Les salariés heureux (...)

Les salariés heureux sont-ils plus productifs ?

Les dirigeants de PME sont persuadés que les performances de leurs salariés sont liées à la qualité de vie au sein de l’entreprise. Et même s’ils s’estiment moins bien armés que les grands groupes pour mener une politique à ce sujet, certains s’efforcent de mettre en place des mesures

Une PME dans laquelle les salariés se sentent bien à tout à y gagner.

Tel est l’avis des dirigeants d’entreprises interrogés dans le cadre de l’étude « les enjeux des PME et la qualité de vie au travail ». Celle-ci était présentée par Sodexo, entreprise de services aux entreprises et particuliers, son commanditaire, le 29 janvier à Paris.

L’enquête a été réalisée par TNS Sofres par entretiens téléphoniques auprès de 801 dirigeants de PME de 10 à 100 salariés, en France. L’enjeu visé est de taille, car ces entreprises sont confrontées à des difficultés spécifiques en matière de ressources humaines. « Les dirigeants des PME sont 70% à déclarer avoir des difficultés à recruter », remarque Anna Notarianni, directrice générale de Sodexo services avantages et récompenses France.

Autres soucis évoqués : la fidélisation des talents et la réduction de l’absentéisme. A la base, chez 77% des patrons interrogés, « il y a un sentiment exprimé d’écart ou de faiblesse, lorsqu’ils se comparent aux grandes entreprises. Ils ne disposent pas des mêmes moyens, des mêmes leviers pour faire ce travail, fidéliser ou attirer les talents… », poursuit Anna Notarianni. Sur le terrain, comme ils se sentent moins performants que les plus grandes entreprises, dans des domaines comme le niveau des salaires, la qualité d’une mutuelle proposée ou les possibilités d’évolution professionnelle, ils tentent de développer d’autres aspects de la qualité de vie au travail, tels une souplesse accordée pour permettre un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et privée, la polyvalence des tâches, une ambiance conviviale…

En effet, plus de 80% des dirigeants considèrent qu’il existe un lien entre la qualité de vie au travail et les performances de l’entreprise.

« Les chefs d’entreprise déclarent avoir observé un impact positif, à partir du moment où ils ont mis en place au moins une mesure en faveur de la qualité de vie », précise Anna Notarianni. Exemple, sur l’absentéisme. Et l’effet constaté est d’autant plus fort que le nombre d’actions mises en place croît, d’après l’étude. Le constat est le même, sur la facilitation du recrutement ou la réputation de l’entreprise. « Ce lien se retrouve aussi en matière économique », ajoute Anna Notarianni. Des salariés qui disposent d’une meilleure qualité de vie au travail sont plus efficaces et plus productifs. Au total, « c’est un pari gagnant gagnant », commente Anna Notarianni.

Les « éclaireurs » et les « agnostiques »

En fonction de leur plus ou moins grande croyance dans les vertus du bien-être au travail et du nombre d’actions effectivement mises en oeuvre, les chefs d’entreprise ont été classés par les analystes de TNS Sofres, selon différents profils, qui correspondent à des types d’entreprises très différentes.

En tête, les « éclaireurs » ( 12% de l’échantillon) mettent en place de nombreuses actions destinées à accroître la qualité de la vie au travail. « Ce sont en général des entreprises de services situées en région parisienne, qui comptent une grande proportion de cadres. Ce sont souvent des entreprises de la nouvelle économie », commente Eric Chauvet, directeur chez TNS Sofres .

Les « agnostiques » (26%), eux, mènent des actions, mais c’est surtout le souci de fidéliser leurs salariés qui les motive.

Les « convaincus » (22%) œuvrent souvent dans le domaine des services.

Quant aux « réfractaires », (24%) ils se recrutent plutôt dans « la petite industrie, ou le gros artisanat », explique Eric Chauvet. Les « pragmatiques » (16%) se trouvent souvent dans les entreprises du BTP et de la distribution. « je suis pile au centre, à mi-chemin entre les pragmatiques et les éclaireurs », commente, pour sa part, Anne Claire Long, DRH chez Michel et Augustin, PME de l’agroalimentaire, qui compte 70 collaborateurs. « Nous sommes convaincus qu’il est mieux d’être heureux d’aller travailler, qu’il faut agir pour cela et nous menons des actions concrètes (…) Mais nous restons une PME avec des préoccupations de PME », précise la DRH. Concrètement, pour financer ces actions, « les investissements ne seront jamais considérables », ajoute Anne Claire Long. Chez Michel et Augustin, on préfère conserver le coté « spontané » à cette démarche initiée par les deux fondateurs de la société, Augustin Paluel-Marmont et Michel de Rovira, dès sa création.

Photo de Une : Photos Libres

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