IBM nous prépare un (...)

IBM nous prépare un nouveau monde !

L’intelligence artificielle se développe à Nice-Ouest et Sophia Antipolis chez le géant informatique IBM. Frédéric Allard, parle des conséquences de cette nouvelle révolution.

Quelles sont les activités d’IBM ?

Elles ont beaucoup évolué. Il y a encore dix ou quinze ans, nous faisions surtout du produit, alors qu’aujourd’hui nous sommes centrés sur les services et les transformations digitales. Ici, à Nice, nous supportons les environnements informatiques de nos gros clients (banques, assurances, grande distribution, énergie, secteur public, etc.), une équipe fait du support réseau dans des environnements complexes d’interconnexions entre entreprises. Nous avons aussi un "centre de solutions" pour les différents métiers de nos clients. Les technologies de l’information vont impacter la transformation des métiers par de nouveaux points d’entrées.

Vous avez aussi de la R&D ?

Frédéric Allard (JMC)

Oui, pour le développement des composants électroniques qui se trouvent dans nos gros ordinateurs. À Sophia Antipolis, nous avons une équipe de cent personnes qui travaille le développement de logiciels de prise de décision, le cœur de notre stratégie.

Ces nouvelles technologies seront-elles accessibles à chacun ou réservées aux spécialistes ?

En réalité, elles sont déjà utilisées par le grand public, mais souvent on ne s’en rend pas compte. Beaucoup voient le futur en se disant "ça va changer quelque chose demain" alors que tout a déjà changé depuis plusieurs années ! Ne serait-ce qu’avec l’avènement du smartphone, première pierre dans le jardin de l’intelligence artificielle. Avec ces appareils, chacun de nous a dans sa poche un ordinateur bien plus puissant que ceux embarqués sur la fusée Apollo de la mission lunaire. Quand vous pianotez "je veux aller dans tel restaurant", le système va déjà vous dire "voilà la route à suivre, voilà où vous pourrez stationner..." C’est déjà de l’intelligence artificielle pour tous.

Comment ces technologies vont-elles évoluer ?

Nous intégrons de plus en plus de capacités : plus les technologies vont apporter de solutions, plus il y aura d’interconnexions. Et plus cela donnera d’idées aux utilisateurs, qui vont demander par exemple davantage d’informations sur la météo, de se connecter avec les horaires d’avions ou les difficultés de circulation liées aux grèves, etc. Tout cela est possible. Par exemple, des villes veulent mettre à disposition des voitures électriques à la population, alors des startups apparaissent pour gérer la flotte. Tout cela créée de nouveaux business models, qui vont générer de nouveaux besoins technologiques qui feront que l’utilisateur deviendra lui même acteur de ce système interconnecté.

Tous les métiers seront-ils impactés ?

Cette évolution peut faire peur. Mais elle offre aussi un formidable ensemble d’opportunités pour les métiers qui, tous, seront chamboulés. Savez-vous par exemple que 85% des métiers des années 2050 n’existent pas encore aujourd’hui ? L’accélération des technologies vécue ces quinze dernières années va désormais se produire sur trois ans. Tout va aller très vite. Pire ? Mieux ? Je pense sincèrement que si leur usage est maîtrisé par l’individu, nous aurons grâce à elles les moyens de faire des choses positives.

La justice prédictive ?

Analyser des milliers de textes n’est pas très compliqué pour les ordinateurs. Il ne faut pas croire pour autant que l’on est en train de remplacer les avocats par des robots. La technologie complète, aide, en allant chercher plus vite que l’homme toutes les failles, toutes les incohérences contenues dans les textes que la machine va repérer par recoupements. L’exploitation de ces informations restera du domaine de l’humain.

Mais des métiers sont appelés à disparaître...

C’est vrai : des tâches, et non pas des rôles, pourront être automatisées et réalisées par des machines. Un exemple que je donne souvent, c’est celui des startups américaines qui analysent la situation pour un PV de stationnement afin d’aider le client à contester son amende. De la même façon, de nouveaux usages et métiers vont se créer.
La législation et les règlements vont jouer un rôle déterminant dans ce nouveau monde...
Du point de vue réglementaire, la CNIL veille au grain. Mais il suffit de trois minutes pour contourner un texte qui aura demandé deux années de discussions avant d’être adopté... Arrive maintenant une obligation (en mai 2018) pour toutes les entreprises, celle d’être en mesure de prouver qu’elles maîtrisent les données personnelles dont elles ont connaissance. Des sanctions significatives sont prévues...

L’homme restera t-il toujours le maître de la machine ?

C’est un grand débat. Il faut garder la maîtrise du système par l’humain. Cela demande de la prise de conscience et des investissements. On arrive à sécuriser, à maîtriser par la réglementation et par la technique. Par exemple pour les smart grids, le système est architecturé de telle manière que l’on ne peut pirater un morceau de la chaîne sans que les autres intervenants soient au courant.

Photo de Une : une vue des bureaux open spaces des nouveaux locaux d’IBM à Nice où se prépare le futur ! (PB)

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