Économie : Perspectives

Économie : Perspectives "plutôt sombres" pour l’OCDE

L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a dévoilé le 8 juin ses perspectives économiques mondiales pour 2022 (volume 1) marquées par "Le prix de la guerre" en Ukraine.

Croissance ralentie

En se basant sur la projection de juin 2022 par rapport à celle attendue en décembre 2021, la croissance progresse nettement moins dans de très nombreux pays, à l’exception de l’Argentine (en hausse de 2,48 % à 3,57 %), de la Turquie (3,29 % à 3,72 %) et de l’Australie (4,14 % à 4,23 %). La moyenne mondiale passe de 4,46 % à 3,02 %. Pour la France, la projection de croissance annuelle du PIB est désormais de 2,36 %, contre 4,19 % en décembre.

Accélération de l’inflation

Les projections d’inflation explosent, surtout pour la Turquie et l’Argentine qui passent respectivement de +23,9 % (décembre 2021) à +72 % (juin 2022) et de + 44,4 % (en décembre) à 60,1 % (en juin). Le Royaume-Uni (8,8 %), l’Allemagne (+ 7,2 %) et les États-Unis (+ 5,9 %) ont atteint des niveaux inédits depuis 40 ans. L’inflation dépasse les 8 % en Espagne (8,1 %) et frôle les 9 % en Grèce (8,8 %). En France, la hausse des prix est moindre, avec une inflation de 5,2 %.

Guerre et Covid

L’OCDE souligne dans son rapport que les tensions inflationnistes pourraient être plus fortes et plus durables que prévu en raison de la possibilité de « tensions supplémentaires  » liées à la guerre en Ukraine mais aussi de « l’éventualité de nouvelles perturbations des chaînes d’approvisionnement résultant tant de la guerre que de la politique ‘zéro Covid’ de la Chine ».

Exception française

Selon les chiffres de l’OCDE, les salaires réels sont globalement orientés à la baisse, rognant ainsi le pouvoir d’achat des ménages, sauf en France où ils sont en hausse, même s’il s’agit d’une hausse très légère, de 0,2 %. Les salaires réels ne baissent que très peu au Japon (- 0,3 %) et aux États-Unis (- 0,6 %), un peu plus nettement en Allemagne (- 2,6 %) et au Royaume-Uni (- 2,9 %) et de manière plus marquée en Espagne (- 4,5 %) et en Grèce surtout (- 6,9 %).

« Les plus vulnérables »

« Les perspectives économiques sont plutôt sombres  », souligne la cheffe économiste de l’OCDE, Laurence Boone. « La guerre en Ukraine est une tragédie humaine qui a déjà détruit et déplacé beaucoup trop de vies. Elle remet aussi en cause la forte reprise post Covid. L’agression de la Russie a un prix que nous payons tous : les perturbations qu’elle engendre ont fait grimper les prix des denrées alimentaires et de l’énergie, ce qui pèse sur tous mais surtout sur les plus vulnérables  ».

Risques

Le risque qui inquiète le plus l’OCDE est celui d’une crise alimentaire dans les pays les plus pauvres. Ensuite, si la guerre venait à durer longtemps ou à s’étendre, cela pourrait, selon Laurence Boone, «  aggraver la crise humanitaire, saper la confiance des entreprises et des consommateurs et augmenter les prix déjà élevés des denrées alimentaires et de l’énergie. L’investissement et l’emploi pourraient chuter, ainsi que le revenu et le niveau de vie de nombreuses personnes ».

Priorités

« Tout d’abord, il est urgent que la communauté internationale coopère pour éviter une famine : limiter les barrières aux échanges, sécuriser les chaînes d’approvisionnement alimentaire, la logistique de transport et assurer une alimentation abordable pour les plus pauvres. Pour l’inflation, qui vient des chocs d’offre, la politique monétaire ne peut pas grand-chose (…) mais elle peut envoyer des signaux qu’elle ne permettra pas que l’inflation se diffuse plus et augmente encore plus », assure Laurence Boone.

Répartir la charge

«  Le prix de la guerre doit être partagé entre le gouvernement, les entreprises et les citoyens. Cela signifie que la charge devra être répartie entre les profits et les salaires. Et la politique budgétaire doit se concentrer sur le soutien aux personnes vulnérables », relève la cheffe économiste de l’OCDE. « Enfin, il faut bien réaliser que sécurité énergétique et transition énergétique sont un seul et même objectif. Et qu’il est urgent d’avancer ».

Visuel de Une : illustration DR

deconnecte