Jérôme Viaud, une ambition

Jérôme Viaud, une ambition pour le Pays de Grasse

Le Pays de Grasse s’engage dans un développement économique équilibré qui facilite l’activité tout en protégeant l’environnement. Entretien avec son président Jérôme Viaud.

Comment concilier à la fois le développement économique et l’environnement ?

C’est, pour nous, un grand sujet. Fin septembre, nous présenterons dans chacune des communes du Pays de Grasse le projet de territoire. Ce document est le fruit de deux ans et demi de concertation. Toutes les personnes auditionnées considèrent que ce territoire est exceptionnel, que le moyen et le haut pays ont les plus beaux paysages et qu’il faut absolument les préserver. Mais il faut aussi créer les conditions de succès pour que les habitants puissent continuer à y vivre et y travailler. Il faut donc concilier deux exigences : garder cette richesse naturelle et produire tout en renforçant les dynamiques locales autour de notre pôle d’excellence des arômes, parfums et senteurs. Et assurer le développement de l’économie touristique, agricole et commerciale.

Y a t-il dans les tuyaux de grands projets pour porter l’économie ?

Jérôme Viaud : "il nous faut créer les conditions du succès" (DR BenoitPage)

Il n’y a pas de grand projet pharaonique. Le plus important, avec une enveloppe de 3,7 M€, concerne le déploiement de la fibre optique sur dix-huit communes du moyen et haut pays. Nous mettons tout en œuvre pour que chaque habitant de notre territoire soit connecté à l’horizon 2021.
D’autres réflexions sont menées, notamment dans nos Plans
Locaux d’Urbanisme (PLU), pour maîtriser le foncier pour un développement économique maîtrisé. Les choses sont mûrement réfléchies : chaque ville, chaque village ne va évidemment pas construire sa salle de sport ou sa piscine. Nous sommes vingt trois communes, nous devons trouver des points d’équilibre et de partage.

Et pour maintenir le commerce dans les villes et villages ?

C’est un enjeu fort. Ces dernières années, la création des surfaces commerciales s’est faite à l’extérieur des centres. Nous voulons travailler différemment, dans l’esprit de la ZAC Martelly à Grasse, qui traduit la volonté de développer de l’offre dans le centre-ville, c’est à dire là où il y en a besoin pour garder l’attractivité. Ces projets sont évidemment compliqués à monter.
L’un des enjeux consistant à trouver du stationnement gratuit à proximité.

Et pour les villages ?

C’est la même démarche.
L’urgence est de faciliter la transmission des petites entreprises entre des gens proches de la retraite et des jeunes qui veulent s’installer. Pour eux, nous avons mis en place la structure ITA (Initiative Terre d’Azur) qui a vocation à financer les jeunes créateurs ou repreneurs par des prêts d’honneur à taux zéro. Cela fonctionne : à Saint Auban par exemple, ITA a financé l’épicerie, qui a ensuite ouvert une location de vélos à assistance électrique. Ces activités ont créé un lieu de vie et de service public. Même démarche au plan départemental, avec l’Union Professionnelle Artisanale. Si on ne fait pas ces efforts, les jeunes ne pourront pas se fixer et l’on aura du mal à maintenir les populations dans nos villages.

L’industrie est un atout car elle "fixe" l’emploi...

On veut la mettre en avant. C’est le sens du parc d’activités
AromaGrasse. Nous venons de vendre le dernier des quatorze lots à l’entreprise Charabot. Si la puissance publique ne propose pas du foncier aux entreprises, celles-ci elles iront s’installer ailleurs. Pour travailler dans la parfumerie, les arômes et les produits naturels, Grasse est l’endroit où il faut être. Tout le monde le reconnaît, à commencer par les plus grandes maisons de parfumerie. Notre industrie continue à innover et à créer des emplois.

Avez-vous un volet formation pour les jeunes ?


Nous avons pour projet de créer un pôle d’enseignement supérieur à Grasse dans la chimie, le marketing, les produits de luxe, l’environnement.
Nous sommes en relation avec des écoles d’ingénieur. Parallèlement nous travaillons sur des pistes pour le logement étudiant dans le centre ville de Grasse.

Et pour l’agriculture ?

Le nouveau PLU de Grasse sera présenté au conseil municipal en fin d’année. Il prévoit 70 hectares dédiés à la culture de la plante à parfum et du maraîchage sur les quartiers du Plan, de Saint-Antoine, Saint-Mathieu et
Plascassier. Ces terrains ne seront pas construits mais uniquement consacrés à l’agriculture.

Le tourisme ?

L’offre hôtelière présente un déficit important. Des projets sont en cours, comme la réhabilitation de l’hôtel des Parfums en 4 ou 5 étoiles, avec 70 chambres(Wilmotte architecte, et Alain Paget promoteur).

Les transports ?

Nous avons traversé une année difficile avec la fermeture de la ligne SNCF Cannes-Grasse pour des travaux permettant d’augmenter un cadencement à un train toutes les 30 minutes. Heureusement, pendant cette période, la région a mis à disposition des navettes de bus de substitution. La ligne sera rouverte en décembre.Ensuite, il faudra avec notre réseau de transport en commun Sillages faire des arbitrages difficiles pour la desserte de notre
territoire car nous sommes dans une situation financière tendue. Nous devrons, avec nos voisins, avec Jean Leonetti pour la CASA et David Lisnard pour Cannes Pays de Lérins, définir une nouvelle AOTU (Autorité Organisatrice de Transport Urbain). On devra trouver des intelligences, nous travaillons sur ces sujets main dans la main. Il nous faudra créer des économies d’échelle, une tarification rationnelle pour que les transports de l’ouest du département soient en cohérence avec la demande des usagers.

Et le projet de funiculaire entre la gare de Grasse et le centre ville ?

J’ai suspendu le projet de funiculaire pour des raisons financières. Il manquait 10M€ et je ne voulais pas m’engager dans un projet déséquilibré dès l’origine.
Maintenant, il faudra trouver un transport en site propre sur le Pays de Grasse, nous y travaillons activement.

La Communauté d’Agglomération du Pays de Grasse regroupe 23 communes sur une superficie de 490 km2 avec une population de plus de 100 000 habitants.

Retrouvez en cliquant ici notre Dossier Spécial Pays de Grasse

Photos de l’article (DR Benoit Page pour Cté Pays de grasse)

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