Pêche post Brexit : (...)

Pêche post Brexit : friture sur la ligne…

Quatre mois après la conclusion de l’accord commercial entre l’Union européenne et le Royaume Uni, la situation reste tendue entre Londres et Paris sur la question de l’accès des pêcheurs français aux eaux britanniques.

En réponse à une manifestation maritime menée la semaine dernière par une cinquantaine de bateaux de pêche français devant l’île de Jersey, le Royaume-Uni a déployé deux bâtiments militaires pour "surveiller la situation", selon le ministère de la Défense britannique. Les deux navires sont finalement rentrés dans la soirée… sans avoir envoyé par le fond le moindre chalutier, Dieu merci.

Ces crispations interviennent après l’accord conclu entre Bruxelles et Londres fin décembre.

Ce dernier prévoit une période de transition jusqu’à l’été 2026, date à partir de laquelle les pêcheurs européens devront renoncer à 25 % des captures dans les eaux du Royaume-Uni. Entre-temps, les pêcheurs de l’UE conservent l’accès à certaines zones situées au large des côtes britanniques, mais doivent cependant démontrer aux autorités britanniques qu’ils pêchaient déjà dans ces zones sur la période de référence 2012-2016 pour obtenir une licence. C’est ce dernier point qui a récemment attisé la grogne des pêcheurs français qui se plaignent des lenteurs administratives de Londres à cet égard.
La pêche européenne est très dépendante des eaux britanniques. Le Royaume-Uni dispose non seulement de la zone de pêche la plus vaste de la façade Atlantique/mer du Nord, avec une zone économique exclusive de 756 milliers de km2 - soit plus que celles de la France, de l’Irlande, de la Belgique, des Pays-Bas et de l’Allemagne combinées - mais les eaux qu’elle couvre sont également, et de loin, les plus poissonneuses.
Le volume moyen de poissons pêchés par les pêcheurs de l’UE dans les eaux britanniques avant le Brexit s’élevait à 760 000 tonnes par an entre 2012 et 2016, tandis que leurs homologues britanniques ne capturaient en comparaison que 90 000 tonnes des eaux de l’UE, soit plus de huit fois moins.
Nos voisins britanniques veulent donc sauver leur traditionnel « fish and chips » et nos pêcheurs leur « outil de travail ». Les discussions seront donc difficiles, comme à chaque fois…

Source : Tristan Gaudiaut (Statista)
Illustration DR

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