Le dossier de candidature de la Prom’ à l’UNESCO sera lancé dès l’automne

Dès 2012 déjà, Christian Estrosi avait annoncé sa volonté d’inscrire la Prom’ au sein du club très prisé des trésors de l’humanité.

Parmi les raisons majeures qui motivent cette candidature dont le pilotage a été confié à l’ancien ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon  : booster l’attractivité touristique de Nice. Décrocher ce précieux label offrirait la garantie de retombées culturelles et économiques importantes puisque les sites classés à l’UNESCO voient leur fréquentation augmenter de 20 à 30 %.

Cela permettrait également de valoriser un patrimoine exceptionnel, mais peu connu de Nice, témoin d’un phénomène majeur des temps modernes : l’avènement du tourisme.
« On peut affirmer que Nice est l’un des lieux où est né le phénomène qu’on appellera plus tard le tourisme, avance François Laquieze, directeur de la Mission Promenade. La ville témoigne d’un rayonnement international très ancien dont subsistent encore aujourd’hui des traces patrimoniales exceptionnelles : les villas d’agrément, les édifices religieux, les grands hôtels (le Parc Impérial, le Régina), le Mont Boron, Carabacel, Cimiez, la colline du Château… C’est tout ce patrimoine développé par et pour ces touristes que nous voulons mettre en avant ».

Pour l’heure, le périmètre du bien qui sera soumis à la candidature n’est pas encore totalement délimité. Il devrait en effet être plus large que la seule Promenade des Anglais et inclure ainsi les principales parties de la ville qui témoignent des phases successives de son développement touristique.

Eugène Degand, Promenade des Anglais, Nice, France © Eugène Degand, Collection Théâtre de la Photographie et de l’Image Maé Daillière

L’ancienneté de l’influence du tourisme à Nice

Dès le milieu du XVIIIe siècle, la douceur des hivers niçois séduit les élites internationales. Les aristocrates britanniques d’abord, puis plus tard, russes, s’installent entre Magnan et le Paillon, baptisé le « New borough ». Mais les Britanniques se plaignent de ne pas disposer d’une promenade le long de la mer. En 1822, un révérend de l’église anglicane a l’idée de collecter des fonds pour financer l’aménagement d’un sentier littoral, très rapidement baptisé « Camin dei Inglés » , autrement dit le chemin des Anglais. De ce sentier, dont le nom « Promenade des Anglais » est officiellement attribué en 1844, va naître un nouvel urbanisme balnéaire, fait de constructions orientées vers la mer, qui peu à peu, vont gagner les collines environnantes. « La Promenade des Anglais peut ainsi être considérée comme le symbole de la ville nouvelle qui s’est développée pour accueillir ces premiers touristes », ajoute François Laquieze.

Malgré ces arguments historiques, décrocher une place parmi les sites classés est une démarche de longue haleine. Dès cet automne, Nice transmettra donc son dossier de proposition d’inscription sur la liste indicative de la France. En clair, il s’agit d’inscrire la candidature niçoise sur la liste que le Ministère de la Culture choisit de proposer au Centre du Patrimoine Mondial.

Galerie des Ponchettes : dr

Si elle est sélectionnée, la candidature est ensuite soumise aux experts internationaux de l’UNESCO qui viennent évaluer le site.

« En moyenne, il faut compter entre 2 et 6 ans pour obtenir une décision définitive, précise François Laquieze. Pour notre part, nous espérons obtenir l’inscription de la candidature sur la liste indicative de la France pour 2016 ».

Une Promenade new look pour 2020

D’ici là, pour appuyer son dossier de candidature, Nice doit prévoir un plan de gestion de son bien. Un inventaire des richesses culturelles de la ville a d’ores et déjà été entamé. Le 26 juin dernier, le conseil municipal a également voté le principe de la création d’une Aire de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine (AVAP). Ce dispositif de protection a vocation à renforcer la préservation du patrimoine architectural, urbain et paysager. Il entrera en vigueur dès cet automne.
Enfin, un réaménagement paysager de la Promenade, ainsi que de multiples travaux d’embellissement sont prévus d’ici 2020 : rénovation des revêtements, travail sur les enseignes, renouvellement du matériel d’éclairage, plantation de palmiers… « Nous allons par exemple nous pencher sur la restauration du toit-terrasse des Ponchettes ou encore le réaménagement de la promenade du Château, explique François Laquieze. Toutes ces actions soulignent notre volonté de protéger et de mettre en valeur ce patrimoine ». Des arguments qui, l’espère la municipalité, trouveront un écho auprès de l’UNESCO, à l’heure où la baie de Cannes vient d’annoncer son intention de déposer à son tour un dossier de candidature au Patrimoine Mondial de l’organisme international…

14 Promenade(S) pour sensibiliser à la candidature niçoise

Découvrir la richesse de la Promenade des Anglais, connaître l’histoire de l’avènement de cette ville nouvelle liée au développement du tourisme, prendre conscience de tous les artistes qui ont été séduits par ce site exceptionnel : tels sont les objectifs des 14 expositions (ou promenade(s) ) qui sont proposées cet été jusqu’au 4 octobre dans les 13 musées et galeries de la ville. Une initiative qui invite les niçois à s’approprier encore davantage cette candidature.

Stéphane Steiner oeuvre présentée au MAMAC : @Stéphane Steiner (Nice, 1963), Henri, 2014, tirage numérique sur Dibond Courtesy Baraudou-Schriqui Galerie, Paris

Des sites remarquables

Depuis sa création en 1972, l’UNESCO a distingué plus d’un millier de sites à travers le monde. Parmi les plus célèbres : le Taj Mahal, la Grande Muraille de Chine, les Pyramides d’Egypte, le Kremlin et la Place Rouge… La France compte à ce jour 41 sites labellisés. Les derniers inscrits sont la Champagne et de la Bourgogne viticoles. Seuls deux dossiers de candidature par an sont transmis par le Ministère de la Culture à l’UNESCO selon 2 catégories : patrimoine naturel ou culturel. Outre Nice, une trentaine de dossiers de candidature sont actuellement en lice (les plages du Débarquement, la ville de Nîmes…).