La Brasserie du Comté

La Brasserie du Comté s’est relevée

Créée en 2012 mais dévastée par la tempête Alex en 2020, la Brasserie du Comté est de retour à Saint-Martin-Vésubie. Mais son fondateur, Laurent Fredj, n’est pas encore tranquille.

Où en sont les travaux dans votre nouveau site de production ?

L’entrée de la boutique avec cette citation "les meilleures bières sont celles que l’on partage entre amis" ©S.G


- Ce n’est pas encore terminé mais le plus gros des travaux pour reprendre la production ont été terminés il y a deux mois. On a repris la production il y a un mois et demi, sur de petites cuves, et sur la grande unité de brassage, il y a 15 jours.

Combien de bières arrivez-vous à produire ?

- Depuis la tempête Alex, puisqu’on brassait chez des confrères, on s’est concentré sur les trois bières principales : blonde, blanche, ambrée. Plus une bière de saison. Là on est en train de faire la liaison donc on reproduit ces trois bières-là, qui seront vendues dans deux mois, puis on élargira notre gamme sur les neuf bières qu’on avait avant la tempête.
Entre les remises au point de chaque bière et avec les différentes quantités, 33 cl, 75 cl et fût, il faut bien compter jusqu’à la fin de l’année pour retrouver la gamme complète. Et c’est optimiste, si tout va bien.

Pouvez-vous nous expliquer l’importance de l’eau ?

- Quand on brassait chez les confrères, on avait une bière complètement différente. Pour certains, elle était meilleure, pour d’autres moins bonne. On ne peut pas reproduire une bière dans un autre endroit avec une autre eau. Il y aura toujours une différence. C’était un élément essentiel pour lequel on souhaitait revenir ici, on avait choisi cette eau pour le goût de notre bière.

L’eau de Saint Martin Vésubie apporte un goût unique aux bières de la Brasserie du Comté ©S.G

Quels étaient vos sentiments quand la production est repartie à Saint-Martin ?

- J’ai senti que pour l’équipe, il y avait un plaisir de se retrouver ici, de ne plus avoir à rouler pour aller travailler. Moi, personnellement, j’ai encore la tête dans le sac, à m’interroger sur les développements qu’on doit faire. Ce n’est pas fini pour moi. Je crois que je serais tranquille quand ce sera terminé. J’aimerais que tous les travaux soient finis pour pouvoir me dire, ça y est, l’outil est prêt et tout est OK. Bien que je sois content de voir la bière sortir d’ici, c’est quand même super.

Avez-vous amélioré certaines choses par rapport à l’ancien site ?

- Oui, on en a profité pour arranger ce qui n’allait pas. On avait poussé les murs dans l’ancienne brasserie. On travaillait dans des conditions spartiates parce qu’on avait optimisé chaque centimètre carré. Maintenant, on a la place pour travailler. On a aussi des passerelles pour aller au-dessus des cuves plutôt que d’avoir à prendre un escabeau. On a 1 200 m2 en intérieur. Avant on avait 250 m2 en intérieur mais on avait pratiquement 800 m2 en extérieur. La seule difficulté qu’on a pour le moment c’est l’accès. Mais cela avait été discuté en amont avec les services de la Métropole et de la mairie et on sait que d’ici quelques mois, on aura un accès où l’on pourra venir en semi-remorque.

Comment s’est organisée cette période où vous êtes allés brasser ailleurs ?

- Après la tempête, je vous avoue que c’était assez compliqué. Pendant un temps, je pensais à tout sauf au boulot. On a la chance d’avoir des associés qui ne sont pas d’ici. Même s’ils ont été touchés moralement, ils ont pu chercher des pistes et ils ont été en contact avec d’autres brasseurs. Il y a eu un élan de solidarité. Beaucoup de brasseries nous ont dit : venez brasser chez nous. Et ensuite il s’est mis en place une vraie location.

Au premier plan Titouan la mascotte puis de Gauche à droite : Paul Soriano, stagiaire, Quentin Lormetteau, responsable production, Laurent Fredj président et Mehdi Olivin, aide brasseur. ©S.G

Où trouve-t-on votre bière ?

- Environ 90% de la production se vend sur la Côte, de Menton jusqu’à la limite avec le Var. On a aussi quelques clients dans le Var. On dessert la Côte depuis notre local de Gattières, qui est un lieu de stockage. D’ici, on dessert les stations de ski l’hiver, un petit peu les villages de l’arrière-pays et les refuges.

Bientôt une formation de brasseurs ?

"C’est toujours en discussions", explique Laurent Fredj, avant de détailler le projet : "C’est un partenariat avec le Syndicat des brasseurs de France et la Chambre de métiers et de l’artisanat. Je suis délégué de la Chambre de métiers et après la tempête on a eu beaucoup d’échanges au sujet des aides. Et un peu par hasard, j’ai discuté avec le responsable des formations qui m’a dit que ce serait bien d’avoir une formation pour la bière. Il s’est ensuite renseigné et il a appris que les Brasseurs de France étaient en train de mettre en place cette formation et on a rapidement fait la liaison pour créer ça ici. Cela peut faire venir du monde à Saint-Martin. On part sur le principe que tout se fera ici, la théorie et la pratique. Mais c’est encore à définir. De toutes façons, cela n’aura pas lieu avant 2023".

La Brasserie du Comté va également proposer des stages d’un jour, ouverts à tout le monde, sur de petites unités de 20 litres. "Chaque personne pourra travailler dessus, en binôme, pendant une journée et repartir avec sa bière dans un bidon pour la mettre en bouteille chez elle". Cela se fera sur inscriptions.

Photo de Une : la Brasserie de nouveau opérationnelle sur ses terres d’origine ! ©S.G

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