Economie du sport : (...)

Economie du sport : rebond attendu après le coup d’arrêt de la Covid

Freinée dans son développement par la crise sanitaire, l’économie du sport devrait réussir à rebondir, portée par une forte demande d’activité physique et par l’essor de nouvelles pratiques

"L’économie du sport commence à peser et existe en elle-même, pas seulement par les subventions publiques et le soutien privé", souligne Alain Tourdjman, Directeur des études et de la prospective du groupe BPCE, deuxième acteur bancaire en France (Banque populaire, Caisse d’Épargne et Banque Palatine), en s’appuyant sur deux études, menées en 2019 et en 2020, par l’observatoire BPCE. "Elle a commencé à développer sa propre dimension de croissance, sa propre valeur ajoutée à la société", a poursuivi le dirigeant au cours d’une conférence de presse organisée par la Caisse d’Épargne Côte d’Azur (CECAZ), le 23 juin dernier. Le président du directoire de la CECAZ, Claude Valade, avait déclaré en ouverture de cette conférence, organisée au Musée du sport de Nice, que "le sport était évidemment un sujet de société et un sujet d’entreprise". Pour Alain Tourdjman, la filière sport est "un secteur extrêmement dynamique" avec une très forte augmentation du nombre d’entreprises sur les dix dernières années, portée par la création de petites entités dans le domaine de l’enseignement. La moyenne est de 11 000 créations par an.

Taux de marge supérieur

De gauche à droite : Grégory Dehorsey (CECAZ), Stéphane Diagana et Gilles Verdure (Paris 2024) pendant la présentation d’Alain Tourdjman (Groupe BPCE) DR S.G

"À échantillon équivalent, elles ont un taux de marge supérieur à la moyenne des entreprises françaises et une croissance du chiffre d’affaires supérieure", a avancé Alain Tourdjman. Il y a en France 360 000 associations sportives (24 % du total des associations en France) et 112 000 entreprises du sport, ce qui représente près de 450 000 emplois. Mais cette belle croissance s’est arrêtée net avec la crise sanitaire. Le sport a été parmi les secteurs les plus sinistrés en 2020 car ses deux fondements, que sont les interactions sociales et la mobilité physique, ont été remis en cause par les mesures sanitaires, selon l’étude réalisée par le groupe BPCE. Les entreprises du sport ont connu un recul de leur chiffre d’affaires de 21 % et les associations ont vu leurs ressources chuter de 30 %. La principale inquiétude des entreprises aujourd’hui est la trésorerie. Près d’un tiers d’entre elles craignent un manque de trésorerie dans les 12 prochains mois.

Besoin de sport

Paradoxalement, cette crise sanitaire, qui a durement pénalisé le secteur, pourrait contribuer à le renforcer dans les années à venir. "Ce qui incite à l’optimisme c’est que cette crise a été l’occasion d’un rebond de la part des entreprises. Elles n’ont pas juste subi le choc, elles se sont aussi transformées. On va sortir d’une crise majeure pour l’économie du sport avec une période où il va y avoir un besoin de sport encore plus fort mais sous des formes différentes et en particulier davantage de sports de plein air, de sports de loisir", prédit Alain Tourdjman. "La filière économie du sport s’intègre dans un univers où la pratique sportive a considérablement évolué. Elle est portée par des tendances sociétales extrêmement puissantes : la volonté de réalisation de soi, le contact avec la nature, la volonté de développer son capital santé". Et les nouvelles pratiques sont moins portées "vers la compétition et davantage vers les loisirs".

La Côte d’Azur a "beaucoup d’atouts"

Pour Alain Tourdjman, la Côte d’Azur est "un territoire qui a beaucoup d’atouts en matière de sport malgré une présence d’équipements publics un peu inférieure à la moyenne" (2,2 % des équipements sportifs du pays contre 3,3 % de la population). Le territoire azuréen accueille plus de 11 000 entreprises du sport et associations sportives, générant près de 12 500 emplois. "L’économie du sport dans le Var est beaucoup plus associative. Dans les Alpes-Maritimes elle est beaucoup plus centrée sur les entreprises marchandes", précise Alain Tourdjman. Il assure que la Côte d’Azur est "l’un des écosystèmes les plus solides de France", avec ses atouts géographiques (le littoral méditerranéen, le massif des Alpes et les métropoles de Nice et Toulon), sa capacité à mettre en valeur ces atouts et la diversité des entreprises dans l’enseignement, dans la vente-location et dans les services aux ménages. Les locomotives de la filière sport du territoire azuréen sont les clubs professionnels de l’OGC Nice et de l’AS Monaco, pour le football, et le RCT Toulon, pour le rugby.

La CECAZ affiche son ambition avec un partenaire de choix, Stéphane Diagana

Stéphane Diagana DR S.G

La Caisse d’Épargne Côte d’Azur (CECAZ), déjà très investie dans le sport, a pour ambition de devenir la banque de référence de l’économie du sport sur le territoire azuréen. Elle a défini six axes prioritaires pour sa Filière économie du sport et santé : l’accompagnement des clubs de sport professionnels (avec des partenariats), l’accompagnement des sportifs de haut niveau (du début de carrière à la reconversion), le sport santé, les sports outdoor (activités de plein air, dont le tourisme sportif), les infrastructures sportives et les JO de Paris 2024. "Le sport outdoor est peut-être le plus gros potentiel aujourd’hui sur notre territoire", relève Grégory Dehorsey, chargé de développement Économie du sport à la CECAZ. "Le sport de plein air, de loisir, est en train de se développer. Il y a énormément d’entrepreneurs qui se lancent pour créer des séjours à thème ou organiser des manifestations. Il y a une vraie richesse au niveau de notre territoire et la Caisse d’Épargne Côte d’Azur aimerait accompagner cette dynamique de développement autour des sports outdoor". En ce qui concerne les infrastructures, Grégory Dehorsey a rappelé que celles de la région étaient parmi "les plus anciennes" et qu’il était nécessaire d’en "rénover beaucoup".
Pour travailler ses six axes prioritaires, la banque va s’appuyer sur l’expérience et sur le savoir-faire de Stéphane Diagana, ancien athlète de haut niveau (champion du monde 1997 du 400 m haies) reconverti en brillant consultant et conférencier sportif en entreprise. Stéphane Diagana, qui était proche de la CECAZ depuis plusieurs années, va accompagner la banque jusqu’en 2024 sur l’ensemble de son projet économie du sport et sport santé. "Le sport a besoin de grandes entreprises à ses côtés. L’économie du sport est un univers hétérogène. Et dès qu’il y a de l’hétérogénéité, il y a de la complexité et je trouve cela très courageux de vouloir avoir cette approche affinitaire vis-à-vis du sport", a déclaré Stéphane Diagana. "Je pense qu’il y a un réel engouement. On l’a senti avec cette période très compliquée que l’on vient de traverser. Il y a une réelle demande et s’il y a une demande, il y a une économie". La CECAZ soutient déjà quatre sportifs de haut niveau au sein de sa "Team Athlètes
CECAZ " : Frédéric Dagée, champion de France de lancer de poids, la nageuse Elodie Lorandi, médaillée d’or aux Jeux paralympiques de Londres, Margot Chevrier, championne de France espoir de saut à la perche et le pongiste Fabien Lamirault, double médaillé d’or aux J.O de
Rio.

Rugby et J.O à l’Allianz Riviera en 2023 et 2024

L’Allianz DR S.G

Le stade de l’Allianz Riviera, qui héberge l’OGC Nice pour les matches de Ligue 1 en attendant, peut-être, la Ligue des champions, sera le théâtre de quatre rencontres de la Coupe du monde de rugby en 2023 (le Pays de Galles contre le vainqueur du tournoi de qualification, l’Angleterre face au Japon, l’Italie contre une équipe de la zone Amériques et l’Ecosse face à une équipe de la zone Asie/Pacifique) et de plusieurs matches du tournoi de football olympique des Jeux de Paris en 2024. "Vous avez la chance d’être territoire olympique", a confié Gilles Verdure, manager attractivité économique, sociale et territoriale du Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. D’autres sites de la Côte d’Azur ont été retenus dans le cadre de l’organisation des JO. "Quinze villes sont actuellement centres de préparation sur les deux départements" (le Var et les Alpes-Maritimes). "La cité des sports de Nice, le palais des victoires à Cannes, la base nautique de Hyères, le palais des sports et le vélodrome de Toulon sont concernés par ces centres de préparation aux Jeux", a-t-il détaillé. Gilles Verdure a insisté sur l’importance de livrer des Jeux "exemplaires, différents des éditions précédentes". Cela se traduit pour les organisateurs par des enjeux environnementaux, économiques et sociaux.

Photo de Une : Le stade Louis-II accueille les rencontres de l’AS Monaco, le meeting d’athlétisme Herculis et a reçu pendant 14 ans la Super Coupe d’Europe de football. DR Direction de la Communication Monaco

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