Légère baisse des cessions

Légère baisse des cessions de fonds de commerce, en 2013

Les 44 500 cessions de fonds de commerce de 2013 représentent une diminution de l’activité par rapport à l’année précédente. Mais sur le long terme, la tendance reste stable. Par secteur, par type d’entreprise et par régions, les tendances sont très diverses.

En 2013, 44 504 fonds de commerce ont été cédés en France, pour un total de 11,5 milliards d’euros. Le BODACC, Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales, et le cabinet d’études Altarès ont présenté le « baromètre des ventes et cessions de fonds de commerce » de l’année, lors d’une conférence de presse, le 27 mars, à Paris. « Au cours des cinq derniers exercices, en moyenne, nous avons enregistré 45 000 échanges chaque année. Le chiffre évolue assez peu », explique Thierry Millon, directeur des études du cabinet Altares. Après 2012, qui a été une année plutôt exceptionnelle, avec 48 622 transactions, 2013 marque donc un retour à la norme, avec un nombre de transactions qui diminue de 8,5%. Par ailleurs, « il faut anticiper pour réussir la vente. Entre le moment où les deux entrepreneurs se rencontrent et le moment où la transaction se fait et est publiée, il se passe un certain temps. Les cessions réalisées en 2013 ont pris naissance en 2012 » précise Thierry Millon.

Cette année, le prix moyen d’acquisition des fonds de commerce est de 191 066 euros. « En 2013, les chiffres sont supérieurs à ceux de 2009. C’est plutôt une bonne nouvelle. Mais par rapport à 2012, beaucoup de valeurs sont en déclin », note Thierry Millon. En fait, en 2012, le prix moyen était de presque 200 000 euros. La baisse est donc de 4%. Mais « quand la valorisation traduit une réalité d’activité, la transaction se fait au bon prix. (…) Les fonds de commerce vendus ont une vraie valeur (...) Lorsqu’une petite entreprise transmet son fond de commerce, c’est souvent des dirigeants qui ont créé l’activité et qui au bout de cette réussite, souhaitent vendre pour se faire une retraite. Il est important que ce prix soit élevé », estime Thierry Millon.

La pharmacie et le salon de coiffure

Les prix varient fortement, en fonction du type de métier, de la taille de l’entreprise, et aussi de son capital immatériel ou de sa réputation... Conformément à la tradition, les pharmacies continuent de représenter l’un des fonds de commerce les plus coûteux, largement au dessus du million d’euros. Dans le bâtiment, lorsque le fonds appartient à une petite entreprise qui pèse moins de 500 000 euros de chiffre d’affaires, il sera vendu à 81 000 euros environ. Si le chiffre d’affaires est supérieur à 10 millions d’euros, la vente se fera, en moyenne, à 653 000 euros. « il y a un effet d’accélérateur dans ce secteur, plus que dans d’autres », commente Thierry Millon. Dans l’industrie, le secteur du retraitement des déchets et du recyclage voit ses prix augmenter. Là, « il y a de vraies belles affaires à faire », estime Thierry Millon. En revanche, pour les services à la personnes, pour l’essentiel constitué de soins de beauté, coiffeurs... ce sont de « petites affaires qui se négocient chichement », commente Thierry Millon ( 64 400 euros la transaction, en moyenne). Autres exemples, le secteur hébergement, restauration-hôtellerie, débit de boissons, présente un prix moyen de 160 000 euros, alors que les activités bricolage et équipement du foyer se négocient à un prix avoisinant 125 000 euros, un montant stable depuis trois ans. Les activités d’assurance se situent bien au-dessus, avec la transaction moyenne autour de 292 000 euros.

La surprise des ETI

Les entreprises qui font l’objet de transactions sont « pour l’essentiel, des fonds de commerce de micro-entreprises, principalement des restaurateurs, des commerçants, souvent de détail », précise l’expert. En face, les acheteurs sont eux aussi de petite taille : la moitié d’entre eux sont des micro-entreprises. Autre spécificité, la même proportion a moins d’un an d’existence. La surprise, sur ce plan, vient des ETI, entreprises de taille intermédiaire : le nombre de transactions, (1598), dont elles sont parties prenantes a bondi de plus de 50% par rapport à l’année précédente. L’achat d’une entreprise « est devenu un moyen important de réaliser des opérations de développement, de croissance, en reprenant une activité qui existe, une marque, un fichier client. C’est rapide, agile, et opérationnel tout de suite », analyse Thierry Millon. Particularité, les ETI achètent des fonds de commerce plus coûteux que la moyenne nationale. Elles investissent environ 462 000 euros. Et elles sont présentes dans tous les métiers : bâtiment, activités de service, conseil, structures de sécurité ou nettoyage. Pour Thierry Millon, il s’agit là d’une tendance « très encourageante pour l’avenir ».

Une géographie contrastée

Pas de grande nouveauté, en revanche, sur le plan de la répartition géographique des cessions de fonds de commerce : l’Ile-de-France, conserve la tête du classement avec 20% des transactions, qui se concluent en moyenne à un prix bien supérieur à la moyenne : 267 000 euros. L’ Ouest aussi est très demandé. La Haute et la Basse-Normandie, en particulier, représentent un territoire attractif, notamment pour les secteurs des télécommunications, de l’électronique. « il y a une vraie appétence à aller sur ces territoires », note Thierry Millon. Là aussi, les cessions se négocient au-dessus de 200 000 euros. On passe, en revanche, sous cette barre dans le Nord-Pas-de-Calais, où le prix moyen est de 188 000 euros ( en hausse de 4%, par rapport à 2012). Mais la tendance est brutalement contrastée entre le Nord, qui augmente de 15%, avec 203 000 euros et le Pas-de-Calais qui chute de 7%, à 168 000 euros.

Un couloir transversal qui va de la Lorraine au Midi-Pyrénées est plutôt concerné par de petites industries manufacturières, ( prix de cession inférieur à 160 000 euros). Au plus bas, les prix de cession en Lorraine et Franche-Comté se situent en-dessous des 150 000 euros. Au global, pour l’analyste, « les chiffres de 2013 sont plutôt encourageants. Les fonds restent valorisés, cela veut dire que des repreneurs acceptent la prise de risque et trouvent les financements. (…) La dynamique des ETI est encourageante sur les perspectives à venir ». Les premiers mois de 2014, toutefois, restent « compliqués ».

Visuel : © Emilian Robert Vicol

deconnecte