Jérôme Viaud : « Environnem

Jérôme Viaud : « Environnement, économie et enseignement sont indissociables »

À l’occasion de l’inauguration de l’hôtel d’Entreprises GRASSE BIOTECH ce vendredi 15 juin, Jérôme Viaud fait le point avec nous sur le projet de territoire de la CAPG. Il veut trouver sur le territoire de la Communauté d’agglo du Pays de Grasse le juste équilibre entre le développement économique et la défense de l’environnement.

Quelles sont les lignes directrices du projet de territoire de la CAPG ?

Notre projet de territoire sur la communauté d’agglo du Pays de Grasse (CAPG) a été construit avec les habitants. Nous avons organisé sept réunions publiques dans les communes de notre territoire. Des lignes de force se sont dégagées de cette consultation : les gens veulent conserver la qualité de l’environnement exceptionnel en le préservant d’une sur-urbanisation, et ils souhaitent disposer des équipements publics leur permettant de bien vivre, comme les crèches, les écoles, des transports collectifs...

Quelle est la place de l’économie ?

Il s’agit de favoriser la diversité économique en tenant compte des spécificités d’un territoire multifacettes (urbain, péri urbain, de montagne, etc.) Deux grands axes se dessinent : d’abord accompagner le cluster "Parfum Arômes", l’ADN du Pays de Grasse. Nous avons donc mis en place des outils comme la pépinière d’entreprises, à l’époque une des premières du département, axée sur l’innovation. Ou encore l’hôtel d’entreprises, destiné aux activités de recherche et développement autour des sciences du vivant, que nous inaugurons maintenant. Le deuxième axe est le développement sur le Haut Pays d’une offre économique et touristique complémentaire à celle du littoral.

L’hôtel d’entreprise, c’est la suite logique de la pépinière...

En effet… Notre stratégie est d’implanter durablement des entreprises innovantes sur notre territoire à la fois dans un souci de renfort mais également d’élargissement de notre filière historique. Des entreprises s’y sont déjà installées… C’est un lieu où vont se croiser et se fertiliser les biotechnologies, la parfumerie, la R&D mais aussi des startups qui pourront évoluer d’un hébergement dans la pépinière d’entreprises pour ensuite être accueillies dans l’hôtel d’entreprises afin de pérenniser leur développement.

Y a-t-il des réserves foncières pour accueillir ces nouvelles activités ?

L’opération "AromaGrasse" est terminée. Elle a permis de commercialiser douze lots et d’y installer autant d’entreprises. Une réflexion est maintenant en cours pour ouvrir une nouvelle parcelle de 2,5 hectares afin d’y installer de nouvelles activités. Nous avons encore des réserves foncières
identifiées.

N’est-ce pas au bénéfice de Grasse et au détriment des villages ?

Non, parce que ces implantations créent de l’emploi et irriguent aux alentours, avec des activités induites comme le conditionnement, l’imprimerie, le transport, etc. Dans le cadre de la loi NOTRe, la compétence "gestion des parcs d’activités" a été transférée à la communauté d’agglomération pour les onze zones d’activité réparties sur tout le territoire, comme celles de Sainte Marguerite à Grasse, de la Festre à Saint Cézaire-sur-Siagne, de Picourenc à Peymeinade. Notre politique de développement économique est bien transversale et concerne donc l’ensemble du territoire.

La création d’un pôle universitaire, c’est la suite logique ?

Oui, c’est la suite de cette stratégie économique. Nous souhaitons attirer une population d’étudiants dans le centre historique de Grasse. Il a besoin d’être renouvelé en termes d’habitat, de fréquentation. Le meilleur moyen de le redynamiser est d’y installer de la jeunesse. Nous avons donc travaillé pour attirer des formations supérieures d’avenir avec notre outil "Grasse Campus". On accueillera dès septembre 2018 deux nouvelles formations, un master et un bachelor, ce dernier avec l’École supérieure du Parfum. Une école d’ingénieurs ouvrira en septembre 2019. Dans toutes ces démarches, nous avons été accompagnés par le syndicat Prodarom, la puissance industrielle, et par l’ASFO, l’organisme de formation aux métiers du parfum.

Et tout cela s’harmonise ?

Évidemment. Le développement des formations supérieures est un vecteur important d’attractivité. Notre bassin est riche de nombreuses entreprises et industries qui cherchent régulièrement de nouveaux talents. L’objectif de notre Campus est de les former à proximité. Créer ces nouvelles formations permet donc de lier à la fois la jeunesse, l’industrie tout en requalifiant le centre ville avec le développement qui suivra des offres de logements pour étudiants.

Comment est orienté le PLU ?

Le plan local d’urbanisme traduit une vision à trente, quarante,
cinquante ans. Il est audacieux en terme environnemental. Il
prévoit de la densification urbaine dans le centre ville mais évite le mitage dans les quartiers en favorisant une remise en culture de nos terres historiques de production de plantes à parfum. On va donc retirer 70 hectares de terres à bâtir pour les redonner à l’agriculture.

Et cela rend le maire populaire...

Très impopulaire auprès des propriétaires fonciers, mais c’est une volonté politique assumée car il s’agit de l’intérêt supérieur de la ville, des gens qui y travaillent aujourd’hui et des générations futures. C’est une ligne de force claire, partagée par la population, qui a reçu l’accord unanime de l’État et des partenaires publics associés.

Propos recueillis par
Jean-Michel CHEVALIER

Photo de Une : Jérôme Viaud, maire de Grasse et président de la Communauté d’Agglomération du Pays de Grasse (CAPG) (DR JMC)

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