Et à la fin, c'est la (...)

Et à la fin, c’est la cause féminine qui gagne...

N’étant pas un grand connaisseur de football, qu’il soit masculin ou féminin, je confesse volontiers qu’avant le récent championnat du monde je n’avais jamais entendu parler de l’Américaine Megane Rapinoe... Mais après un mois et demi de compétition, j’ai maintenant l’impression de l’avoir toujours connue. Comment cela se peut-il ?
Par le poids des mots des commentateurs de la télévision, qui ont rivalisé de superlatifs pour la joueuse. Par celui des images et des gros plans, qui me l’ont rendue "intime" au même titre que Zizou ou Killian M’Bappé. Et c’est ainsi qu’après les matches retransmis auxquels elle a participé - qui totalisent bien plus d’heures sur le petit écran que la parole accordée à nos présidents de la République, ministres et opposants - la sportive est devenue une star mondiale, comme Madonna et Beyoncé.
Bien sûr, elle a tout fait pour s’installer dans "une image iconique", comme diraient les publicitaires. Sur le terrain, son talent est indiscutable. Sur la touche, son franc-parler attire les micros puisque, grande gueule, elle dit haut et fort le mal qu’elle pense de Donald Trump en utilisant la même
rhétorique binaire et brutale que lui. Tout cela est bon pour l’audimat.
Enfin, son image est aussi assurée par une couleur capillaire pourtant assez proche de l’accident industriel. Combien de petites filles, à la rentrée, auront une coiffure métallisée pour imiter leur idole ?
Pendant ce Mondial, les footballeuses auront donné une image extrêmement positive de leur sport, devenu agréable à regarder par la beauté du jeu, la technique, et un engagement physique qui ne va pas jusqu’à truquer, se rouler par terre. Pas d’insultes, pas de sextape, pas de joueurs qui refusent de sortir du bus : bol d’air frais sur le terrain vert !
Qu’ils soient amateurs ou professionnels, désormais les clubs ne peuvent plus ignorer le foot féminin. Car les gamines ont trop longtemps été hors-jeu des terrains, et ont dû apprendre à dribbler bien des difficultés pour pouvoir revêtir maillots et crampons. La femme est aussi l’avenir du foot...
Tout cela au moment où l’on semble enfin se préoccuper sérieusement des "féminicides", mot entré dans le langage courant. Nous n’en sommes qu’au début de la "partie" et le score est déjà élevé : 76 femmes tombées sous les coups de leurs proches depuis le début de l’année, ici, en France. Comme le cancer ou la sécurité routière, c’est à l’évidence une grande cause nationale qui doit mobiliser tous les moyens de l’État (police, justice), des départements et communes (services sociaux).
Et des citoyens, qui doivent partout s’engager - entourage, entreprise - pour faire cesser cette barbarie.

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