Grand Débat : "les maires

Grand Débat : "les maires en sont les facilitateurs, en aucun cas les organisateurs"

Cela s’appelle mettre les points sur les "i" : mardi dernier, les maires des Alpes-Maritimes ont tenu une conférence de presse pour préciser les modalités de leur participation au grand débat national. "Nous sommes des facilitateurs, mais en aucun cas nous n’en sommes les organisateurs. Ce n’est pas de notre compétence d’élu local" a résumé Honoré Colomas, président de l’association des maires azuréens, entouré de l’ensemble de son bureau.

Derrière cette prise de position carrée, il y a une amertume à peine dissimulée. "Déjà en septembre, bien avant les gilets jaunes, nous sentions la colère monter et nous avons alors tiré la sonnette d’alarme" rappelle Jean-Paul David (Guillaumes, président des maires ruraux). Mais nous n’avons pas été entendus".
Pire, certains ne cachent pas comme Denise Leiboff, premier magistrat de Lieuche, avoir ressenti "du mépris" de la part de l’État pour les élus locaux." On n’a pas été entendus, cela a empiré avec les années". Gérard Lombardo (Le Rouret) enfonce le clou : "le grand débat est utile pour les instances gouvernementales, mais pas pour les maires, qui connaissent les besoins de leurs administrés parce qu’ils sont tous les jours à leurs côtés". Et Gérard Manfredi (Roquebillière) d’estimer que "les Français aiment leurs communes alors que l’État veut supprimer les pouvoirs des maires. J’ai bien peur qu’avec ce grand débat on fasse semblant d’écouter les gens et je ne vous cache pas que je suis assez pessimiste pour la suite".
Beaucoup d’élus sont désabusés au point que plus d’une dizaine d’entre-eux ont déjà rendu leurs écharpes tricolores. "Le préfet a deux mois pour refuser leur démission, pendant ce temps, on essaie de les regonfler comme on peut" confie Honoré Colomas. Ce qui est sûr, c’est que beaucoup jetteront l’éponge en 2020, épuisés, écœurés de n’être pas considérés au moins "a minima".

Les effets pervers de la réforme territoriale

Pour Jean-Paul David et pour ses collègues, il y a maintenant un abysse entre l’administration centrale et les maires. La dernière réforme territoriale - qui a instauré partout des cantons de 40 000 habitants, a eu pour effet de baisser encore la représentativité de la ruralité. Là où il y avait plusieurs cantons, et donc plusieurs conseillers généraux qui habitaient sur le territoire, il n’y en a plus qu’un seul. "Et qui ne sert à rien parce qu’il habite en ville" tranche Gérard Manfredi en prenant l’exemple de celui de Tourrette-Levens, devenu une énorme zone géographique (des portes de Nice au col de la Bonette).
"Cette nouvelle organisation fait que les services publics vont encore s’éloigner parce que l’on dira qu’il faut tant d’habitants pour qu’il y ait une gendarmerie, un collège etc. Cela va contribuer à accentuer les inégalités, à renforcer les déserts humains" poursuit Jean-Paul David.
Les maires ont pourtant tendu la main aux instances en prenant l’initiative d’ouvrir des cahiers de doléances. "Je pense que Macron a été soulagé de cette initiative. Mais, pour le grand débat, dont il a déjà choisi les réponses aux questions, qu’il se débrouille" ajoute un autre élu sous couvert d’anonymat.

Photo de Une : Honoré Colomas entouré de nombreux Maires des Alpes-Maritimes venus présenter en conférence de presse les modalités de leur participation au grand débat national. (DR JMC)

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