La Médiation du crédit

La Médiation du crédit s’associe au financement participatif

Pour financer leurs projets, TPE et PME peuvent se tourner vers d’autres interlocuteurs que les banquiers. Financement participatif France et la Médiation du crédit annoncent un partenariat destiné à faire connaître leurs démarches respectives. Lesquelles répondent à des besoins différents.

Pour un banquier qui dit non, plusieurs centaines d’internautes diront peut-être oui... Ce 16 décembre, à Paris, la Médiation du crédit, organisme public chargé d’accompagner les entreprises qui rencontrent des difficultés de financement avec leur banquier, afin de les aider à renouer le dialogue avec lui, et Financement participatif France, association qui fédère l’ensemble des plateformes de financement participatif actives en France, ont signé une convention.

Chacune des deux parties s’engage à faire connaître la ressource possible que représente l’autre, auprès des entrepreneurs avec lesquels elle est en relation. Les plateformes de crowdfunding qui sélectionnent les projets des entrepreneurs, avant de les proposer aux internautes, informeront les porteurs des projets refusés, ainsi que ceux qui ne parviennent pas à lever les fonds souhaités en ligne, de la possibilité de saisir la Médiation du crédit. Quant à cette dernière, elle informera les entrepreneurs qui la saisissent de l’existence du financement participatif, lorsque cela s’avère pertinent par rapport à la situation de l’entreprise.

Car aujourd’hui, en matière de financement, « le champ des possibilités qui s’ouvre aux entrepreneurs s’est considérablement ouvert (…) Quand une entreprise nous saisit, il faut que nous explorions toutes les possibilités », explique Fabrice Pesin, Médiateur du crédit, lors de la conférence de presse de signature de la convention. Et parmi ces possibilités, le financement participatif, le crowdfunding constitue une solution à la fois « alternative et complémentaire » au financement bancaire considère le Médiateur. Ainsi, une opération de récolte de fonds réussie sur une plateforme de crowdfunding peut se substituer à un financement bancaire, ou alors se révéler un argument pour obtenir un prêt auprès d’une banque.

Financer là où le banquier ne va pas

Toutefois, le financement participatif constituera difficilement une solution alternative pour les quelque 2 200 dossiers -essentiellement des TPE et des PME - dont est saisie annuellement la Médiation. D’après cette dernière, il s’agit en très grande majorité des entreprises fragilisées par la crise ou en difficulté économique. En revanche, d’autres entreprises peinent à obtenir un financement, malgré leur bonne santé et elles ne « tirent pas entièrement satisfaction » de leur relation avec leurs banques, explique Fabrice Pesin.
En cause, notamment, l’attribution d’une partie seulement du prêt demandé ou alors des conditions imposées – caution personnelle ou garanties particulières- qui ne conviennent pas à l’entrepreneur, lequel peut leur préférer des taux d’intérêts plus élevés.

Autre cas de figure, les entreprises qui trouvent pas de partenaires bancaires disponibles à financer un projet innovant, ou qui comporte des risques, des besoins en fonds de roulement... Pour tous ceux là, « le financement participatif peut être une voie », estime Fabrice Pesin. Car les critères des internautes ne sont pas ceux des banquiers, et de fait, au total, « en deux ans, 400 entrepreneurs ont obtenu des prêts via les plateformes », rappelle Nicolas Lesur, président de Financement Participatif France.

Les acteurs du financement participatif, très divers entre eux, interviennent à différents stades et sur divers types de projets. Premier cas de figure, le préfinancement d’un projet, avec par exemple la pré-commercialisation d’un produit. Une formule qui a déjà fait le succès d’entreprise comme, dans le domaine textile, les Jeans 1083, qui compte aujourd’hui 17 salariés. Le financement participatif intervient aussi auprès de sociétés dont le projet nécessite des capitaux pour devenir rentable, ou d’autres encore qui connaissent une rupture de trésorerie durant leur développement.

Une pratique émergente qui demande des compétences

Pratique émergente en France, le financement participatif présente des chiffres de progression importants. Au premier semestre 2015, la collecte par ce biais a plus que doublé par rapport à la même période de l’année dernière : 133,2 millions d’euros de fonds collectés contre 66,4 millions au 1er semestre 2014, d’après le baromètre du 1er semestre 2015 de Financement participatif France.

Une évolution favorisée par la mise en place d’un cadre réglementaire en 2014, et qui participe de la tendance croissante à la création d’entreprise dans l’Hexagone, depuis plusieurs années. Toutefois, une étude de l’Observatoire de la protection sociale d’Alptis, groupement associatif d’assureurs santé et prévoyance, intitulée « le crowdfunding, mutation ou mirage pour l’entreprenariat », de novembre 2015, prend ses distances avec le « discours enthousiaste de l’entreprenariat célébré » et rappelle, notamment, certaines difficultés pratiques : le crowdfunding impose aux entrepreneurs de savoir présenter leur projet, gérer une communauté, « avec des compétences qui ne sont ni celles du manager, ni du gestionnaire », mais bien celles du communiquant, précise le rapport : les projets qui réussissent ne sont pas nécessairement les meilleurs, mais les mieux racontés.

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