Jean-Pierre Savarino (...)

Jean-Pierre Savarino : "développer les partenariats avec le privé"

Malgré les ponctions budgétaires par l’État, la CCI territoriale poursuivra ses missions au bénéfice des entreprises, mais en ciblant davantage ses actions.

Un petit bilan de l’année 2018 pour l’économie du département...

L’année 2018 a été agitée sur la fin. L’économie des Alpes-Maritimes en a diversement subi les conséquences : assez peu à l’extrême Ouest ou à l’extrême Est, mais beaucoup plus dans le secteur antibois, sur celui de Cagnes-sur-Mer ou de Nice Saint-Isidore. Certains commerces ont accusé une baisse de - 40% de leur CA, ce qui ne sera pas sans conséquences sur les plus fragiles. Actuellement, des indicateurs nous font penser que la situation continuera à être compliquée pendant quelque temps.

Les finances des CCI ?

C’est pourquoi nous considérons qu’il est incohérent que le gouvernement nous demande d’être plus performant tout... en nous enlevant des moyens. La Loi de Finances a décrété une ponction de 100 M€ en 2019 sur les ressources des CCI, et la même somme est prévue pour 2020. Rappelons que cet argent est prélevé sur les cotisations des entreprises... Au niveau national, nous estimons que les chambres seront obligées de procéder à environ 5 000 licenciements.

En ce qui concerne celle de Nice ?

Cette année, on va nous prélever 2 M€, et en quatre ans on va nous enlever 8 M€ sur un potentiel de 12 M€. Il sera difficile dans ces conditions de maintenir le niveau et le volume de nos prestations. Contrairement à d’autres chambres, la nôtre peut s’organiser pour faire face à ce retournement de situation.

Comment cela ?

Nous avons déjà travaillé pour minimiser nos dépenses. Cela est passé par de nouvelles méthodes d’organisation, par un contrôle de gestion non pas a posteriori mais en anticipant sur le suivi des temps de travail, les coûts... Cette stratégie a permis de dégager des pistes de pérennité. Nous allons réduire le nombre de nos actions, cibler les besoins sur le plus grand nombre des entreprises, et confier au privé les tâches que nous n’avons plus les moyens d’assurer.

Concrètement ?

Nous sommes déjà passés de 145 produits proposés à une quarantaine. Nous allons développer des activités de gestion, de formation, des partenariats avec le privé pour continuer à être actifs pour l’économie locale. Les difficultés, c’est le lot quotidien des chefs d’entreprise, on va se battre.

Des partenariats avec le privé, dans les ports par exemple...

Pour le Port Vauban d’Antibes, nous avons réussi avec nos partenaires une augmentation de capital de 25 M€ pour financer les investissements. Nous sommes sereins sur ce dossier, la DSP n’est pas remise en cause. On étudie aussi de près le dossier du port de Beaulieu. Nous n’avions pas répondu au précédent, car il était trop encadré, mais aujourd’hui tout est possible, il y a du potentiel.

La CCI tire une grande part de ces recettes d’activités ?

Dans l’histoire de notre CCI, beaucoup de grands projets qui sont aujourd’hui des réussites incontestables ont été déficitaires au départ : l’aéroport, la technopole de Sophia, la Skema Business School etc. Il faut du temps, mais nous savons faire. Nos finances ne dépendent que de 15% de la fiscalité. Nos recettes sont produites par nos actions, nos investissements.
À l’époque, personne ne voulait de la gestion de l’aéroport de Nice qui a reçu cette année plus de 14 millions de passagers, et qui continue à se développer...

Des craintes avec le Brexit ?

Il n’aura que des impacts positifs sur l’économie locale. Des entreprises américaines installées en Grande-Bretagne nous ont contactées pour se
relocaliser sur la Côte d’Azur.

Propos recueillis par
Jean-Michel CHEVALIER

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