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Pour Max Bauer (CR), "le Salon de l’Agriculture doit rester un événement populaire et familial"

Que retient-on de ce 59ème Salon International de l’Agriculture ? Une belle fréquentation (plus de 600 000 visiteurs), la mise à l’honneur de la vache de race Salers, représentée par Ovalie et, les débordements qui ont alimentés les débats à la télévision.

De l’avis de Max Bauer, président de la Coordination Rurale (CR) du Var, « le SIA doit rester, en plein cœur de Paris, un événement populaire et familial avec ses 1 050 exposants, ses 4 000 animaux et la présentation des produits de la gastronomie hexagonale et ultramarine ».

Max Bauer répond aux questions de La Gazette du Var.

Dans quel état d’esprit êtes-vous après votre retour du Salon ?

Max BAUER. Cette année, je suis soulagé qu’il n’y ait pas eu d’accident grave dans l’enceinte, que les mouvements de foules et l’état d’ébriété avancé d’un nombre conséquent de visiteurs n’aient pas tourné au drame. Certes, la France émerge de deux années de crise sanitaire et a plongé dans la guerre en Ukraine. Une guerre qui impacte l’agriculture, de l’agroalimentaire à la distribution. Sans oublier le climat anxiogène, le réchauffement climatique, la sécheresse, les plans sociaux, l’inflation, la réforme des retraites, etc. Pour la Coordination Rurale, l’allongement de départ de la retraite est inacceptable car la pénibilité n’est nullement prise en compte.

Ce tableau plutôt sombre explique-t-il, à lui seul, les scènes d’ivresses et leurs débordements ?

MB. Je n’en sais rien ! Je fais confiance aux organisateurs pour envisager des solutions. Je salue leur bon sens et leur réactivité pour avoir, lors d’une journée excessivement chargée, fermé les grilles plus tôt afin d’éviter une densité extrême.

Comme chaque année, les responsables politiques ou d’organisations agricoles se sont suivis sur votre stand ?

MB. Ils ont échangé sur les réelles difficultés de l’agriculture. Il existe une véritable angoisse, un manque de visibilité générant de l’incertitude dans toutes les filières tant en conventionnel qu’en Bio.

Le salon est également le lieu privilégié des annonces politiques ?

MB. Au-delà des 14h de visite présidentielle et du carambolage avec un activiste écologique aussi ridicule qu’inutile, Emmanuel Macron a annoncé un plan destiné à faciliter la diminution des produits phytosanitaires. Une mesure en coordination avec les recommandations de l’UE. Malheureusement, cela se traduira par un empilement de transpositions et de mesures franco-françaises, sans fondement scientifiques, destinées à flatter les extrémistes de l’écologie. Et, Elisabeth Borne a annoncé un plan de développement d’alternatives pour les produits phytosanitaires les plus importants. Elle a assuré les agriculteurs du soutien de l’État. Soit ! Encore faut-il s’entendre sur le terme ! S’il s’agit de produits efficaces avec un réel effet sur les ravageurs et non d’un placebo. Si cette substance est économiquement accessible, alors nous pourrons parler d’alternative. Dans le cas contraire, les pertes de rendement ou la victoire des ravageurs entraîneront la disparition des cultures et l’arrivée massive des importations gavées de produits interdits en France.

Emmanuel Macron a appelé à un plan de sobriété sur l’eau sur le modèle de la sobriété énergétique ?

MB. Le président de la République explique que nous serons confrontés à des problèmes de raréfaction, comme l’été dernier. Qu’il faut planifier plutôt que de s’organiser sous la contrainte au dernier moment avec des conflits d’usage. Il appelle à mieux récolter l’eau de pluie, avoir moins de fuites dans les réseaux d’eau et mieux répartir l’utilisation de l’eau potable selon les usagers, en continuant de produire et d’investir sur des rétentions collinaires. Mais les écologistes ne l’entendent pas de cette oreille et s’opposent au stockage de l’eau par les agriculteurs commettant des dégradations ou des destructions d’ouvrage répréhensibles mais peu condamnés.

Dans le Var, le dossier de l’eau n’est pas simple ?

MB. D’un côté, la préfecture a déclaré l’état de sécheresse sur une grande partie du département. De l’autre, le réservoir du barrage de Trapan, dont la fonction est d’être une réserve d’eau potable pour les villes du littoral à l’Ouest de Toulon, est vidé pour cause de maintenance. Certes, ces opérations sont nécessaires mais le moment est particulièrement mal choisi. D’une part, on prévoit des restrictions, d’autre part, on déverse l’eau vers la mer !

Photo DR.

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