La RE2020 est-elle (...)

La RE2020 est-elle un "monstre" ou un "superbe challenge" ?

La nouvelle réglementation pour les constructions neuves (maisons individuelles et logements collectifs) va remplacer dans quelques jours la RT2012.

La RE2020 (prononcez "RE vingt vingt"), pour réglementation environnementale 2020, entrera progressivement en vigueur à partir du 1er janvier 2022 et elle ne laisse pas indifférents les acteurs de la construction. "Personne ne mesure les conséquences économiques et industrielles de la RE2020", déclarait mi-novembre à Nice l’architecte de renom Rudy Ricciotti. "C’est un niveau performanciel extrêmement exigeant qui va modifier de manière irréversible l’acte de bâtir. Mais qui a pour conséquence immédiate de fabriquer encore davantage de dépendance technologique. C’est-à-dire que pour être exemplaire, on va consommer encore plus. On est en train de fabriquer un monstre", assénait-il.
En revanche, pour Nathalie Tchang, ingénieur et directrice du bureau d’études Tribu Énergie, la RE2020 est "un superbe challenge lié à cette stratégie nationale bas carbone" de la France, qui s’est fixé pour objectif la neutralité carbone à l’horizon 2050. "Mais c’est aussi très ambitieux car cela va remettre en question nos habitudes de construction", concédait-elle à l’occasion d’un webinaire organisé début décembre par le Conseil national de l’Ordre des architectes. "Selon Météo-France, Il risque d’y avoir des canicules de plus en plus fréquentes et de plus en plus chaudes et il y a un enjeu à concevoir des bâtiments plus résilients en cas de fortes chaleurs", expliquait Nathalie Tchang.

"Urgence climatique"

"La RE2020 entre en vigueur en janvier 2022, autant dire que c’est demain. Elle nous impose à tous de changer à marche forcée et nous le savons", assurait en introduction du webinaire la vice-présidente du Conseil national de l’Ordre des architectes, Valérie Flicoteaux. "Mais il faut la remettre dans la perspective de l’urgence climatique qui nous rappelle notre responsabilité collective. Elle concerne toute la filière, tout le monde de la construction est concerné et pas seulement les architectes. Nous y voyons une opportunité de faire avancer les filières de matériaux vertueux, matériaux biosourcés, géosourcés ou réemployés".
La RE2020 concernera d’abord les bâtiments à usage d’habitation puis sera étendu aux bureaux et bâtiments d’enseignement primaire ou secondaire et enfin aux bâtiments tertiaires spécifiques. La RT2012, qui était une réponse au Grenelle de l’environnement de 2009, avait pour objectif de généraliser les bâtiments basse consommation, avec en plus une exigence de recours aux énergies renouvelables pour les maisons individuelles.

Les trois objectifs de la nouvelle réglementation de la construction, définis dans le guide de la RE2020 édité par le ministère de la Transition écologique, sont "un objectif de sobriété énergétique et une décarbonation de l’énergie, une diminution de l’impact carbone et une garantie de confort en cas de forte chaleur".

"Exigences de résultats"

Pour Nathalie Tchang, dans le détail, "il y a six exigences de résultats, qu’il va falloir respecter de façon simultanée et qui tournent autour de trois piliers : l’énergie (besoins bioclimatiques, consommations d’énergie primaire totale et consommations d’énergie primaire non renouvelable), le carbone (impact sur le changement climatique associé aux consommations d’énergie primaire et impact sur le changement climatique associé aux composants du bâtiment et au chantier) et le confort d’été (niveau d’inconfort perçu par les occupants pendant la saison chaude)".
Les acteurs de la construction devront respecter la RE2020 lors de trois étapes : pendant la conception (avant le permis de construire), au cours de la construction et au moment des contrôles à l’achèvement des travaux (mesure de la perméabilité de l’air et contrôle du système de ventilation notamment).
"Ce que je trouve intéressant, c’est que cela va peut-être accélérer un certain nombre de choses qui étaient de l’ordre de l’expérimentation", commentait Cyril Pressaco, architecte et intervenant lors du webinaire. "On travaille depuis un certain nombre d’années avec des matériaux comme le béton de chanvre ou encore la pierre massive. Cette réglementation peut agir comme un booster pour ces matériaux-là".

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Photo de Une : illustration DR

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