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Marché automobile : un bond en arrière de 48 ans

Les ventes de voitures neuves en France ont reculé en 2020 à leur niveau de 1972. Dans un contexte de crise, seul le marché des véhicules électriques et hybrides a progressé.

1972. Cette année-là... La première Renault 5 sortait des chaînes de production. Et la petite voiture de la marque au losange s’apprêtait à devenir le modèle le plus vendu en France pendant 10 ans. En 2020, le marché automobile hexagonal a fait un bond en arrière de 48 ans, revenant à son niveau de 1972. Les ventes de voitures neuves se sont écroulées de 25,5%, selon les chiffres du Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA).
C’est un recul historique qui a été révélé le 1er janvier. En 2020, à peine plus de 1,65 million de voitures particulières ont été immatriculées dans le pays. Jamais, même au cours des différentes crises du secteur durant les dernières décennies, le marché n’était descendu en dessous de 1,7 million d’unités. Les véhicules utilitaires légers et ceux de plus de 5,1 T sont également touchés par une baisse sévère, respectivement -16,1% et -24,5%.
L’ex-motorisation préférée des Français a du plomb dans le réservoir. En 2020, les ventes des voitures diesel ont régressé de 3,5%. Elles ne détiennent plus que 30,6% de parts de marché. Ces chiffres confirment la tendance baissière dont souffrent les moteurs au gazole, qui représentaient encore 57% des mises en circulation en 2015. Le "dieselgate", conséquence de la falsification des émissions polluantes orchestrée par certains constructeurs, et le rattrapage fiscal opéré par les pouvoirs publics ont fait perdre à ce carburant une grande part de son attractivité.

Du jus !

Les ventes des voitures à essence ont aussi affiché un recul significatif : -11%. Bien que toujours nettement majoritaire, ce carburant n’a ainsi attiré que 46,9% des automobilistes se lançant dans l’achat d’un véhicule neuf. L’écart se resserre donc avec les énergies dites plus "écologiques". Les engins électriques et hybrides sont les seuls à avoir vu leurs immatriculations croître de façon significative en 2020.
Et la progression est spectaculaire. Longtemps anecdotique (même pas 2% du marché en 2019), la part de l’électrique s’est élevée à 6,7% l’an dernier. Près de 111 000 unités ont été écoulées (contre moins de 43 000 en 2019), dont 37 409 Renault ZOE, qui est la voiture à batterie préférée des Français. Elle se classe même à la neuvième place des ventes, toutes autos confondues. La progression a également été remarquable pour les hybrides et hybrides rechargeables, qui ont représenté près de 15% du parc de véhicules particuliers neufs l’an dernier (plus de 243 000 unités).

Panne Covid-19

Les restrictions et le climat d’incertitude économique découlant de la crise sanitaire sont bien sûr les principales causes de cet effondrement du marché français. La baisse enregistrée depuis plusieurs années en avril a été accentuée par le premier confinement. Durant ce mois, le plongeon de près de 89% a pesé lourd, d’autant qu’il a fait suite à un recul de 72% en mars. Après un puissant sursaut en juin, qui a ramené les ventes à leur niveau de 2019, le marché a connu un mois d’août plus morose que de coutume. Et un mois de novembre très triste, en raison du second confinement. Décembre, plutôt bon, n’a pas suffi à empêcher 2020 d’être un millésime de déprime historique, aussi bien pour les groupes français (PSA et Renault) qu’étrangers. Selon le Conseil national des professions de l’automobile, les garages, acteurs de l’après-vente, ont également et logiquement fait face à une année difficile, les ateliers de mécanique ayant accusé une baisse d’activité de 9,5% et les carrosseries de 14,3% sur les onze premiers mois de l’année.

Le marché du neuf a payé l’attentisme des consommateurs dû à la crise sanitaire mais aussi à la période de mutation technologique que traverse l’industrie automobile. La bonne tenue du marché de l’occasion en 2020 en est la preuve. Si les bonus écologiques ont dopé les ventes de véhicules électriques et hybrides, les malus ont aussi incité nombre de Français au budget limité à se tourner vers des modèles à essence de faible kilométrage, épargnés par la taxation. En attendant une conversion vers l’électrique plus massive, les observateurs annoncent tout de même un rebond des ventes dans les concessions. Selon l’agence Moody’s, il pourrait atteindre 10,7% en 2021 et 10,5% en 2022.

Photo de Une : Un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre, le temps où la R5 brillait sur les routes nationales ! DR

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