mobilisées pour contacter 230 habitants, personnes fragiles, seules ou isolées. Les particuliers et entreprises touchés ont également été contactés. Les groupes scolaires Sartoux et Daudet ont pu ouvrir seulement quelques jours après grâce au nettoyage effectué par les services municipaux, élus, enseignants, directeurs, parents d’élèves et bénévoles.
A Biot, depuis le samedi 14 novembre, le Centre Communal d’Action Sociale de la Ville accompagne les sinistrés dans leurs démarches et apporte aussi un soutien psychologique et des consultations gratuites effectuées par l’ordre des avocats au barreau de Grasse. Guilaine Debras, Maire de Biot, a prévu des réunions publiques « spécial inondations » afin d’informer la population.

Pour ce qui est du soutien financier, la Région a voté un plan d’aide de 6 millions d’euros à destination des sinistrés et l’Assemblée Départementale a voté une enveloppe exceptionnelle de dix millions d’euros pour les habitants, les communes, les entreprises sinistrés et le patrimoine endommagé. Les collectes de dons en faveur des sinistrés se sont multipliées comme un week-end sportif solidaire sur le département ou encore un concert de solidarité donné à Nice. Des distributions de vêtements ainsi que des dons d’électroménager aux sinistrés ont été mis en place à travers tout le département pour faire face à l’urgence.
Les actions de solidarité se poursuivent avec notamment l’opération de crowdfunding de la CCI Nice Côte d’Azur, « INTEMPERIES 06 », pour soutenir les entreprises et commerces sinistrés jusqu’au 31 décembre.

Les travaux d’urgence dans un vallon de Mandelieu-La-Napoule

Se préparer

Aujourd’hui, au-delà de l’accompagnement et de la reconstruction, il s’agit d’envisager des solutions pour encore mieux protéger biens et personnes. L’assemblée départementale a dégagé plusieurs pistes. Les conditions d’intervention des alertes devraient être redéfinies et un plan d’information de la population sur les réflexes à adopter face aux risques majeurs devrait être élaboré. Il a été envisagé de pouvoir déroger aux contraintes environnementales pour débuter ou finaliser les travaux de protection lorsque la sécurité des populations est menacée.

Enfin, la gestion des cours d’eau est au centre des problématiques pour prévenir les inondations. Le département est actuellement couvert par 6 Programmes d’Actions pour la Prévention des Inondations (PAPI).Les rivières qui ont débordé à l’ouest du département font déjà l’objet de plusieurs programmes de ce type qui mobilisent tous les acteurs. Actuellement, 13,8 M€ de travaux ont été réalisés sur le PAPI CASA (Communauté d’Agglomérations de Sophia Antipolis) (2007-2013) qui couvre le bassin de la Brague et les vallons côtiers. Au total, 11,5 M€ sont prévus pour le PAPI 2 CASA (2014-2019), étendu au Loup. Et 4,1 M€ sont prévus pour le PAPI Riou de l’Argentière (2014-2019) sur la commune de Mandelieu-la-Napoule. Le Département a demandé à l’État de réfléchir à l’adaptation des PAPI conçus avec des prévisions en deçà de ces records de précipitations.

Les chiffres de la mobilisation humaine

Sur le département des Alpes-Maritimes dans la nuit du samedi 3 au dimanche 4 octobre, 460 sapeurs-pompiers maralpins, appuyés par 88 renforts des départements voisins et de Marseille, ont été mobilisés. Plus de 1 400 interventions liées aux intempéries ont été réalisées dont 105 hélitreuillages. Plus de 100 forestiers-sapeurs de FORCE 06 ont été déployés sur les communes de Biot (81), Cannes (15) et Antibes (4). Ce sont 20 agents des Parcs naturels départementaux et 80 agents des routes qui ont contribué à enlever les dégâts et rétablir la circulation. Les agents d’ERDF se sont engagés pour rétablir le courant aux 70 000 personnes qui en ont été privées.
Et depuis, les forces mobilisées se sont attelées à réparer les dégâts, remettre en état les routes et soutenir une population en deuil. Au total sur le terrain : 500 sapeurs-pompiers et militaires dont 270 sapeurs-pompiers du SDIS (Service Départemental d’Incendie et de Secours) 06 et des renforts extérieurs (sapeurs-pompiers des SDIS du Var, du Vaucluse, des Alpes de Haute-Provence et des Hautes-Alpes, bataillon des marins pompiers de Marseille, et équipes de l’UIISC7), 100 agents de FORCE 06, 20 agents des Parcs naturels départementaux et 80 agents du service des routes.

Photo de Une : Le personnel mobilisé durant les intempéries a été remercié par le préfet et le président du département le 9 octobre à l’Hôtel du Département © Département06

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