La goutte (de lait) (...)

La goutte (de lait) de trop qui fait déborder le vase

Le matin, pour vos enfants, un bon bol de chocolat bien fumant au lait produit dans la région de Tchernobyl, ça vous dirait ? En caricaturant un tantinet, cela deviendrait possible en France depuis l’annulation par le Conseil d’état du décret gouvernemental qui imposait - à titre expérimental - d’indiquer l’origine de production du lait sur les emballages.
à une époque où la jeune loi Egalim entend mieux protéger le consommateur en lui garantissant une nourriture de qualité, la haute juridiction administrative, après avoir interrogé la Cour de justice de l’Union Européenne, a jugé que cette information était "illégale" car contraire au règlement commun des 27.
Le conseil d’état a été saisi - de façon sans doute totalement désintéressée, juste pour la beauté du respect du droit - par le puissant groupe laitier Lactalis. Pour inonder les rayons des surfaces de ses produits qui sont "nos amis pour la vie", on se demande bien pourquoi cet industriel et les autres ne tiennent pas spécialement à ce que le consommateur sache d’où vient le lait dont il fait son petit déjeuner.
A moins que poser cette question est déjà y répondre, au moins en partie.
En extrapolant, prétendre qu’il n’y a pas de lien avéré entre le lieu de production (UE ou pas UE) et les propriétés du produit comme l’explique la haute juridiction ne revient-il pas à dire que l’on pourrait cultiver du Côtes de Provence avec des raisins d’Ukraine ? Du camembert de Normandie avec de la crème issue de lait japonais ? Des calissons d’Aix avec du miel de Johannesburg et des melons qui ne seraient pas de Cavaillon ?
Le Premier ministre français, par son décret du 19 août 2016, entendait ajouter une goutte de transparence dans l’information du consommateur dans le domaine alimentaire, pourtant primordial pour la santé. C’était encore trop, à l’évidence. Les lobbies qui sévissent à Paris, comme à Bruxelles dans le cas présent, sont en embuscade. Il faudrait mieux les surveiller, comme finalement... le lait sur le feu.


Nous avons une pensée pour Nicolas Sarkozy. L’ancien président va retrouver en mai (suite au report décidé lundi ) la barre du tribunal correctionnel de Paris pour la désormais célèbre affaire Bygmalion qui avait vu ses comptes de campagne présidentielle de 2012 déraper de plus de 100% (42 millions de dépenses réelles avec un système de fausses factures à la clé, pour 20 millions maximum autorisés par la loi). Il prétend ne pas avoir été au courant et va essayer d’en convaincre le tribunal.
N’ayant passé que huit mois à Bercy en 2004 en qualité de ministre des Finances, il a évidemment manqué de temps pour se familiariser avec les chiffres, c’est bien compréhensible.

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