L'art de se retrouver

L’art de se retrouver dans la seringue

Comme pour l’interminable litanie des week-ends en gilets jaunes, doit-on désormais s’attendre à de nouvelles manifestations chaque samedi en France ? Cela paraît probable, parce que la mobilisation est forte en plein été, saison pourtant peu propice à ce genre d’exercice. Et surtout ici en Paca, où pourtant l’épidémie flambe avec intensité.

Tout aussi sûrement que l’échéance présidentielle se profile à l’horizon, l’adoption du pass sanitaire et l’obligation vaccinale pour les soignants motivent les troupes. Parce que les "anti" ressentent un atteinte dans leur intimité avec ces injections, parce que les recours devant le Conseil constitutionnel ne leur ont pas accordé les réponses espérées.

Après avoir été "en première ligne" pendant des mois, applaudis sur le coup des 20 heures, et même un peu cajolés avec le Ségur de la Santé et ses revalorisations salariales, les soignants se retrouvent aujourd’hui dans la seringue avec la menace de la suppression de leur traitement à partir du 15 septembre s’ils ne tendent pas le bras à l’aiguille contenant du Pfizer, du Moderna ou autres. Pour eux, la pilule est amère, chacun peut aisément l’admettre.

"En même temps", que répondre aux familles dont un membre a été contaminé... à l’hôpital, cela s’est trop souvent vu. Le refus obstiné de la vaccination est difficilement compréhensible par ceux qui ont confiance dans la science et pour qui les raisons invoquées - vaccin mis trop rapidement au point en particulier - relèvent davantage des fausses croyances relayées complaisamment par les réseaux sociaux que du pragmatisme scientifique qui devrait prévaloir.
Même désagréable à dire, la vérité est que les services d’urgence se remplissent à nouveau de personnes en détresse respiratoires, et parmi elles de nombreux jeunes... non vaccinés.

Alors que les Français ont une propension naturelle à se dresser les uns contre les autres, le risque d’une profonde fracture dans la société est patent. Que l’on se garde d’une nouvelle saint Barthélémy qui verrait s’affronter les vaccinés, jusqu’à présent discrets même s’ils sont largement majoritaires, et les "antivax" dont on peut s’accorder à dire que leur santé leur appartient jusqu’au moment où leur non-vaccination risque de favoriser le développement de la pandémie.
Pendant ce temps, en Tunisie et dans beaucoup d’autres pays, des malades attendent des soins. Des familles espèrent ses vaccins. Les test sont payants, quand ils existent, et chers.
Ici, nous disposons de tout, et gratuitement. Serions-nous devenus des enfants trop gâtés ?

deconnecte