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ESS : MicroDon met la générosité à l’heure du XXIe siècle

Une jeune entreprise de l’économie sociale et solidaire, MicroDon, propose de rénover la pratique du don : il s’agit de verser des micro-sommes, à diverses occasions de la vie quotidienne.

Après Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, posant dans sa marinière « made in France », c’est Benoît Hamon qui a donné de sa personne. En septembre, sous l’œil des caméras, le ministre de l’Economie sociale et solidaire (ESS) s ’est rendu dans un supermarché pour arrondir à l’euro supérieur sa facture d’achats, au profit d’une association locale. Le dispositif « de l’arrondi », qu’illustrait cette démarche, a été présenté dans sa globalité, le 30 octobre, lors de la conférence de lancement de MicroDon, entreprise sociale et solidaire, à Paris. Concrètement, il s’agit de proposer aux individus d’effectuer des dons de quelques centimes d’euros, à divers moments de leur vie quotidienne, comme lors d’un passage en caisse, de la réalisation d’opérations bancaires ou d’achats en ligne.

Un dispositif de « générosité embarquée », commente Pierre-Emmanuel Grange, l’un des deux co-fondateurs de l’association. A la base, « les Français sont généreux », note Olivier Cueille, l’autre co-fondateur. Ils donnent entre 2,5 et 3,5 milliards d’euros, par an. Mais aujourd’hui, une bonne partie de cette solidarité est le fait des plus de 60 ans et elle s’effectue… par chèque. « Cet usage va évoluer significativement (…), On pense que se dessine une nouvelle générosité. Les outils qui permettent de collecter des dons vont évoluer dans les années à venir », estime Olivier Cueille. Le dispositif qu’ils promeuvent, celui du micro-don prévoit, par exemple, qu’au supermarché, le client demande volontairement à ce que sa facture soit arrondie à l’euro supérieur, voire augmentée d’une somme plus consistante. Ce montant est adressé à un fonds de dotation qui va ensuite le redistribuer auprès d’antennes locales du Secours Populaire, par exemple.

Partenariats très stratégiques

Déjà, une trentaine d’enseignes Franprix ont mis en place le dispositif, à Paris, et recueilli environ 12 000 euros. D’ici mars 2014, 280 magasins seront équipés, promet Jean-Paul Mochet, directeur de l’enseigne Franprix. Il espère que MicroDon fera « quelque chose de similaire aux Restos du cœur ». D’autres enseignes de la distribution alimentaire et spécialisées devraient rentrer en phase pilote, l’an prochain. Autre moment de la vie quotidienne, où le « micro-don » essaie de se glisser : le service bancaire. Par exemple, un client peut choisir d’arrondir le total de son relevé bancaire mensuel par un micro-virement, qui peut aussi être abondé par un petit montant facultatif. Ce dernier peut, à son tour, être augmenté à l’initiative de la banque. Dans ce domaine, c’est avec BNP Paribas que l’association a mis sur pied un partenariat. L’établissement disposait déjà d’un dispositif cousin, « Simplidon », qui permettait aux clients de faire un don à une sélection d’associations, au moment de ses échanges avec la banque. Les deux outils vont donc se fondre.

Au sein des entreprises, le micro-don peut donner lieu à une « co-solidarité. Le salarié donne, l’employeur aussi. Ensemble, ils exercent une responsabilité sociale », explique Elisabeth Hugot, directrice commerciale chez MicroDon. C’est le principe de l’arrondi sur le bulletin de salaire, qui passe par un site Internet personnalisé aux couleurs de l’entreprise concernée, interfacé avec ses logiciels de paie, et qui délivre aux salariés un reçu fiscal. « Aujourd’hui, une trentaine d’entreprises sont entrées dans le dispositif », note Elisabeth Hugo. C’est le cas par exemple du cabinet de conseil Accenture. Pour mettre en place ce dispositif, outre convaincre les entreprises, MicroDon a également dû se rapprocher des éditeurs de logiciels professionnels de gestion et des ressources humaines. Certains, dont Sage, l’un des plus importants, ont accepté de mettre en place l’arrondi dans la version standard de leur logiciel. « Cela représente une énorme perspective de développement », se réjouissent les co-fondateurs de MicroDon, qui escomptent que d’ici la fin 2013, une dizaine d’entreprises en plus participeront. Voire une cinquantaine sur 2014 et 2015.

Dernière déclinaison, l’arrondi pourra aussi se pratiquer en ligne. Aujourd’hui, c’est possible sur « Alloresto ». Le site avait déjà noué un partenariat avec « Action contre la faim » il y a dix-huit mois, et collecté environ 37 000 euros de la sorte. « MicroDon s’inscrit dans notre démarche solidaire et sociale », témoigne Sébastien Forest, le fondateur du site. Comme pour la démarche en entreprise, pour concrétiser le dispositif, MicroDon a dû convaincre les acteurs du back office : ici, il s’agit des prestataires spécialisés dans le paiement en ligne, sur lesquels s’appuient les acteurs du e-commerce. L’un d’eux, PayZen, qui sert 20 000 e-boutiques, a dit oui et modifié ses applications et ses interfaces, pour proposer au consommateur d’effectuer l’arrondi, sans complexifier sa démarche.

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