Macronisation : mais (...)

Macronisation : mais qui financera les nouvelles gares routières ?

Le réseau de terminus routiers, en piteux état, doit bientôt s’ouvrir à l’ensemble des transporteurs. Le ministre Macron, à qui l’on doit la libéralisation du transport par autocar, espère la construction de nouvelles infrastructures, mais sans avancer de financement.

L’autocar parvient enfin à destination, après un long trajet sur l’autoroute, auquel s’ajoute une heure perdue dans les embouteillages de la banlieue parisienne. Le car vient de l’est du pays, mais la gare routière se trouve à l’ouest de Paris. Un curieux choix alors que la capitale dispose d’un terminus situé dans son immédiate banlieue est, à Bagnolet. Mais l’autocar appartient à la compagnie Flixbus, tandis que la gare de Bagnolet est la propriété de la société Transdev, filiale du groupe Veolia. Seuls les bus des compagnies Eurolines et Isilines ont le droit d’y stationner.
Ce type d’incohérences, que l’on retrouve ailleurs en France, devrait être remis en cause par l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer), qui prend, cet automne, le relai de l’Araf, jusqu’alors consacré aux seules activités ferroviaires. Le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, dont le nom est désormais accolé aux autocars qui circulent sur les autoroutes, l’a promis lors d’une « table ronde » réunie le 28 septembre, à Bercy.

Le ministre et son collègue Alain Vidalies, en charge des Transports, voulaient faire le point sur ce qui apparaît depuis l’été comme l’une des faiblesses de la libéralisation du transport routier de voyageurs. Dans un communiqué publié à l’issue de la réunion, ils ont indiqué qu’une ordonnance viendrait « d’ici six mois » donner un cadre aux gares routières. Les élus locaux, représentés par la sénatrice Fabienne Keller (Bas-Rhin, Les Républicains), les autocaristes, l’association des concessionnaires d’autoroutes, mais aussi le patron d’Aéroports de Paris, Augustin de Romanet, ont exprimé leurs espoirs, ainsi que leurs inquiétudes.

Mais une « gare routière », c’est quoi, exactement ?

Le dossier n’est pas simple. Si quelques terminus relèvent uniquement des compagnies privées, la plupart des gares sont gérées par les collectivités locales, qui y stationnent leurs bus urbains et autocars interurbains. Elles sont généralement situées à proximité des gares SNCF et ont pu être récemment rénovées, comme à Toulon ou à Grenoble, sans toutefois offrir au voyageur tout le confort que l’on trouve dans les terminus ferroviaires.

Entre deux grandes villes, depuis l’été, les « autocars Macron » s’arrêtent, en outre, là où ils le peuvent, sur les aires d’autoroute, les parkings de supermarché ou les zones réservées au covoiturage. Aucun panneau n’indique généralement l’arrêt, choisi pour sa proximité avec les axes routiers et éventuellement pour sa desserte par un transport en commun.

Pour Alain Vidalies, le travail des professionnels réunis dans la « table ronde » consiste dans un premier temps à « définir ce qu’est une gare routière, une halte, un point d’arrêt ». Ensuite, on pourra envisager, si nécessaire, la construction de nouvelles infrastructures. Ou la rénovation des ouvrages actuels. Car certains terminus, à l’image de la « gare Pershing », porte Maillot, à Paris, ne proposent aux voyageurs ni sièges, ni toilettes, ni abri chauffé.

Mais qui financera ces travaux ? Tout le monde se renvoie la balle. « Cela n’a pas été budgété », répond Emmanuel Macron. « Les collectivités locales n’ont plus d’argent », affirme Fabienne Keller. « Nous ne saurions assumer seuls cet investissement », indique Raphaël Daniel, responsable de la communication de Flixbus, une compagnie allemande qui a pris place sur le marché français début août. En Allemagne, justement, souligne le ministre de l’Economie, « les autocaristes contribuent » à la construction des gares.

Une source de financement pourrait provenir… des voyageurs eux-mêmes. Jusqu’à présent, les prix des trajets demeurent faibles, voire bradés : Paris-Strasbourg à 1 euro, Lyon-Marseille à 5 euros, Bordeaux-Nantes à 9 euros. Mais dans quelques années, voire dans quelques mois, « les prix vont se stabiliser », souligne Raphaël Daniel. Autrement dit, certains acteurs, vaincus par la concurrence sans pitié, vont renoncer, et les autres pourront fixer des tarifs plus conformes à la réalité de leurs coûts. Quitte à ce qu’une petite partie de cette manne soit ponctionnée pour construire des gares routières.

Photo de Une : Gare routière - Visuel non contractuel
© CASQY - P. Guegan

deconnecte