Le gouvernement poursuit

Le gouvernement poursuit ses contrôles dans l’agroalimentaire

Plus de cartilage dans la viande des lasagnes, c’est promis… Sous la houlette des ministères de l’Agriculture et de la Consommation, les professionnels de la filière s’engagent à faire évoluer leurs pratiques. Mais les contrôles des services de la Répression des fraudes sont maintenus.

Des engagements des professionnels de la filière viande, mais des contrôles qui continuent. Ce 21 mai, à Paris, Guillaume Garot, ministre délégué chargé de l’Agroalimentaire, et Benoît Hamon, ministre délégué, chargé de l’Economie sociale et solidaire et de la Consommation, ont annoncé les résultats de leur concertation avec les professionnels du secteur, qui a suivi la crise de la viande de cheval. Cette crise a mis en lumière « la réalité d’un modèle économique low cost, où des consommateurs qui disposent d’un budget réduit acceptent de se nourrir avec des aliments d’une très faible qualité », a commenté Benoît Hamon. Pour Guillaume Garot, la réunion du 21 mai a constitué une « étape », dans l’engagement de tous les acteurs. Plusieurs propositions ont été validées.

Tout d’abord, la mise en place immédiate d’une « charte anti-fraudes »,validée par les ministères de l’Agriculture et de la Consommation et les professionnels, « pour que les entreprises puissent mieux se protéger contre les tentatives de fraudes », précise Guillaume Garot. Prévu pour être diffusé via les réseaux professionnels, ce document devrait fournir des outils visuels et documentaires pour aider les entreprises à détecter les éventuels signaux d’alerte, comme des prix anormalement bas, par exemple. A la rentrée prochaine, c’est un « code qualité » qui devrait voir le jour, concernant la composition des minerais de viande. Ce document sera détaillé par les professionnels et validé par les organismes de contrôle compétents, notamment vétérinaires. « Il déterminera les règles de qualité applicables à toutes les viandes utilisées comme ingrédient dans les plats cuisinés. Jusqu’à présent, les règles étaient trop floues », note Guillaume Garot. Valable pour toutes les viandes, ce code qualité comportera, par exemple, l’interdiction de faire rentrer les tendons ou du cartilage dans la composition et dressera la liste des ingrédients autorisés. Le gouvernement compte sur les professionnels pour rendre publique la liste des entreprises qui suivent ces démarches.

Contrôles continus

« Des décisions importantes ont été prises par les professionnels. Nous jugerons de l’effet de ces progrès en maintenant le même niveau de contrôle que nous avons engagé, jusqu’à la fin de l’année 2013. La filière viande et la filière poisson sont sous surveillance », prévient Benoît Hamon, qui entend « maintenir la pression ». Le ministre a précisé avoir demandé des renforcements des moyens de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes). Depuis la crise de la viande de cheval, quelque 535 contrôles ont été effectués dans les filières viande et poisson. Et, dans le projet de loi à venir sur la consommation, les sanctions ont été considérablement alourdies à l’encontre des personnes et des entreprises auteurs de tromperie économique : dans le texte, la sanction peut aller jusqu’à 10% du chiffre d’affaires de la société fautive.

Par ailleurs, « pour donner pleine puissance à ces mesures, il faut nécessairement un prolongement européen », ajoute Guillaume Garot. Parmi les points que souhaite faire avancer le gouvernement, figure la création d’un réseau anti-fraudes européen, sur le modèle de celui existant pour les risques sanitaires. Autre chantier, l’encadrement de l’activité des traideurs. Le gouvernement aimerait aussi élargir le code de qualité viande à toute l’Europe, et accroitre la possibilité pour les Etats d’accompagner des démarches d’information des consommateurs sur l’origine des viandes. « Nous avons continué le travail de mobilisation des partenaires européens, mais force est de constater que la détermination vacille chez certains », regrette Benoît Hamon. D’après le ministre, le Royaume-Uni, en particulier, traînerait des pieds, après s’être montré très actif durant les premières phases de la crise.

Quant à la commission Européenne, « il lui revient d’accélérer la remise du rapport sur l’étiquetage de l’origine de la viande dans les plats transformés. (…) Nous attendons des propositions suite à la remise de ce rapport », ajoute Benoît Hamon. Si l’objectif affiché par cette démarche consiste à rétablir la confiance avec le consommateur, l’enjeu en termes d’emploi est aussi très lourd. « La filière agroalimentaire représente 500 000 emplois », rappelle Benoît Hamon, encourageant les professionnels à s’approvisionner auprès des producteurs hexagonaux. Les emplois de l’agroalimentaire sont principalement répartis en Bretagne et Pays-de-la-Loire, notamment pour la transformation de la viande. Suivent Rhône-Alpes, Nord-Pas-de-Calais et Ile-de-France. Au total, la filière agroalimentaire représente quelque 159 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Aujourd’hui, d’après les chiffres du ministère de l’Agriculture, la France demeure l’un des principaux pays producteurs de viande de l’Europe. Une position qui pourrait être consolidée, si le secteur agroalimentaire sort effectivement de la crise de la viande de cheval par le haut.

Visuel : Photos Libres

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