Le périlleux virage (...)

Le périlleux virage sur l’aile du "monde de demain"

Pour la sauvegarde de la planète comme pour celle des petits oiseaux, on ne peut que se réjouir de la disparition annoncée des lignes aériennes intérieures courtes lorsque les destinations appelées à être supprimées sont "couvertes" par des TGV. Ce devrait être le cas par exemple pour Paris-Bordeaux, Paris-Lyon et Paris-Nantes, dont la durée de vol est très largement inférieure à celle des opérations d’embarquement et de débarquement, pour ne rien dire du trajet final entre l’aéroport et la ville de la destination.
Dans les cas cités, les trains sont d’autant plus compétitifs en temps de voyage qu’ils arrivent en général en plein centre-ville.

Mais les TGV sont aussi souvent retardés par des caténaires défaillants, des vaches qui traversent imprudemment les voies, et autres incidents. Parfois aussi par des grèves de longue durée... Nos trains, de petites merveilles technologiques qui circulent sur un réseau fragile et saturé, seront-ils de taille à absorber les 4 millions de passagers qui voyagent habituellement en avion sur les lignes appelées à disparaître ?

Plutôt que de pratiquer des tarifs en piqué comme les compagnies low-cost, la SNCF dont les comptes sont en rouge vif ne sera t-elle pas tentée de faire effectuer une chandelle à ses prix avec la disparition de la concurrence ?
On peut "monter" aujourd’hui à Paris à partir de 19 euros, mais il faut ensuite débourser beaucoup plus, pour beaucoup moins de kilomètres, pour atteindre son but avec les lignes secondaires... Pour l’usager, ce sera moins d’offres, moins de solutions alternatives (en cas de grève par exemple) et, j’en prends dès à présent le pari, des tarifs à la hausse. Sans même parler des inévitables suppressions d’emplois (par milliers) dans un secteur aérien en santé éclatante il y a encore trois mois et aujourd’hui moribond, sous perfusion d’argent public.
Vraiment, ce virage sur l’aile écologique sera difficile à négocier, et pas forcément annonciateur d’un meilleur service pour les usagers.


Telle la Pythie de Delphes, le comité bidule, pardon la Convention sur le climat des 150 citoyens a rendu son oracle avec 149 propositions (y aurait-il donc eu un conventionnel endormi ?) Parmi celles-ci, deux propositions qui seraient soumises à référendum, dont la limitation à 110 kilomètres à l’heure sur autoroute. Après le "succès" rencontré dans l’opinion par le 80, demander l’avis du bon peuple sur un tel sujet revient à l’enterrer par avance. Moins d’avions, pas davantage de trains sur des réseaux saturés, vitesse limitée... comme on va être bien... à rester chez soi dans le monde de demain !

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