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Faut-il rajouter 100 milliards au plan de relance ?

Et si la France devait s’endetter encore davantage pour faire face à la crise ? C’est la position plutôt surprenante défendue par plusieurs think tanks d’économistes sérieux dont l’OFCE (Observatoire Français des Conjonctures Economiques). Ils estiment que le plan de relance de 100 milliards déjà sur la table ne sera pas suffisant pour que la machine retrouve sa vitesse de croisière et qu’il convient de le doubler sur dix ans pour provoquer le choc attendu.

Pour réaliser cette proposition, il faudrait à nouveau faire appel à l’emprunt, ce qui fait hurler les partisans de l’orthodoxie financière. Depuis une vingtaine d’années, ils n’ont eu de cesse de dénoncer le niveau d’endettement de la France qui atteindra les 120 % du PIB (Produit Intérieur Brut) et dont les intérêts sont une charge certaine sur les finances du pays. Ils dénoncent cette vision de « l’argent magique » sorti d’on ne sait où qui viendrait soulager tous nos mots.

Si la politique de désendettement a été suivie, non sans difficultés, au début du quinquennat, elle a soudainement été stoppée dans son élan par le soutien aux entreprises et à l’emploi rendu nécessaire par cette crise sanitaire. Mais l’OFCE et d’autres considèrent qu’aujourd’hui il n’est plus pertinent de juger de l’endettement par rapport au PIB. Parce que les paramètres ont changé et que la France emprunte maintenant à taux (très légèrement) négatifs. Autrement dit : elle remboursera moins que ce qu’elle a emprunté. Les experts affirment donc que le coût de la dette est plus important que son montant. Ils illustrent leur position en rappelant qu’en 1997, époque avec de très forts taux d’intérêts, notre pays payait 45 milliards d’intérêts ce qui représentait 60 % du PIB, alors que l’année prochaine nous ne paierons « que » 22 milliards d’intérêts pour un PIB à 120 %.

Il ne fait pas de doute que la France ne peinera pas à se financer sur les marchés internationaux. Ses derniers appels ont été bouclés en un temps record, preuve de la confiance des investisseurs dans la résilience de notre pays. Et parce qu’il est moins que certain que la croissance (espérée) ne sera pas suffisante pour financer la relance.

Alors réinjecter 100 milliards supplémentaires sur dix ans pour moderniser nos infrastructures et favoriser la recherche est une solution tentante.
Il ne reste qu’à espérer que cette vision est juste et que… les taux ne remonteront pas.

Lire le rapport de Xavier Ragot PAR ICI

Photo de Une DR

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