Faut-il lâcher du mou (...)

Faut-il lâcher du mou pour contenter le noyau dur ?

Il en est des manifestations comme de certaines pièces de théâtre : on a parfois hâte que le rideau tombe. Joué ce week-end, l’acte VIII des gilets jaunes a certes attiré moins de participants que les trois premières "éditions", mais la pression est encore loin d’être retombée.

Finalement, Emmanuel Macron aura lâché beaucoup plus que ce qu’il n’espérait en restant incompréhensiblement silencieux pendant les trois premières représentations de cette pièce qui, pour être jouée sur les grands boulevards, n’a pourtant rien d’un vaudeville. Quelques dizaines d’euros par
ci pour des smicards, quelques centimes sur le diesel par là. Et pour tout le monde un déficit qui fera encore sortir en 2019 la France de ses engagements européens.
Le paradoxe, c’est que le fond des revendications des gilets jaunes est encore loin d’être atteint :
- La suppression de l’ISF n’a pas été remise en cause par le gouvernement alors que cet impôt est ressenti comme une injustice criante par ceux qui n’y sont pas assujettis. Le "retour" possible de la taxe d’habitation pour les 20% des contribuables les plus riches sera t-il perçu comme une juste compensation ?
- Les pensions de retraite n’ont pas été réindexées sur le coût de la vie. Leur "pouvoir d’achat" continuera donc à être grignoté par l’inflation.
- Le "grand débat" promis intéressera t-il l’opinion. Fera t-il passer à la trappe le référendum d’initiative citoyenne réclamé par les plus radicaux ?

Une part non négligeable des gilets jaunes reste désormais à la maison. 50 000 manifestants comptabilisés le week-end dernier sur toute la France, c’est finalement assez peu (il y a déjà eu dans notre pays des démonstrations dépassant largement le million de participants). Il serait intéressant de savoir si ceux qui ne portent plus la tenue fluo se contenteront des "avancées" annoncées par le président. Ou s’ils sont rebutés par les débordements d’une minorité violente, et agissant hors de tout contrôle.
En tous cas, une frange d’irréductibles s’est "radicalisée" en installant aux carrefours des "jungles" construites avec des palettes, chauffées avec des braseros.
Contrairement aux catégories de salariés descendant habituellement dans la rue, ils ne sont pas prêts à arrêter cette "grève" car, justement, ils n’ont pas de boulot, guère d’espoir d’en trouver, et donc rien à perdre. C’est une situation dangereuse. On a plusieurs fois frôlé la catastrophe lors de
récents débordements.
Faudra t-il encore lâcher du mou pour apaiser la frange la plus dure ?

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