Le Conseil économique (...)

Le Conseil économique et social intervient dans le débat sur l’emploi

Pour combattre le chômage des jeunes, le Conseil économique, social et environnemental (Cese), propose des réformes structurelles et alerte le gouvernement sur les insuffisances de son dispositif d’urgence. Un souffle nouveau dans une institution souvent qualifiée de « planque » de la République ?

Des propositions, mais aussi des critiques. Concernant les emplois d’avenir, « je regrette que le Sénat ait retoqué les amendements sur le volet formation », avance Jean-Baptiste Prévost, rapporteur de l’ « avis sur l’emploi des jeunes », du Conseil économique, social et environnemental, lors de la présentation de ce document à la presse, le 27 septembre. Le Conseil, dont la section emploi et travail a planché depuis plusieurs mois sur le sujet de l’emploi des jeunes, propose au contraire de renforcer le volet formation du dispositif. Les contrats de génération en cours de négociation ? « Nous interpellons les partenaires sociaux sur les risques d’effet d’aubaines », ajoute Jean-Baptiste Prévost, qui préconise de calibrer le dispositif sur les PME et sur les jeunes les moins qualifiés.

44% de chômage de certains jeunes

A la base, le panorama sur la situation de l’emploi des jeunes, dressé dans l’avis du Cese, est glaçant : au second semestre 2012, 22,7% des jeunes sont au chômage. C’est plus du double du reste de la population (9,4%). Pis, « ce taux atteint 44 % dans certains quartiers », précise Jean-Baptiste Prévost. Le problème est structurel : depuis 1982, le chômage des jeunes n’est jamais descendu en dessous des 14%. Et il est aussi conjoncturel : en cas de crise, les jeunes constituent la première variable d’ajustement en termes d’emplois : souvent dotés de contrats précaires et, disposant de peu d’ancienneté, ils coûtent moins cher à licencier que les autres.

Au-delà de ces remarques sur les mesures gouvernementales, le Cese formule également d’autres propositions, qui s’appuient sur plusieurs principes. « La politique doit s’inscrire dans la durée, et être lisible », explique Jean-Baptiste Prévost, évoquant notamment le « yoyo » concernant l’action des missions locales. Autre principe : « les jeunes doivent être considérés comme des salariés à part entière ». D’après lui, les dérogations au droit commun ont été, d’une efficacité « douteuse ». Le caractère structurellement précaire de l’emploi des jeunes devrait être combattu, et leur accompagnement durant la période de recherche d’emploi, amélioré. Mais bien d’autres sujets devraient être abordés, comme l’amélioration de l’apprentissage et la formation.
Parmi les mesures précises avancées par le Cese, figurent « la modulation du taux de cotisations des entreprises, en fonction du pourcentage des emplois précaires », explique le rapporteur. Autre idée : l’obligation de négociation sur le thème des emplois des jeunes dans les entreprises de plus de 50 salariés ou les branches. Une aide financière à la recherche du premier emploi, qui concernerait quelques 400 000 jeunes, pourrait se concrétiser, par exemple, par une extension progressive du RSA (Revenu de solidarité active) pour les jeunes de 18 à 25 ans.

« Avis » de participation

Certes, cet « avis » n’a pas été voté à l’unanimité en séance plénière du Cese, le 27 septembre. Néanmoins, il constitue une intervention de l’institution sur un sujet brûlant. Supposé fournir des analyses approfondies, issues de la réflexion des acteurs de la société civile, le Cese est souvent considéré comme une des « bonnes planques » de la République. Le magazine Capital, par exemple, place le Conseil très haut dans ce palmarès, évoquant « des représentants syndicaux, patronaux et associatifs qui y somnolent », pour 3 800 euros bruts par mois. Mais, au sein du Cese, l’inactivité n’est pas le fait de tous. Par ailleurs, un changement de gouvernement peut constituer un moment où se redessine le rôle des institutions. Cet été, c’est le Cese qu’a choisi François Hollande pour lancer la Conférence sociale. Et Valérie Fourneyron, ministre de la Jeunesse et des Sports, a rencontré les membres de la section du travail et de l’emploi et travail, à propos de son travail sur l’emploi des jeunes. Un « signe de vouloir entendre », dont se réjouit Françoise Geng, présidente de la section.

Place ! Prada passe…

Il a fallu passer par de longs couloirs et visiter les sous-sols pour atteindre la salle où étaient présentées les propositions du Conseil économique, social et environnemental sur l’emploi des jeunes. L’espace normalement dévolu aux conférences de presse était indisponible à cause des préparatifs du défilé de Prada. Louer les locaux « nous permet de payer les travaux », explique le service de presse.

deconnecte