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"La sortie de l’euro provoquerait une baisse du pouvoir d’achat"

Trois questions à Noël Amenc, professeur à l’Edhec Business School, qui donnera jeudi une conférence sur l’avenir de la zone euro au Centre Universitaire Méditerranéen (CUM) de Nice.

- Le retour à la monnaie nationale est-il envisageable ?
Le retour à une monnaie nationale est toujours envisageable, des accords pour contourner des traités étant toujours possibles. Aujourd’hui, il faudrait que la France sorte de l’Union Européenne pour pouvoir sortir de l’euro. Des marges de manœuvre existent, comme cela fut et sera encore le cas demain avec la Grande Bretagne.

- En quoi une sortie éventuelle de l’euro permettrait-elle d’améliorer la situation économique et l’emploi ?
L’objectif, par une dévaluation associée à cette sortie, est de pouvoir restaurer une compétitivité-prix vis-à-vis de nos partenaires européens, et en premier de l’Allemagne qui a su entreprendre les réformes fiscales, sociales et du marché du travail qui lui permettent aujourd’hui d’être le premier exportateur. Une dévaluation est présentée comme un moyen de rattrapage pour une France qui n’a pas su se réformer. Mais cette dévaluation ne sera efficace avec un gain de compétitivité durable que si les Français acceptent de ne pas voir leurs revenus suivre la hausse des prix entrainée par le renchérissement des importations. La sortie de l’euro n’est pas indolore. Elle supposera une baisse de pouvoir d’achat.

- Doit-on craindre pour l’économie française une sortie de l’euro ?
Les risques financiers sont élevés du fait du double déficit français (finances publiques, commerce extérieur). Il est à craindre que la sortie de la zone euro provoquera au pire un rationnement en devises avec, à la clé, un contrôle des changes et peut-être même un rationnement des produits importés.

- La Grèce pourra-t-elle se maintenir en zone euro ?
La Grèce sait que, sans la zone euro, il lui est impossible de maintenir un niveau minimum de dépenses publiques, et donc de prestations sociales et de pouvoir d’achat compte tenu de l’extrême dépendance de son économie vis-à-vis de l’extérieur. C’est la raison pour laquelle Syrisa, malgré le soutien de la population, a accepté un plan de rigueur alors qu’elle avait été élue pour le rejeter. La Grèce ne pourra faire face à ses dettes accumulées, il faudra bien accepter d’en effacer une grande partie si l’on veut que son économie se redresse. Cet effacement est sur la table. Les européens et notamment les Allemands sont prêts à avancer dès lors que la Grèce montrera qu’elle est réellement prête à faire des réformes de structure.

- Son sort risque-t-il d’entraîner une disparition de la zone euro ?
L’idée couramment répandue qu’une sortie de la Grèce - ou même demain la France - entraînera obligatoirement la disparition de la zone euro est fausse. L’ Allemagne ne souhaite pas se retrouver dans la situation de la Suisse où un nouveau Deutsche Mark trop cher menacerait ses exportations et sa croissance. Elle fera tout pour qu’une zone monétaire européenne persiste, quitte à soutenir financièrement des pays plus fragiles comme le Portugal ou l’Espagne pour que l’euro reste à des valeurs acceptables…

Au CUM, Promenade des Anglais, jeudi de 18 à 20 heures. Entrée libre, inscriptions par téléphone au 04.93.18.34.80.

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