Les Petites Affiches (...)

Les Petites Affiches des A-M : 150 ans d’annonces légales et d’innovations

Le plus ancien journal d’annonces légales des Alpes-Maritimes est toujours en quête de nouveaux contenus rédactionnels et de nouveaux services à proposer à ses abonnés.

L’hebdomadaire maralpin d’information juridique, économique, politique et générale, journal d’annonces légales (JAL) habilité, fait partie du club restreint des journaux fondés au XIXe siècle toujours publiés. Mais ils sont quelques-uns, des quotidiens, à afficher une longévité plus grande : Le Journal de Saône-et-Loire (1826), L’Indépendant (1846), Le Figaro (1854) ou encore Le Progrès (1859). A l’origine, « Les Petites Affiches du département des Alpes-Maritimes » (le nom complet) sont un « Recueil des Annonces Judiciaires, Légales, Actes et Dissolutions de Sociétés, Avis du Tribunal de Commerce, des Justices de Paix, Avis divers, Arrêtés Préfectoraux et Municipaux, Annonces commerciales, etc., etc. ».

Le premier numéro, qui coûtait 5 centimes, a été publié le 9 juillet 1872.

Dans une tribune à la une, intitulée « Notre but », les fondateurs expliquent : « Suivant les conseils qui nous ont été donnés par un grand nombre de personnes attachées au barreau (…) nous fondons aujourd’hui, sous le nom de PETITES AFFICHES, un recueil qui renfermera toutes les annonces, soit légales, soit commerciales, soit ordinaires ; les avis divers, les offres et demandes d’emploi, les ventes, achats, locations, etc., etc., un bulletin indiquant le cours des valeurs cotées à la bourse, les communications de la Chambre de commerce, l’état civil de la ville de Nice, les arrêtés préfectoraux et municipaux, les ordonnances, décrets et avis ministériels pouvant intéresser notre département, les fluctuations des caisses d’épargnes de notre ressort, etc. ». L’ambition originelle des fondateurs est de laisser « de côté tout ce qui pourrait toucher à la politique générale ou même locale  ». «  Nous nous occuperons simplement des faits divers qui se produiront dans le pays, plus spécialement des questions légales et des faits s’y rattachant par quelque point. Nous donnerons régulièrement un résumé de tous les procès importants et notamment de ceux qui apporteront quelque modification, quelque changement à la jurisprudence. (…) Nous ne nous dissimulons pas que la tâche que nous entreprenons est difficile, qu’elle demande un travail pénible, assidu. Peu nous importe, car, nous sommes convaincus que magistrats, notaires, avocats, avoués, tous nous aideront de leurs lumières, tous voudront apporter une pierre à l’édifice que nous élevons  », écrivent-ils également.

Volonté d’innover

Un siècle et demi plus tard, le journal, toujours fidèle à ses origines juridiques mais aussi mû par une forte volonté d’innover, est devenu un média « à 360 degrés », selon l’expression de François-Xavier Ciais, gérant de la Société nouvelle des Petites Affiches : un hebdomadaire (couvrant prioritairement l’actualité juridique et économique dans les Alpes-Maritimes), un site internet, une présence sur les réseaux sociaux, une application mobile et une web TV (PA TV) qui diffusera très prochainement une série « à la Netflix » consacrée aux entrepreneuses et entrepreneurs du territoire.
Mais la liste des services proposés aux abonnés ne s’arrête pas là : une application mobile pour les ventes aux enchères (la première en France), la première plateforme BtoB de dématérialisation des annonces légales (smart legal), un site internet de vente aux enchères et une boutique en ligne proposant de la papeterie financière pour les professionnels de l’immobilier, du chiffre et du droit. Et il ne faut pas oublier le supplément culturel Art Côte d’Azur (un site internet et un magazine) et le site Immotertiaire, qui référence les annonces immobilières de bureaux dans les Alpes-Maritimes et le Var. Depuis deux ans, Les Petites Affiches sont aussi le seul média local à être habilité pour les annonces dans deux départements, le 06 et le 83. « On a toujours été très innovants », assure François-Xavier Ciais. Si Les Petites Affiches ont tenu bon jusqu’ici, ce fut d’abord grâce à un actionnaire historique important, l’agence Havas, puis grâce à la famille Ciais, propriétaire d’une imprimerie, sur trois générations : Marcel, Jean-Marie et François-Xavier. L’agence Havas (dont une partie est devenue l’Agence France-Presse à la fin de la Seconde guerre mondiale) a été la première agence de presse au monde mais elle a aussi développé fortement sa branche publicité, avec une politique de rachat offensive. Forte de cet actionnaire, Les Petites Affiches ont ainsi absorbé en 1943 le Bulletin du palais (Nice), Les Échos judiciaires des Alpes-Maritimes, L’Avenir commercial et judiciaire des Alpes-Maritimes et Les Annonces légales, économiques et judiciaires des Alpes-Maritimes.

« Pas un petit journal »

Jean-Marie Ciais se souvient d’un intérêt de son père, Marcel, pour le monde juridique. « C’est quelque chose qui l’intéressait et puis il a eu l’opportunité d’acheter une petite partie des Petites Affiches  ». Preuve de son intérêt et de sa volonté d’innover dans ce milieu, Marcel Ciais est à l’origine des tableaux synoptiques (permettant de présenter plusieurs informations de manière synthétique) que l’on trouve toujours dans les Petites Affiches aujourd’hui : les ventes aux enchères immobilières, les ventes de fonds de commerce, les domaines, les gérances et les procédures collectives et faillites. Jean-Marie Ciais prend la suite de son père pour gérer le journal mais l’imprimerie occupe « 90 % de son temps » et il ne peut pas le développer comme il le voudrait. Alors il fera en sorte que le journal poursuive tranquillement son existence. « C’est bien d’être arrivé là mais il a fallu changer », souligne-t-il aujourd’hui. « C’était devenu un peu dormant  ». Et c’est avec son fils, François-Xavier, que Les Petites Affiches vont réellement se réveiller. Mais Jean-Marie Ciais a dû âprement négocier avec les autres actionnaires du titre, dont le mastodonte Havas, afin d’avoir les coudées franches pour permettre de donner au journal le tournant souhaité. « Un beau jour, on a réussi à les persuader que dans leur galaxie, (le journal) ne représentait rien », raconte Jean-Marie Ciais. Et à partir de 2008, François-Xavier Ciais commence à mettre en place ses idées afin de transformer Les Petites Affiches et de les faire évoluer vers le multimédia et d’ajouter différents services pour les abonnés. Dans les années 1960, les pages du journal laissaient apparaître ici ou là de courts messages d’autopromotion bien pensés : « Les Petites Affiches… sont un journal petit, mais pas un petit journal  » ou encore « Ne dites pas, je ne savais pas, lisez Les Petites Affiches ».

Maintenant vous savez : Les Petites Affiches ont 150 ans. Alors, bravo, et encore un bon anniversaire aux PA !

Des chroniques aux rubriques

Pendant très longtemps, Les Petites Affiches ont publié des articles juridiques, rédigés par des experts ou des journalistes spécialisés, très pointus mais pas forcément faciles d’accès. Au milieu des années 2010, le directeur de la publication, Jean-Marie Ciais, et le directeur général, François-Xavier Ciais, décident de modifier l’hebdomadaire en profondeur afin de lui donner un nouveau souffle.
Ils font appel à Olivier Biscaye, ancien directeur des rédactions de Nice-Matin/Var-Matin/Corse-Matin et consultant médias, qui accepte la mission. L’actuel directeur de la rédaction de Midi-Libre réorganise alors Les Petites Affiches avec un sujet central à la une, des rubriques bien identifiées (juridique, économie, entreprise, interview, dossier, magazine…), un éditorial, un décryptage… Dans l’édito du premier numéro du « nouveau » journal, en janvier 2016, Jean-Marie Ciais écrit que « nous souhaitons que les Petites Affiches ne se résument plus seulement dans le futur à un simple outil de travail pour nos clients, mais deviennent pour tous les professionnels et particuliers qui les reçoivent le partenaire que l’on amène chez soi pour avoir la possibilité de porter un regard plus approfondi et détendu sur l’information aperçue dans nos colonnes  ». Mais Olivier Biscaye, appelé à d’autres activités, ne peut pas faire vivre lui-même ce nouveau journal et souffle le nom de Jean-Michel Chevalier, ancienne plume aguerrie de Nice-Matin, aux dirigeants des Petites Affiches. Il leur propose alors de faire un journal toujours orienté droit mais en le rendant plus accessible et en lui donnant une teinte beaucoup plus locale. « Le journal était ancré dans le droit mais pas dans le territoire. J’ai recentré sur le département et sur l’économie », confie Jean-Michel Chevalier. Le journal est aussi progressivement passé du noir et blanc à la couleur, gagnant en attractivité. La couleur (orange) a fait son apparition à la une, en même temps qu’un nouveau logo, en février 1990. Les photos dans le journal sont arrivées à partir de 2000 et le journal est intégralement en couleur depuis le 1er février 2018.

Quelques repères historiques

Quand Les Petites Affiches des Alpes-Maritimes ont été publiées pour la première fois le 9 juillet 1872…
… La IIIe République fête bientôt ses deux ans et le président de la République est Adolphe Thiers.
… Le préfet des Alpes-Maritimes est le Marquis Marie Joseph Raymond de Villeneuve-Bargemon.
… Le maire de Nice est Auguste Raynaud.
… Le maire de Grasse est Joseph Roubaud.
… Le Carnaval « moderne » de Nice n’existe pas encore (sa première édition date du 23 février 1873).
…. L’homme politique français Léon Blum et le peintre néerlandais Piet Mondrian n’ont que quelques mois.

Les Petites Affiches en trois chiffres

4 125 journaux publiés depuis 1943 (date de l’absorption par Les Petites Affiches du Bulletin du palais, des Échos judiciaires des Alpes-Maritimes, de L’Avenir commercial et judiciaire des Alpes-Maritimes et des Annonces légales, économiques et judiciaires des Alpes-Maritimes).
1 million d’annonces publiées environ (d’après nos estimations).
50 millions de lignes d’annonces (d’après nos calculs).

Photo de Une : François-Xavier et Jean-Marie Ciais devant le siège niçois des PA. ©S.G

deconnecte