Doucement les basses...

Doucement les basses...

Tous les reporters de guerre pourront témoigner que les balles dites "perdues" ne le sont pas toujours pour tout le monde. Témoins gênants, contrariant des intérêts souvent opposés dans un même conflit, la profession paie régulièrement du prix du sang le droit et le devoir d’informer : quatre vingts journalistes tués l’an passé.
Exposés parce qu’aux premières loges. Il n’est donc pas étonnant qu’ils reçoivent parfois un mauvais coup dans une manifestation. L’épisode 23 des gilets jaunes à Paris en a encore donné quelques exemples. Pourtant, le syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation professionnelle, s’est agacée du niveau de violence qui a "frappé" les reporters le dernier week-end. Au point de se demander si la presse n’avait pas fait l’objet de mesures "ciblées" de la part des forces de l’ordre, avec des interpellations musclées, et même des tirs de LBD dénoncés par des témoins, alors que le ministre de l’Intérieur a pourtant assuré que leur usage est exceptionnel, proportionnel et très encadré.
Le SNJ a donc alerté Christophe Castaner sur le traitement supposé réservé à des professionnels de l’information : "Qu’est-ce qui justifie d’interpeller des reporters, si ce n’est pour les empêcher de travailler ? ? Ne bafouez pas l’État de droit. Préfecture de police, respectez la liberté d’informer ? ! " a tweeté l’organisation.
Par ailleurs, les sociétés de rédacteurs de vingt deux médias ont décidé d’apporter leur soutien à Gaspard Glanz, reporter indépendant spécialisé dans les conflits sociaux, placé en garde à vue pendant 48 heures. Selon ses dires, le jeune homme était venu se plaindre auprès de policiers d’un tir de grenade l’ayant visé. N’étant visiblement pas écouté, il s’était laissé aller à un mouvement d’humeur dont on se demande si la gravité justifie qu’il soit désormais interdit de paraître à Paris le samedi et aussi le 1er mai. Donc empêché de travailler, jusqu’à sa comparution devant le tribunal programmée en octobre.
La réponse des policiers au trublion pour un doigt d’honneur, certes déplacé et répréhensible, semble bien disproportionnée par rapport au trouble à l’ordre public apporté par l’activité des casseurs, des incendiaires et autres pillards au visage dissimulé qui ont pu "travailler" pendant plusieurs samedis de suite sans être trop inquiétés sur le terrain...
Pour cela aussi, la réponse doit être proportionnée...

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