Mais qui donc paiera (...)

Mais qui donc paiera finalement le "zéro reste à charge" ?

Bon sang mais c’est bien sûr ! dirait, en tirant sur sa bouffarde, un certain commissaire pris d’une illumination à la fin d’une enquête policière. C’est même à se demander pourquoi on a attendu si longtemps pour mettre en place ce qui relève à la fois du bon sens et de l’égalité de tous devant la santé.
Je veux parler ici des intentions du gouvernement qui, par la voix du Premier ministre à l’occasion de son discours de politique générale à l’Assemblée, a promis que "d’ici la fin du quinquennat, tous les Français auront accès à des offres sans aucun reste à charge pour les lunettes, les soins dentaires et les aides auditives".
Enfin, est-on tenté de dire. Les personnes âgées aux petites retraites, les agriculteurs qui vivent sous le seuil de pauvreté, les étudiants qui renoncent à des repas faute de moyens financiers suffisants, les malades qui doivent encore "avancer" les frais avant d’attendre les remboursements, peuvent en effet se réjouir de cette volonté affichée.
Si cette réforme est menée à son terme en cette période de vaches maigres, elle aurait sans doute pu être déjà accomplie il y a longtemps, lorsque les comptes publics ne présentaient pas encore des gouffres abyssaux...
Mais il ne faut pas s’imaginer que demain on soignera "gratis", comme le barbier du proverbe, car tous les appareillages dentaires, visuels et acoustiques ont un prix, que quelqu’un devra payer.
Les regards du gouvernement se tournent alors vers la Mutualité, qui a chiffré à 4,4 milliards (!) le coût du "zéro reste à charge". On imagine déjà les conséquences sur nos complémentaires, et sur le montant des cotisations des adhérents...
Au final, le "malade-consommateur" sera t-il gagnant ? Cela reste encore à démontrer.
Pour réussir ce pari de solidarité et de justice sociale - les "pauvres" ont droit aux mêmes soins que les "riches" - il faudra réussir à convaincre tous les professionnels de la filière d’agir sur les prix et sur les pratiques pour faire quelque part les économies nécessaires sans que la qualité des soins et des matériels ne soit revue à la baisse.
Autrement dit, le gouvernement et les mutuelles pourront jouer sur les curseurs de la prise en charge du régime général, de la baisse des prix des appareillages et du niveau de cotisations.
Une fine alchimie, sociale et politique, qui d’ici cinq ans permettra aux adhérents d’apprécier si le remède n’a pas été pire que le mal...

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