Marc-Olivier Taccard, (…)

Marc-Olivier Taccard, premier de cordée

Tel un alpiniste, il a ouvert une voie, s’engageant sur une paroi que certains jugeront périlleuse. Il y a un an, l’ancien journaliste a créé à Nice une librairie spécialisée dans le sport. Un lieu unique.

Le sport, c’est aussi de la littérature

Marc-Olivier et Pierre ©M.E

Lundi matin, Pierre pousse la porte du Vestiaire à MoT, attiré par les livres rouges. « Une collection de livres de montagne que la plupart des libraires sont très frileux à conserver : les éditions Guérin-Paulsen… » La conversation s’engage sur le challenge des « 14 » à 8 000 mètres, sur les ascensions des sommets de la région. On se remémore les lectures de jeunesse, Frison-Roche… Marc-Olivier Taccard touche là le public qu’il affectionne particulièrement. «  Parce que la littérature sportive, ce n’est pas que la biographie de Ronaldo ou d’Antoine Dupont, c’est aussi des ouvrages sur le Tour de France pendant la Seconde Guerre mondiale, (…) sur l’éloge du rugby, les ascensions, la résilience et le courage des alpinistes. J’ai imaginé cette librairie comme une librairie indépendante normale avec les mêmes thématiques, les BD, les mangas, la littérature, les Poche, l’histoire, la philosophie, la cuisine… avec un accent sportif prononcé  ». C’est ainsi qu’on découvre qu’Agatha Christie et Jack London ont écrit sur le surf, qu’Albert Camus était gardien de foot ou encore qu’Albert Londres a suivi le Tour de France en 1924 (Les forçats de la route).

Café et fléchettes

L’espace de coworking est très apprécié pour travailler, mais pas que ! ©M.E

On y trouve 3 000 titres sur le sport, dont des pépites qui enchantent les lecteurs comme Geneviève, une habituée : «  Moi, les livres c’est ma vie et j’ai découvert, ici, la littérature sous un autre angle, celui des écrivains qui aiment le sport, comme Colette qui faisait de la gym et de la boxe, ou l’anthologie littéraire du sport, de Homère à Blondin. » L’ancien journaliste sportif a fait des émules dans le quartier. Et pas seulement. « Un supporter lensois vient faire le plein de livres à chaque déplacement à Nice.  » Le libraire confie sentir « poindre un plus large intérêt pour le vestiaire  » mais il en a conscience «  la littérature ne suffit pas. C’est risqué, on gagne peu d’argent, les marges sont réduites, notamment avec le prix unique du livre. J’ai suivi une formation sur les métiers de la librairie et ils conseillaient de diversifier les activités, d’où les espaces de coworking qui assurent un meilleur taux de rentabilité car, à Nice, ces endroits sont recherchés. » Les deux salles sont occupées ce jour-là. Alice, du groupe Ironman, apprécie cet univers de travail. « Nos bureaux sont en travaux donc on est venu ici. C’est agréable, les tarifs sont attractifs. Pour la pause, on peut faire un tour à la librairie, boire un café et jouer aux fléchettes (rires). » Marc Olivier Taccard souhaite favoriser les échanges et le partage.

« Causeries » pour les entreprises

« J’ai fait du sport ‘co’, c’est l’école de la vie, j’ai besoin de retrouver un collectif ! Presque tous les soirs, il y a des ateliers. Ce soir, Initiative Nice Côte d’azur organise un digital Lab, demain atelier d’écriture avec Bernard Deloupy. Parfois c’est du slam, de la philo… Le but, c’est de rassembler les gens autour de thématiques pour créer la dynamique du lieu. Et dans la même veine, je lance des causeries destinées aux entreprises pour donner un nouvel élan aux équipes à travers l’écriture, le dessin, l’intervention de sportifs de haut niveau. » Le Vestiaire est né à Nice. « Dans cette ville, il y a un réel état d’esprit sportif, le maire est un ancien pilote de moto, il insuffle une dynamique. On y pratique aussi bien l’alpinisme que la voile. Et beaucoup de cyclistes vivent dans le coin. En 2024, quand j’ai ouvert, il y avait les Jeux et l’arrivée du Tour sur la Prom’. » Le libraire ambitionne de transposer le concept ailleurs : « C’est le rêve ultime dans ma trajectoire d’entrepreneur de créer d’autres petits vestiaires dans d’autres villes sportives, comme Toulouse, Bordeaux ou Lyon. » L’entrepreneur ne fait que commencer son ascension.

Première bougie pour la première librairie spécialisée dans le sport à Nice - ©M.E

Photo de une ©Marine Einaudi