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Entreprenariales : « Pas assez de courage en France car on ne l’enseigne pas »

Quatre personnalités ont livré leur vision du courage en lien avec le monde entrepreneurial lors de la 24e édition, le 26 juin : Pierre de Villiers, Laura Flessel, Arnaud Montebourg et Pierre Ippolito.

Il a fallu une certaine dose de courage aux visiteurs du matin (5 000 au total sur la journée) pour assister à la première conférence, celle de Pierre de Villiers, ancien chef d’état-major des armées.


Laura Flessel et Morgane Chavanier, directrice générale des Mutuelles du Soleil. ©S.G

À 11h00, le soleil, implacable, n’épargnait pas les tribunes du stade Allianz Riviera, sur la pelouse duquel avait été installée la scène dédiée aux grands échanges de la journée. Mais la parole du général d’armée se fait plutôt rare (malgré ses 150 sollicitations par mois) et sa vision ne peut laisser personne indifférent. Pour le général d’armée, la France doit « se réformer en profondeur rapidement (…) même si nous sommes dans une situation économique et financière difficile ».
Interrogé sur ses secrets quant au recrutement et à la fidélisation de jeunes talents, il a expliqué qu’il y avait quatre mots clés à avoir en tête : la confiance (« qui crée la performance, c’est la base de tout ») ; l’autorité (« un équilibre subtil entre fermeté et humanité ») ; la stratégie (« les jeunes ont besoin de temps long et ont besoin de rêver ») et le leadership. En parlant de ce dernier point,
Pierre de Villiers, auteur de « Qu’est-ce qu’un chef ? » (2018) et de « L’équilibre est un
courage » (2020), a assuré qu’il nous fallait des chefs. « Il y en a marre des gestionnaires et des experts », a-t-il asséné, louant « la capacité à trancher et à décider ». Au sujet du courage, il a affirmé qu’il n’y en avait « pas assez (….) en France car on n’enseigne pas le courage  ».
Le général a parlé de deux niveaux de courage : «  le petit courage, celui du quotidien,
l’inverse de la paresse, et le grand courage, l’inverse de la lâcheté
 ». Et le courage se nourrit avec six valeurs : l’exemplarité, l’authenticité, l’enthousiasme, l’humilité, l’ouverture aux autres et l’équilibre.

« Du courage et du culot » 

Également invitée à s’exprimer sur ce thème : Laura Flessel, ancienne escrimeuse, plusieurs fois médaillée aux Jeux Olympiques, ancienne ministre des Sports, aujourd’hui entrepreneure. Revenant sur son parcours de sportive de haut niveau, elle a confié qu’elle avait été «  propulsée par le travail acharné et par la répétition  ». « Il faut du courage et du culot, a-t-elle expliqué. Et à 30 ans, on peut être championne, maman et cheffe d’entreprise ». Mais il faut aussi selon elle « avoir le courage d’affirmer ses faiblesses  ».

Pierre Ippolito et Arnaud Montebourg ©S.G

Les derniers à s’exprimer sur le courage ont été Arnaud Montebourg et Pierre Ippolito. L’ancien ministre du Redressement productif a d’abord décrit un tableau peu reluisant de l’économie française : « Nous ne produisons presque plus rien de nos besoins. Nous sommes en situation de dépendance. Nous ne travaillons pas assez ». Il va falloir selon lui que les dirigeants, actuels et à venir, aient le courage d’investir abondamment dans le secteur industriel, afin de relocaliser, et d’arriver ainsi au niveau de l’Espagne (environ 15 % du PIB pour la production industrielle).
Pierre Ippolito a regretté qu’il n’y ait « aucune stratégie économique. Aujourd’hui, il nous faut un cap clair. On doit faire des choix courageux pour revaloriser le travail ». Le problème pour Arnaud Montebourg vient du fait que «  nous n’avons pas de système politique en état de marche. C’est la haute fonction publique qui décide, avec une inflation de normes en tous genres  ». L’ancien ministre socialiste a salué l’initiative de l’UPE 06 avec son dispositif Boost Côte d’Azur qui permet de financer les entreprises pour les aider à faire de la croissance externe. « Faire du financement local sur le local  », a souligné Pierre Ippolito. « C’est exactement ce qu’il faut faire  », a applaudi Arnaud Montebourg. « Le sujet c’est comment on recrée de l’activité pour être de plus en plus nombreux à travailler. »

Photo de Une Jean-François Puissegur, de l’UPE 06, et le général Pierre de Villiers. ©S.G