L'upcycling, l'avenir (...)

L’upcycling, l’avenir du luxe ?

L’industrie de la mode compte parmi les plus polluantes de la planète. Et ça, de nombreux consommateurs l’ont bien compris. Depuis quelques années, une conscience écologique émerge parmi les plus férus de mode. Les friperies et autres sites de vêtements d’occasion ont le vent en poupe, tandis que les enseignes de fast fashion sont de plus en plus montrées du doigt. Un tournant pour le secteur du vêtement que le luxe compte bien prendre.

L’éveil des consciences écologiques des consommateurs semble permettre une révolution dans le monde de la mode. La deuxième industrie la plus polluante de la planète, se tourne de plus en plus vers la seconde main, et l’upcycling. Si cette tendance a déjà investi le monde du prêt-à-porter, elle ne commence à changer les moeurs des Maisons de Haute Couture que depuis très récemment. On notera que la marque anglaise Urban Outfitters propose des collections de vêtements fait avec d’anciennes pièces depuis quelques années déjà, tandis que les couturiers n’apparaissent s’y intéresser que depuis peu. Quoi que. Certaines Maisons semblent avoir compris, et ce depuis toujours, l’importance de réparer, repriser, recycler les pièces usées. Robert Dumas, grand-père d’Axel Dumas, actuel PDG d’Hermès International et grand concepteur des célèbres carrés de soie, disait : «  le luxe c’est ce qui se répare  ». Un message pourtant partagé à une époque où le respect de l’environnement n’était pas au coeur des préoccupations. Depuis cette époque, et encore aujourd’hui, la marque s’emploie à réparer, chaque année, près de 100 000 pièces et sacs dans ses ateliers. Idem pour J.W Weston, l’imposante marque de chaussures de luxe, qui répare tous les ans environ 10 000 paires. Des restaurations minutieuses et complètes qui peuvent prendre jusqu’à huit semaines de travail. Mais aujourd’hui, le recyclage de vêtement prend plus d’importance que jamais. Un éveil des consciences écologique de nombreux consommateurs a nécessairement imposé de nouveaux challenges à l’industrie du luxe. Elles doivent désormais s’adapter et se réinventer pour continuer d’attirer leur clientèle.

Des archives au catwalk


Les premières apparitions remarquées de l’upcycling sur les catwalks se sont faites grâce aux marques de haute couture émergentes. Marine Serre, Germanier, Duran Lantik, toutes présentent déjà le concept de l’upcycling depuis plusieurs saisons. Pour autant, il a fallu que le phénomène se pérennise et prenne de l’ampleur pour que les Maisons « historiques » se jettent à l’eau. Jean-Paul Gaultier avait d’ailleurs présenté une collection 100% recyclée lors de son dernier défilé en janvier dernier. Le couturier avait même déclaré dans sa note d’intention : «  Je pense que la mode doit changer. Il y a trop de vêtements, et trop de vêtements qui ne servent à rien. Ne les jetez pas, recyclez-les ! Ce soir, vous voyez ma première collection haute couture upcycling (…) j’ai utilisé mes archives comme de la matière. Ce que j’ai fait à mes débuts, sans moyens, je le fais aujourd’hui avec mon patrimoine pour donner vie à de nouvelles créations ». Le duo Viktor & Rolf a lui aussi fait une apparition remarquée lors de son défilé printemps-été 2020. Les deux designers vont encore plus loin : ayant déjà presque épuisé leur stock d’archives de tissus, ils se sont tournés vers leurs archives d’échantillons de tissu, mettant en pratique l’adage «  faire plus avec moins ». Et cette tendance gagne du terrain. La Maison Louis Vuitton a d’ores et déjà annoncé que la collection masculine printemps-été 2021 comptera 25 pièces créées à partir de modèles de collections précédentes, totalement upcyclées. Par exemple, des sneakers montantes de l’été 2019 transformées en baskets basses par le directeur artistique Virgil Abloh. Chez Gucci également, on recycle et on le fait savoir. La Maison a sorti, en juin, une collection d’accessoires et de prêt-à-porter mixte, et totalement conçu en économie circulaire. Faire du neuf avec du vieux et le dire, voici le nouveau visage du luxe.

Vers une transformation profonde ?

L’industrie et les grandes Maisons de luxe n’ont cependant pas le choix que de s’adapter au monde qui change. Et différents facteurs semblent avoir joué un rôle dans leurs choix. Des raisons marketing, d’adaptabilité à leur clientèle nouvellement mue par une conscience écologique. Ensuite, la crise sanitaire, qui a finalement permis à l’industrie de la mode et du luxe de se transformer. Et enfin, la loi du 10 février relative à la lutte contre le gaspillage qui prévoit l’interdiction des destructions des invendus non-alimentaires. Changer les pratiques du secteur n’est alors plus une option. Digitalisation, recyclage… et si le luxe vivait sa plus grande révolution ?

Visuel de Une DR

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