L'influence grandissante

L’influence grandissante de la chine sur le marché du cinéma

La République populaire de Chine révolutionne aujourd’hui l’économie en se plaçant en deuxième puissance mondiale grâce à « son économie socialiste de marché ».
Notamment, le marché du cinéma chinois connait un important essor puisqu’il talonne le marché américain.

Une évolution culturelle
Pour comprendre pourquoi l’industrie cinématographique chinoise connait un tel succès de nos jours, il faut se pencher sur plusieurs facteurs.
D’abord, au niveau local, les producteurs chinois ont compris les attentes du public : ils mettent ainsi en avant les valeurs fondamentales de la société chinoise face à la préférence pour les blockbusters américains qui commencerait à s’estomper.
Ensuite, une très nette évolution de la censure apparait puisque le gouvernement de Pékin a autorisé la production d’une série TV à venir, intitulée « In the name of the people », sonnant ainsi la résurrection des films relatifs à la lutte anticorruption. Cette série permettra d’alerter les citoyens chinois sur la corruption, fléau que le président Xi Jinping combat depuis le début de son mandat.
Enfin, le marché américain est de plus en plus saturé de sorte que de jeunes directeurs hollywoodiens et asiatiques s’orientent vers le marché chinois à la recherche de soutien financier. On trouve parmi les producteurs chinois notamment Alibaba, le géant de l’internet.
Le marché du cinéma chinois a donc un avenir très prometteur et certains s’avancent même à en parler comme d’un nouveau Hollywood tel que Joe Russo, directeur de « Captain America » (Marvel).
Pour sécuriser ce marché, plusieurs réformes juridiques ont été entreprises par les autorités chinoises.

Des réformes juridiques
La garantie des droits de propriété intellectuelle, tels que le droit de reproduire un film, sont au cœur des questionnements du gouvernement chinois.
Ainsi, la République populaire de Chine mène depuis plusieurs années d’importantes réformes juridiques, qui visent notamment à clarifier les termes juridiques et harmoniser les décisions justice concernant la propriété intellectuelle.
Parmi les avancées, on peut noter que les propriétaires de droits de propriété intellectuelle peuvent poursuivre plus aisément les pirates violant leurs droits. Cette amélioration est dû en partie au fait que le système judiciaire est nettement plus transparent puisque les décisions de justice sont désormais accessibles en ligne publiquement. Cela renforce aussi la prévisibilité et on l’espère la cohérence des jugements en la matière.
Le 6 novembre 2015, le Congrès populaire de Chine a proposé une loi pour la promotion du film visant à faciliter l’entrée sur le marché chinois car aujourd’hui seul un nombre limité de films étrangers peuvent y être diffusés. Ce quota est aujourd’hui de 34 films par an contre 20 il y a encore peu de temps ; une progression due à la signature d’un accord sino-américain sur le film le 18 février 2012.
Si des géants de la production de films tels que Warner Bros, Walt Disney ou Universal Studio, sont déjà rentrés sur le marché chinois, d’autres vont certainement suivre grâce à cette loi. D’importantes restrictions seront notamment supprimées telle que l’obligation d’investissement par capital social dans la production de films. Les procédures d’approbation de films vont être en outre allégées afin de permettre une entrée plus rapide sur le marché. Enfin, il serait indiqué que les films à thème général ne seront pas soumis à la censure.
Cette prise de conscience fait du marché chinois un marché très attirant pour les producteurs étrangers et une coopération franco-chinoise est notamment en cours de développement.

Coopération franco-chinoise
Le marché chinois sourit actuellement aux français : d’une part la coproduction se développe grâce à l’accord de coopération cinématographique signé entre la France et la Chine le 29 avril 2010 et d’autre part le public chinois apprécie de plus en plus le cinéma de l’Hexagone.
Cet accord franco-chinois a permis aux films coproduits d’avoir la double nationalité des producteurs et de bénéficier ainsi des deux systèmes nationaux de subventions. Les films coproduits ne sont donc pas soumis au quotas des films étrangers limitant l’importation de films sur le territoire chinois (voir ci-dessus). La société française Wild Bunch a notamment créé un fond d’investissement en 2015 avec la China Film Group and TV Capital afin de développer et financer les coproductions franco-chinoises. Le premier film à avoir bénéficié de cet accord franco-chinois a été le film 11 fleurs du chinois Wang Xiaoshuai, coproduits par les sociétés Chinese Shadows et WXS Production (sociétés chinoises) ainsi que Full House et Arte France Cinema (sociétés françaises).
De plus, de nombreuses institutions publiques telles que le Centre National du Cinéma (CNC) ou Unifrance participent à des festivals sur le territoire chinois notamment le Festival du cinéma de Pékin et le Festival du cinéma de Shanghai afin de présenter des films français.
On remarque également que si les films produits par la société de Luc Besson, EuropaCorp, sont très populaires (tels que Lucy ou Taken 2), d’autres français arrivent également à pénétrer le marché chinois notamment Jean-Jacques Annau dont le film Le dernier loup, fruit d’une coproduction franco-chinoise, a connu un vif succès en 2015. En outre, la Chine a été représentée aux Oscars pour le meilleur film en langue étrangère par Le promeneur d’oiseau, premier film chinois réalisé par un français (Philippe Muyl) et lui aussi coproduit par la Chine et la France.
Une telle présence fait du cinéma français la deuxième industrie cinématographique étrangère représentée en Chine et donne de bons espoirs quant à la démocratisation internationale des films Made in France. D’autant plus dans un contexte où les diversités culturelles ne rendent pas facile la conclusion d’accord de coopération en général, ce qui permet à la France de se positionner avec un réel plus sur ce terrain.

Maître Anne-Marie PECORARO
Avocat au Barreau de Paris
Cabinet Turquoise

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