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[DOSSIER] PME- ETI - GRANDES ENTREPRISES : s’adapter, c’est innover

Trois univers, trois articles pour illustrer le rôle incontournable de l’innovation dans les PME-ETI comme dans les grandes entreprises. Zoom sur ERDF qui agit concrètement pour la transition énergétique, sur BNP PARIBAS pour la création de ses pôles « Innovation », et sur ROOF International, qui innove sur le marché du casque moto.

ERDF, au cœur de la transition énergétique

Pour répondre aux exigences technologiques, commerciales et environnementales qui impactent le réseau de distribution public d’électricité, ERDF est historiquement un acteur économique innovant. « L’innovation fait véritablement partie de notre quotidien. La distribution de l’électricité est confiée à ERDF sur 95% du territoire. Nous investissons dans la recherche pour pouvoir faire évoluer la technologie et les méthodes de travail », explique Bernard Mouret, le Directeur régional d’ERDF Côte d’Azur.

Bernard Mouret, Directeur régional ERDF Côte d’Azur ©CM

Etre au top de la technologie pour pouvoir assurer un service de qualité, voilà l’ambition tenue par ce grand Groupe. Le projet Nice Grid en est un exemple concret et proche de chez nous. Basé à Carros, c’est le premier démonstrateur de quartier solaire intelligent. Il faut dire que le choix de l’énergie solaire s’est fait de façon évidente sur la Côte d’Azur…

Intégré au programme européen GRID4EU – destiné à tester des solutions innovantes de gestion de l’électricité et préparer les réseaux intelligents de demain, Nice Grid étudie actuellement différents comportements de consommation sur 7 quartiers solaires : des quartiers résidentiels, tertiaires, industriels. « Ce que l’on teste, c’est le comportement de ces différentes typologies de clients, aux vues des services que l’on peut leur proposer. Quand on fait appel à une énergie renouvelable, on a à faire à une énergie intermittente. Le soleil n’est malheureusement pas le plus brillant au moment où l’on doit prendre sa douche le matin à 7h », nous rappelle M. Mouret. « La problématique des smart grids [réseaux intelligents], c’est d’arriver à faire se coordonner la production d’énergie locale, avec son besoin d’utilisation. Pour cela, nous nous appuyons sur des unités de stockage et des équipements communicants, comme le compteur électrique nouvelle génération Linky. »
Ce compteur communicant permet de mesurer à distance et régulièrement les consommations et les productions d’électricité des foyers, afin d’optimiser la gestion du réseau de distribution électrique.

Au cœur de l’expérimentation, le consommateur devient consomm’acteur

Des clients volontaires, il en faut davantage : c’est le message lancé pour assurer la bonne poursuite de l’expérimentation Nice Grid. « Nous prolongeons l’expérimentation jusqu’en 2016 pour aller plus loin, en particulier sur le lien entre la prévision météorologique et le modèle de stockage ou de déstockage des batteries. Au plus nous recruterons des clients, des industriels, des particuliers, au plus nous aurons un modèle fiable », en appelle Bernard Mouret. « Linky, c’est la première brique des smart grids : c’est véritablement l’interface entre le monde client et le monde réseau. Cette interface est intelligente ; elle engrange des habitudes de consommation, restitue de l’information sur les appels de puissance, autant d’éléments qui vont enrichir des bases de données : on va pouvoir disposer d’informations fiables qui vont alimenter des systèmes experts et modéliser le comportement de tel ou tel type de client. »

Bientôt un « Linky » chez soi

Le compteur communiquant Linky ©DR

Le déploiement des compteurs Linky se fera sur la Côte d’Azur sur les 5 ans à venir (en avance sur le timing national), avec la pose de 10 000 compteurs dans le quartier de Nice Méridia dès le mois de mai 2015. Le lancement officiel en France se fera dès le 1er décembre 2015. Dès lors, 11 000 compteurs par mois seront posés. Et à partir du 1er décembre 2016, 36 000 compteurs par mois. « Nous allons entrer dans une phase d’industrialisation, en marge de nos travaux d’investissement, d’entretien des réseaux, etc.
Bien sûr, on va s’appuyer sur des entreprises partenaires pour faire ces poses, sur nos agents… C’est un des premiers projets innovants qui va nous occuper largement », annonce le directeur. « Ensuite, toujours dans le cadre de la transition énergétique, nous allons continuer à travailler sur l’accueil de toutes les énergies renouvelables (photovoltaïque, éolien, géothermie, etc.) qui forcément nous impactent sur nos réseaux. […] On voit apparaître un peu partout sur le territoire des outils de production locaux qu’il va falloir gérer, pour assurer un équilibre au réseau de distribution. […] Ce projet spécifique vient interroger nos missions de base, qui vont évoluer dans les années à venir. »

Du côté des problématiques de déploiement des véhicules électriques, ERDF devra d’abord adopter un rôle de conseil auprès des gestionnaires des bornes de recharge, que sont les collectivités locales : il faudra trouver les implantations les plus judicieuses, de sorte que le réseau ne soit pas trop impacté, tout en rendant service aux usagers. Développer ce réseau-là et en faire usage, une ambition affichée qui s’appliquera aussi en interne, puisque le développement des véhicules électriques au sein d’ERDF en Côte d’Azur est envisagé par Bernard Mouret.
La transition énergétique est un sujet mondial auquel il est bon de voir que des avancées locales très concrètes existent déjà et intégreront rapidement notre quotidien. Pour concrétiser des sujets comme celui-ci, on voit bien que l’innovation doit être constamment au cœur de l’activité. Sans l’innovation, ERDF ne serait pas le distributeur européen qu’il est aujourd’hui.

Céline Merrichelli


BNP Paribas : des pôles innovation au service des PME

Depuis 2012, la banque BNP Paribas a mis en place, à travers la France entière des pôles innovations. Elle a réaffirmé son engagement et son soutien aux petites et moyennes entreprises en leur apportant des solutions précises et un accompagnement de tous les instants. Nous avons rencontré Stephan Antaramian, Chargé d’affaires du Pôle innovation de BNP Paribas à Sophia-Antipolis, afin de mieux comprendre les différentes caractéristiques de ces pôles.

Stephan Antaramian – crédit photo Céline Merrichelli

BNP Paribas est aujourd’hui la première banque de la zone Euro et la 4ème banque mondiale. Elle est ainsi une banque de référence pour les grandes entreprises françaises (banque du CAC 40). Grâce à une conception très ouverte sur le monde entrepreneurial, elle s’est aussi développée vers les entreprises de petite ou moyenne taille en créant des pôles innovations. Les PME jouent un rôle décisif dans la création d’emploi et la croissance économique française. Elles ont besoin d’un accompagnement bancaire qui nécessite des compétences et savoir-faire particuliers. Pour s’adapter au plus près de ces besoins, BNP Paribas a composé sa propre définition de l’innovation. Elle entend par innovation toutes les entreprises qui présentent une innovation particulière dans leur produit, leur(s) procédé(s), leur mode de commercialisation, leurs techniques de fabrication et/ou leur mode d’organisation dans l’entreprise. L’innovation peut donc être d’usage, sociétale, technologique et marketing.

Pôles Innovation et PME innovantes : l’accord parfait

« Aujourd’hui au nombre de 13, ces pôles seront dès l’année prochaine 14 dans toute la France avec un nouveau pôle en Île-de-France. Toutes les régions françaises seront couvertes par ces pôles innovation », commente Stephan Antaramian. Acteur de tous les jours dans la vie des chefs d’entreprise, ce Chargé d’affaires au pôle innovation de Sophia-Antipolis suit de nombreuses startups. Il a dû se former pour maîtriser l’écosystème de l’innovation : « il faut parler le même langage que ces jeunes entreprises innovantes, avoir le même dialogue. C’est de ça dont elles ont besoin. Quelqu’un qui les écoute, qui les comprend et qui prend le temps. C’est d’ailleurs de ce constat que sont nés les pôles innovations ». En effet, lorsqu’un chef d’entreprise se rendait dans sa banque, il rencontrait son conseiller afin de discuter de ses projets, mais ce dernier sans formation spécifique n’arrivait pas à cerner les différents besoins de son client. « Nous permettons aux jeunes entrepreneurs innovants d’être accompagnés de l’amorçage au développement de leur projet en accédant aux services du centre d’affaire - normalement destinés aux grandes entreprises », explique Stephan Antaramian.

Une aide sur-mesure

A ce jour ce sont plus de 1.500 entreprises qui ont pu bénéficier des aides des pôles innovation en France, dont 300 pour le pôle de Sophia-Antipolis. Un soulagement pour les dirigeants qui ont trouvé une oreille attentive et une assistance sur-mesure. Le chargé d’affaire n’est plus un simple professionnel de l’innovation mais devient un collaborateur. « L’essentiel de mon travail s’effectue sur le terrain pour rencontrer les dirigeants, ce qui les étonne beaucoup. Cet accompagnement ne peut pas se faire par téléphone ou par mail, il faut se rencontrer, se connaître, échanger, c’est très important ».
Mettre en contact les entreprises avec des acteurs économiques, des réseaux spécialisés, des fonds d’investissement sont quelques-uns des principaux objectifs des pôles innovation. Les conseiller et les éclairer sur les levées de fond, les subventions régionales, le Crédit Impôt Recherche et/ou le développement à l’international sont d’autres exemples de solutions proposées par les pôles innovation, sans oublier la recherche de financement qui reste un point essentiel. BNP Paribas est partenaire d’Ulule, 1er site de financement participatif en Europe. Par ce biais du crowdfunding, elle veut aider les entreprises innovantes aux constitutions de capitaux et se destine surtout aux projets n’ayant pas vocation à être financés dans les circuits traditionnels.

Etablir un lien entre PME et ETI

Le 25 septembre dernier, BNP Paribas a présenté son nouvel outil à l’attention des Startups, nommé «  Innov&Connect  ». Ce premier programme bancaire innovant a pour mission de mettre en relation en France, les Startups et ETI (Entreprise de Taille Intermédiaire). BNP Paribas connaît bien les grandes entreprises ; ¾ des 4.000 entreprises de taille intermédiaire sont ses clientes et, comme dit précédemment, plus de 1.500 Startups travaillent déjà avec les pôles innovation. « Ce programme permet aux deux types d’entreprises de se rencontrer. Les Startups ont besoin des entreprises de renom pour accélérer leur développement et commercialiser leur produit. Grâce à « Innov&connect » elles bénéficient d’un réseau conséquent et d’un haut niveau d’expertise. Quant aux ETI, elles sont en demande d’innovation. Elles ont besoin de ces jeunes entreprises vives, agiles et pleine d’idées pour accroître leur croissance et faire évoluer leur modèle économique », conclut Stephan Antaramian.
Pour ce projet ambitieux, deux lieux seront inaugurés au premier semestre 2015 : « We are innovation » à Paris et Massy-Saclay qui permettront donc aux entreprises de se rencontrer dans un lieu dédié. Cette démarche - tout comme les 14 pôles innovation - s’inscrit dans le cadre du plan « BNP Paribas Entrepreneurs 2016 » et plus de 10 millions d’euros ont été investis sur 3 ans.

Paola Di Luca


ROOF International inspire le marché du casque moto

A 17 ans, il déposait son premier brevet. Claude Morin, le créateur de l’entreprise ROOF International basée à Pégomas, a envie « d’inspirer le marché » du casque. Une ambition assumée et tenue depuis plus de 20 ans.

En termes d’innovation, il y a les créateurs et les suiveurs.

Claude Morin, fondateur de ROOF International ©CM

Claude Morin et son équipe font partie de ceux qui inventent et font évoluer le marché. « Nous brevetons beaucoup : on a une vingtaine de brevets à notre actif et des dépôts de modèles par dizaines », illustre ce passionné de sports mécaniques. « L’innovation, c’est un art de vivre. Cela suppose d’être inventif, utile, différent et séduisant dans ce que l’on propose. Ce n’est pas le tout d’inventer, il faut être unique pour mieux se protéger. […] On essaye d’être différent visuellement, techniquement. L’un de nos casques, sorti un an après la création de l’entreprise, a été tellement innovant qu’on le vend toujours : bien sûr, il a évolué mais il reste un produit unique, on a apporté quelque chose de neuf dans un marché qui était partagé entre le casque intégral, le casque jet [sans protection maxillaire] et le casque ouvert : le casque modulable [qui peut passer de l’intégral au jet en quelques secondes] devenait un marché qui se révélait. »

BOXER (best-seller de notre gamme) : 1er casque modulable conçu avec une mentonnière révolutionnaire pivotant à 180°. Copyright : ROOF International.

Des enjeux innovants donc pour cette PME familiale, qui compte désormais une vingtaine de personnes sur place et 200 au Vietnam.

Un choix qui n’était initialement pas celui de Claude Morin, puisqu’en 2005, l’entreprise comptait 150 personnes basées dans le sud de la France et tout était fabriqué localement. Un incendie cet été-là a réduit les locaux et les stocks en poussière. « L’entreprise reposait sur beaucoup de matériel qui était amorti, puisqu’on avait acheté des machines d’occasion, on avait fait de gros efforts, mais souvent c’était du matériel qui n’était pas remboursable aux yeux des assurances… Il était quasiment impossible de redémarrer ici. […] Quand les bâtiments de l’entreprise ont brûlé, il n’y avait pas le choix : on déposait le bilan ou on rebondissait. On a réussi à ne pas faire faillite mais on a été obligé de se recentrer sur notre marché. Avec un développement au Vietnam, on continuait avec le travail manuel. ROOF est resté 2 ans sans chiffre d’affaires avant de redémarrer », se rappelle Claude Morin. « Presque 10 ans plus tard, notre marché leader reste la France et nous exportons. On se bat pour essayer de diversifier les pays dans lesquels nous sommes distribués : les pays de l’est, l’Asie, la Colombie, au Mexique, au Canada, etc. »

Aujourd’hui, une jeune équipe de développement travaille dans les locaux de l’entreprise à Pégomas : « généralement, on part d’une idée maîtresse qui est souvent le brevet et on développe autour. On travaille essentiellement en collégial, j’essaye de ne pas prendre de décisions tout seul. Parallèlement, on travaille en collaboration avec un cabinet d’ingénierie et de design marseillais [qui appartient à sa fille] : quand on a fini de développer le produit, elle crée le vrai produit en 3D et on envoie directement ses fichiers à des moulistes qui les réalisent. » L’entreprise du bassin grassois abrite notamment un petit atelier pour le développement manuel (création des maquettes et prototypes) et un laboratoire pour tester les projets, les systèmes, la sécurité. La présence d’un laboratoire sur place n’exclut pas les tests dans les centres d’essais de l’UTAC, l’Union Technique de l’Automobile, du motocycle et du Cycle. ROOF y a la réputation de concevoir des casques de grande qualité, au-delà des standards imposés pour l’homologation.

Au Vietnam, où Claude Morin se rend régulièrement, « les employés travaillent dans une usine aux normes. Nous finançons une station d’épuration, dans un pays où la pollution est un vrai problème. On fabrique aussi – ça a été un choix – dans un pays qui respecte les règles sociales (SMIC / couverture médicale et sociale / 15% d’augmentation annuelle des salaires ces dernières années). Nous y avons développé aussi notre propre restaurant d’entreprise », explique-t-il.

Le partage d’expérience de cette entreprise nous montre que s’adapter, c’est aussi innover.

Au-delà des moyens mis pour innover purement et simplement sur les produits développés par la marque, le chef d’entreprise doit aussi s’adapter face aux crises que peut traverser son entreprise. C’est un gage de longévité.

Céline Merrichelli

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