Les laboratoires pharma

Les laboratoires pharma US face à 2 scénarios

  • le 6 septembre 2016

Malgré des investissements privés et publics élevés, les indicateurs de santé aux Etats-Unis sont moins bons que la moyenne de 12 pays avancés

Après la mise en place progressive de l’Affordable Care Act améliorant l’accès de la population à une couverture santé à des coûts contenus, un autre point crucial s’invite aux programmes des candidats à la présidence des Etats-Unis : la baisse des prix des médicaments coûteux sur ordonnance. En effet, 3 faillites personnelles sur 5 sont dues aux dettes médicales car la couverture santé reste inégalitaire et, contrairement aux autres pays avancés, les prix des médicaments aux Etats-Unis sont librement imposés par les industriels. Ces derniers les justifient par des dépenses élevées en R&D et une durée d’exploitation moyenne des brevets relativement courte au niveau mondial. Malgré le choc de l’économie américaine de 2008-2009, les prix des médicaments n’ont cessé de croître sans phase de ralentissement.

Aujourd’hui, les Etats-Unis sont le pays avancé investissant le plus de moyens dans la santé (17,1% du PIB en 2014). Or, les résultats sont loin des standards occidentaux[1] : une moindre espérance de vie, un taux d’obésité deux fois plus élevé, un taux de mortalité infantile plus important, une forte prévalence d’au moins 2 maladies chroniques chez les seniors.

Le scénario de baisse des prix des médicaments est peu probable à court terme

L’Etat fédéral est actuellement en peine de contrôler les prix des médicaments, contrairement à des systèmes publics européens, en raison de la fragmentation du paysage des payeurs et de leur plus faible poids. Par ailleurs, au-delà du développement de la couverture santé, l’Affordable Care Act ne vise pas la diminution des prix des médicaments.

De ce fait, Coface envisage deux scénarios d’évolution des prix des médicaments aux Etats-Unis.

A court terme, Coface prévoit une hausse des prix de 9,3% à fin 2016 (après 7,2% en 2015 et 8,5% en 2014), principalement suite à l’arrivée sur le marché de médicaments de spécialité excessivement coûteux. Dans ce contexte propice pour les industriels, le secteur pharmaceutique d’Amérique du Nord rejoint la catégorie « risque faible », selon l’échelle des évaluations de Coface.

A long terme, dans une hypothèse de réforme du système (de plus en plus évoquée), la potentielle baisse des prix aurait des conséquences positives sur les patients mais réduirait la profitabilité des industriels. Un exemple est parlant. Si le prix français (se trouvant dans la fourchette basse des prix pratiqués en Europe) s’appliquait aux Etats-Unis, le chiffre d’affaires du médicament Harvoni chuterait de 45%.

L’effet sur la R&D ne serait pas négligeable non plus : étant donné que le coût nécessaire à la mise sur le marché d’une molécule se situe entre 1 et 1,5 milliard de dollars, une réduction des prix pourrait entraîner une importante baisse des dépenses en R&D. L’impact serait plus élevé encore si l’entreprise avait une forte présence en Europe où le prix est fixé via les systèmes de santé, ce qui réduirait les incitations à investir dans la R&D.

Selon une étude menée par Coface et disponible à la fin août

deconnecte