Marion Bouthors (Schneide

Marion Bouthors (Schneider Electric) : "seulement 25% de femmes en R&D"

La directrice du centre de Carros (1 000 employés) a noté des progrès, même s’il faut continuer à faire des efforts pour convaincre les filles de venir dans l’industrie.

Ni bruit, ni odeur : et pourtant, nous sommes en plein cœur du site de production de Schneider Electric à Carros où s’activent un millier de personnes, dont trois cents environ dans des salles immenses sur les lignes de fabrication des automates de gestion de l’énergie. Marion Bouthors est depuis 2015 la directrice de ce site. Issue des Ressources Humaines, elle a déjà connu plusieurs expériences professionnelles dans le monde de l’industrie.
"C’est notre seule implantation dans les Alpes-Maritimes et l’un des trois plus gros centres de R&D de Schneider Electric en France. Nous ne sommes pas encore arrivés à la parité hommes-femmes. Parce qu’il n’y a que 25% de filles dans les écoles d’ingénieurs et que, par voie de conséquence, nous ne recevons qu’un quart de candidatures de femmes... quand tout va bien. Pour convaincre les jeunes, nous avons un réseau d’ambassadrices qui vont dans les collèges, lycées et établissements supérieurs pour parler de nos métiers et dire que l’industrie, pour les femmes, c’est tout à fait possible".

Dans les bureaux d’études de Carros, les femmes n’occupent actuellement que deux postes sur dix. L’entreprise a pour objectif de passer la barre des 40%. "Il faudra faire des efforts pour l’atteindre" reconnaît la directrice. Rien d’inaccessible, si l’information passe, Schneider Electric offrant des conditions de travail agréables, à commencer par des bâtiments modernes, clairs, confortables, rien qui puisse rebuter a priori. Une charte d’égalité hommes-femmes est appliquée dans l’entreprise.

Jugées sur des critères d’hommes

"Nous avons développé le télétravail, la flexibilité, et pas seulement pour les femmes. Il y a chez nous de jeunes ou moins jeunes papas qui prennent un 4/5ème de temps pour pouvoir s’occuper de leur famille. Nous avons aussi mis en place un accompagnement pour les collaborateurs qui changent de site ou de poste, avec par exemple des aides pour inscrire des enfants en crèche".
Les femmes qui rejoignent les bureaux de R&D font, objectivement, le choix du job, avec les mêmes préoccupations et contraintes que les hommes. Comme celles qui s’investissent dans l’encadrement. Mais gare au faux pas : "Dans le jugement collectif, on leur demande d’être toujours au top. Le problème, c’est qu’elles sont jugées sur des critères d’hommes, alors que l’on peut faire du management différemment, avec des qualités féminines. Certaines n’osent pas franchir le pas, craignant peut-être pour l’équilibre de leur vie familiale. D’autres s’autolimitent, créent leur propre plafond de verre, et c’est bien dommage. Chez celles-ci, le blocage est dans leur tête, pas dans le fonctionnement de l’entreprise" commente Marion Bouthors. Dans le secteur de la production-fabrication en revanche, on trouve davantage de femmes, de l’ordre de 35%. Pour la directrice, c’est "un héritage du passé", d’une époque où il fallait beaucoup d’habileté manuelle et de méticulosité pour le montage des appareils.
Aujourd’hui, la toute petite taille des composants fait que ceux-ci sont installés par des robots, eux-mêmes pilotés par des employé(e)s. "La tendance, c’est que les hommes sont de plus en plus nombreux dans les ateliers". Une prépondérance que l’on retrouve aussi sur les postes très qualifiés comme la qualité, l’industrialisation, les méthodes.

Tellement mieux ici...

Dans une grande entreprise comme le groupe Schneider, qui a fait objectivement des efforts pour améliorer la situation des femmes, il est plus facile d’imposer une légitimité que dans les petites entreprises familiales, souvent créées par le père ou grand-père.

Marion Bouthors a passé cinq ans en Inde, dans les RH, pour un industriel fabriquant des emballages. "Pour la condition de la femme, là-bas, c’est sans doute ce que l’on fait de pire sur la planète... Cela m’a permis de constater à quel point, hommes ou femmes, nous sommes très privilégiés ici en France. Certes, pour la condition de la femme au travail, nous sommes en retard par rapport aux pays nordiques, mais plutôt en bonne posture si l’on regarde autour de nous. Même l’Allemagne fait moins bien : tant que les femmes qui travaillent n’ont pas charge d’enfant, tout va bien. Mais si la famille s’agrandit, rien n’est mis en place pour les aider. Bon nombre sont donc obligées d’abandonner leur travail".
Preuve que chez Schneider Electric France, le groupe sait faire toute leur place aux dames. D’ailleurs la direction générale est confiée à Christel Heydemann (X et Ponts et Chaussées).
Un signe qui ne trompe pas...

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