Il ne faut pas décevoir

Il ne faut pas décevoir Quasimodo et Esméralda

"Non, nous ne dissimulerons pas cette émotion profonde et sacrée. Il y a là des minutes, nous le sentons tous, qui dépassent chacune de nos pauvres vies. Paris, Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé..." Ces phrases, prononcées devant l’Hôtel de Ville par le général de Gaulle le 25 août 1944, résonnent aujourd’hui d’un écho tout particulier, alors que l’incendie ayant ravagé l’un des monuments les plus emblématiques de notre capitale aurait pu inspirer à Victor Hugo un nouveau chapitre à Notre-Dame de Paris...
Tel le Phénix, elle renaîtra de ses cendres, cela ne fait aucun doute. Peut-être même, devant l’ampleur du chantier, faudra t-il davantage de temps que les cinq années fixées par le président pour reconstruire sa flèche effondrée et sa toiture partie en fumée. Si tel est le cas, tant pis : l’important, c’est que Notre-Dame de Paris retrouve sa superbe, que les croyants puissent à nouveau se recueillir dans ce haut-lieu de leur foi. Que les touristes du monde entier se photographient encore et encore devant ses tours et sa grande rosace. Que Quasimodo et Esméralda, passagers clandestins du grand navire de pierre et de cristal amarré à l’Île de la Cité, sèchent leurs larmes et continuent à hanter notre imaginaire.

La grande Histoire qui fait la légende des siècles ne retiendra évidemment pas que cette catastrophe a forcé Emmanuel Macron à reporter une intervention télévisée importante, dans laquelle il allait annoncer les principales mesures envisagées pour sortir de la crise, et sur laquelle il comptait pour enfin reprendre la main. Du coup, l’effet de surprise calculé et espéré a fait "pschitt". Les petits secrets avaient pourtant été bien gardés, mais à peine les fumées dissipées dans le ciel de Paris, que les journaux annonçaient déjà la réindexation des retraites inférieures à 2 000 euros, une réflexion sur l’ISF après 2020, les dispositions sur les référendums etc. L’Élysée devra donc élaborer une nouvelle stratégie de communication pour espérer clore le (trop long) chapitre gilets jaunes.
Dix millions. Cent millions. Deux cents millions… Sans même attendre que les cendres soient retombées, ni que les avantages fiscaux liés aux dons soient bien "calés", de grandes fortunes à titre personnel et de grandes sociétés ont annoncé sortir leurs chéquiers pour participer à la reconstruction de ce bien commun à toute l’humanité. Cette mobilisation spontanée fait du bien. Comme elles, des milliers de gens vont participer, à la hauteur de leurs moyens, à cet effort national. Cela me fait penser à l’élan de générosité créé autour de la petite église de Marie, dans la vallée de la Tinée, qui a vu depuis le printemps dernier des dons affluer pour sauver un patrimoine, certes modeste, mais indispensable à la centaine d’habitants du
village.
Lorsqu’il est touché au cœur, le public sait répondre. Cela passe par le "consentement à l’impôt" ou, dans le cas présent, au don. Que cette nouvelle épreuve permette aux Français de se retrouver, eux qui donnent souvent, à tort ou à raison, l’impression de ne plus s’aimer et de ne plus vouloir partager un destin commun en se réfugiant dans les égoïsmes.
Il ne faut pas désespérer davantage Quasimodo et Esméralda !

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