Marcel Ragni veut mettre

Marcel Ragni veut mettre l’industrie « un peu plus au soleil »

Le nouveau président de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) Côte d’Azur entend consacrer beaucoup de son temps à faire briller son secteur d’activité.

Pourquoi avez-vous souhaité être président de l’UIMM06 ?

- Je trouvais que cela coulait de source. Dans l’industrie depuis 50 ans et ayant une entreprise familiale que j’ai transmise lentement mais sûrement, pour qu’elle perdure, je me suis dit qu’arrêter ma profession et garder tout mon acquis pour moi, c’était dommage. Pouvoir mettre mon expérience au profit de l’UIMMet en faire bénéficier tous les membres adhérents était quelque chose de normal. J’avais envie de poursuivre ma mission de passionné, au service des autres. La présidence de l’UIMM, c’est du bénévolat donc ce n’est que pour le plaisir de le faire et d’apporter une petite touche personnelle pour compléter le travail qui a déjà été fait.

Vous avez certainement beaucoup échangé avec Daniel Sfecci, votre prédécesseur ?

- Je le connais depuis 38 ans. C’est Daniel Sfecci qui m’a donné goût à l’UIMM. C’est lui qui m’y a attiré, à une époque où je n’y pensais pas du tout. Il y a vraiment un travail à faire entre les partenaires sociaux, les entreprises et le personnel. Il y a une action intéressante à mener.

Quels sont les principaux défis à relever ?

- Il faut déjà terminer le travail entrepris auparavant, accompagner les entreprises dans le cadre de la nouvelle convention collective (voir encadré p.2 ou 3) et œuvrer pour une industrie forte et locale. L’industrie représente un peu plus de 30% du PIB sur le secteur des Alpes-Maritimes. Et on sait que quand il y a eu le Covid, heureusement qu’il y avait l’industrie pour faire tourner le monde économique. L’UIMM a été un lien très fort pour les industriels qui se perdaient un peu dans tous les décrets, toutes les réglementations, les PGE... L’UIMM a porté secours à ceux qui ne comprenaient pas ou qui ne savaient pas par quel bout commencer. 2020 a été une année où il y a eu très peu de fermetures d’entreprises. Forte de ce que l’Etat a pu faire, l’UIMM s’en est saisie avec un support juridique très important auprès des administrés. Mes services au sein de RAGNI ont énormément utilisé les conseils et les appuis de l’UIMM. L’UIMM était déjà connue mais cela a donné encore plus de sens à son utilité. Et cela a pesé énormément dans la balance pour que j’en devienne le président. Cela a été un déclic.

Le discours a changé sur l’industrie. On parle de réindustrialisation. Mais ce n’est sans doute pas suffisant, que faudrait-il faire de plus ?

- Il y a une phrase d’Emmanuel Macron qui a été relayée lors du premier confinement : il faut redonner une souveraineté industrielle à la France. Ce message date de deux ans maintenant et aujourd’hui je pense que le Made in France devient vraiment une marque dans la tête des gens. Ils regardent s’il y a le petit drapeau bleu, blanc, rouge. Nous, les industriels, avons toujours œuvré pour le Made in France mais nous étions peut-être un peu effacés et je pense qu’il faut se servir de cela pour que cette parole forte de relocalisation et de création d’entreprises redonne envie. On sent vraiment qu’il y a une volonté de l’Etat d’accompagner l’industrie, contrairement à plusieurs années en arrière. Il faut redonner un essor à cette industrie pour qu’elle devienne plus importante. Il y a quelques années, l’industrie donnait une image de tâches difficiles, de saleté, les mains dans le cambouis... Elle s’est transformée car il a fallu que l’industrie s’adapte au manque de personnel. Elle s’est modernisée, elle s’est robotisée. Cela a enlevé de la pénibilité et cela a fait baisser les prix de revient donc on est devenu plus performants. On a donné envie de venir travailler chez nous, par les salaires et par la modernité des métiers. Si je prends l’exemple de mon entreprise, on a travaillé sur la RSE (responsabilité sociétale des entreprises), sur le confort au travail... Je pense que l’image de l’industrie a été redorée. A nous de la faire briller encore plus. A nous d’avoir un discours très positif sur le besoin de l’industrie en France et sur l’intérêt de venir travailler dans l’industrie. L’industrie est restée longtemps dans l’ombre, aujourd’hui il faut la mettre un peu plus au soleil. Mon rôle, c’est de défendre l’industrie et de la porter haut et fort.

Comment est vécue la nécessaire transition écologique par les acteurs du secteur ?

- Il faut faire entendre aux chefs d’entreprise que la RSE, et le développement durable, c’est un facteur de croissance et un facteur de bénéfices. Chaque fois qu’on gère bien nos déchets, qu’on gère bien notre production, le plus proprement possible, chaque fois qu’on gère bien l’énergie, on fait des économies. Il y a tout à gagner, il faut vraiment s’y pencher. Au sein de mon entreprise, j’ai mis en place un service RSE, dialogue et développement durable depuis plus de cinq ans. Je l’ai mis en place parce que j’y croyais, pas pour faire le buzz. Il faut changer les mauvaises habitudes.

L’UIMM acteur de la formation et de l’emploi

"À l’UIMM, nous sommes des acteurs de longue date au niveau de la formation", explique Serge Carrière, secrétaire général de l’UIMM06.
"On est déjà des acteurs auprès des Académies et des Universités, notamment à travers nos 130 pôles de formation dans toute la France. Notre pôle de formation régional est basé à Istres. Il travaille en partenariat avec des lycées par exemple. Ce que l’UIMM porte en termes de déploiement de formations peut répondre aux attentes des entreprises, aussi bien en interne qu’en externe. Chaque fois qu’on aborde des sujets d’évolutions technologiques qui vont rentrer dans les usines, forcément les besoins en compétences de nos chefs d’entreprise vont être liés. Donc on est en amont pour essayer d’anticiper ces futurs besoins et de mettre en place de bonnes formations qui vont permettre d’apporter la réponse à ces chefs d’entreprise". Serge Carrière ajoute qu’il faut aussi "une réponse à court terme" pour les besoins de recrutement liés à la reprise économique. C’est ce que fait l’UIMM en collaborant avec les acteurs de l’emploi que sont Pôle emploi et l’APEC. ’"On va aller chercher du savoir-être ou une envie de reconversion", confie-t-il.
"Il faut travailler avec l’Académie mais aussi avec les acteurs. Aujourd’hui trop peu d’acteurs prennent des alternants, des apprentis ou des stagiaires", regrette Marcel Ragni. "On doit comprendre que les jeunes d’aujourd’hui seront les acteurs et les dirigeants de demain. On l’oublie bien souvent quand on est chef d’entreprise".

Photo de Une : ©S.G

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