Krach boursier en Chine

Krach boursier en Chine : l’empire vacille-t-il ?

Tandis que tous les regards étaient tournés vers la Grèce depuis un mois, la Chine faisait face à un véritable krach sur le marché des actions, qui a perdu plus de 30 % en trois semaines !

Après une longue période de baisse, le marché des actions en Chine était reparti à la hausse depuis un an, progressant de 150 % entre juin 2014 et juin 2015. Mais un retournement soudain s’est produit, le 15 juin dernier, avec une chute moyenne de plus 30 % en trois semaines ! A la faveur des mesures prises par les autorités chinoises, les indices de Shanghai et de Hong-Kong, dont les tendances sont, pour des raisons évidentes, assez similaires, s’étaient ensuite stabilisés pendant deux semaines avant de reprendre leur chute fin juillet.

Un krach aux causes multiples

Ce krach, lié à des ventes massives d’actions par mimétisme, s’explique par plusieurs facteurs. Tout d’abord, des doutes sont apparus sur la poursuite d’une politique monétaire expansionniste, mise en place par le gouvernement en réponse au ralentissement sensible de l’activité dans le pays.

De plus, après avoir encouragé le financement par les marchés financiers (décloisonnement entre les marchés de Hong Kong et de Shanghai, relâchement des conditions d’investissement des sociétés d’assurance, etc.), afin que les entreprises nationales puissent obtenir plus de fonds propres et ainsi relancer leur activité en berne, les autorités chinoises ont été contraintes d’enclencher la marche arrière, en raison de la spéculation.

En outre, au vu des capitaux que la construction immobilière a engloutis ces dernières années (15 % du PIB !), une gigantesque bulle immobilière s’est formée. Et depuis quelques mois, on observe une chute généralisée des prix, tant dans l’immobilier commercial que dans l’immobilier résidentiel, qui, conjuguée à une multiplication des surfaces immobilières qui ne trouvent pas acheteur, laisse présager l’explosion très prochaine de cette bulle. Les investisseurs se sont alors décalés du marché immobilier à celui des actions, soutenus en cela par les taux d’intérêt bas.
Enfin, il y a tout simplement des prises de bénéfices, qui se sont manifestées lorsque l’indice de Shanghai a franchi le sommet symbolique de 5 000 points. En effet, investir en Bourse est un véritable sport national pour les ménages, qui représentent 80 % des investisseurs sur les valeurs cotées en catégorie A ! Le problème principal est que les ménages investissent volontiers l’argent qu’ils n’ont pas, d’où un quart des actions qui s’échangent au moyen d’emprunts contractés par des particuliers auprès de leurs intermédiaires financiers, dans le cadre d’opérations dites sur marge. Cette situation n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle qui prévalait aux États-Unis en 1929…

Les autorités chinoises prises de court

Les autorités de régulation chinoises, occupées à suivre la crise grecque, n’ont pas vu venir le cataclysme dans leur pays, bien que le système bancaire et financier chinois fût depuis longtemps défaillant. Or, cette chute du marché conduit à une déflation par la dette : les investisseurs endettés vendent massivement leurs titres pour tenter de rembourser les prêts contractés auprès des brockers, ce qui accélère encore la chute des cours et nécessite de vendre encore plus de titres pour couvrir les prêts, etc.

Dès lors, pour tenter d’enrayer la baisse des cours qui prenait une tournure dramatique, les autorités chinoises ont mis en œuvre plusieurs mesures. Celles-ci vont de la création d’un fonds de stabilisation financière, afin d’aider les courtiers à racheter des titres jusqu’à ce que l’indice de Shanghai revienne à 5 000 points, jusqu’à la suspension de la cotation de la moitié des actions, en passant par l’interdiction pour les investisseurs étrangers de vendre à découvert dans la catégorie A et l’interdiction pour les investisseurs qui possèdent plus de 5 % dans des sociétés chinoises cotées de vendre leurs titres pendant six mois. En complément, les autorités de régulation prévoient d’injecter des liquidités dans les sociétés de financement de marge (achat d’actions par endettement), en contrepartie de l’engagement de celles-ci à acheter des actions de grandes entreprises d’Etat. Malheureusement, l’histoire nous enseigne que de telles mesures ont peu de chance de juguler une hémorragie sur les marchés.

En dernier ressort, il faudra surveiller dans quelle mesure ce krach peut s’étendre aux marchés mondiaux, et quelles en seront les conséquences sur l’économie réelle, dans un pays où les effets de richesse (hausse de la consommation et des achats immobiliers liées à la très forte augmentation des cours boursiers), est un moteur important de la demande…

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