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Procès de l’attentat du 14 juillet 2016 : François Molins reconnaît des erreurs

« Je sais bien que tout n’a pas été parfait. On a fait tout notre possible pour prendre en charge les victimes avec humanisme », a déclaré ce lundi à la barre de la cour d’assises spéciale de Paris François Molins, ancien procureur de la République de Paris. Au cours d’un long témoignage -près de quatre heures en incluant les réponses à la cour et aux avocats-, François Molins a expliqué le rôle du parquet antiterroriste de Paris après l’attentat, chargé de l’enquête pendant quelques jours avant qu’un juge d’instruction ne récupère le dossier.

Avec beaucoup d’humilité, il a reconnu des difficultés avec les victimes d’origine étrangère, des problèmes de coordination, voire de concurrence, entre des psychologues.
Il a également confié qu’il avait été très difficile d’établir une liste unique des victimes, notamment pour les personnes choquées.
Au sujet de l’identification des victimes, il a expliqué comprendre que « certaines familles aient trouvé cela très long  », précisant que cinq jours avaient été nécessaires, là où il en avait fallu huit après les attentats du 13 novembre 2015. « Il faut prendre en compte la complexité des opérations et on sait qu’il ne faut pas se tromper  ». Il a défendu le recours à la pratique de l’autopsie : « On ne peut pas faire l’impasse sur une autopsie. Parfois elle ne peut servir à rien mais quand on le fait on ne le sait pas. En 45 ans, je n’ai jamais vu une affaire criminelle dans laquelle il n’y a pas eu d’autopsie quand bien même on connaissait l’origine de la mort », a-t-il assuré.

« Excès de zèle »

En revanche, au sujet des prélèvement d’organes, il a relevé que l’Institut médico-légal de Nice avait commis un «  excès de zèle  » en prélevant des organes dans leur totalité, précisant que ce n’était pas «  la pratique parisienne ». « Je ne veux pas accuser l’institut médico-légal mais ils ont fait quelque chose qui ne se justifiait pas ». Me Virginie Le Roy, avocate de parties civiles qui l’avait cité comme témoin, a indiqué que 173 organes avaient été prélevés, dont beaucoup d’organes sains, sur des corps de victimes. «  Je respecte profondément cette souffrance » de leurs proches, a confié M. Molins. « Les prélèvements de la totalité des viscères n’étaient pas totalement indispensables. On essaie d’aller vite, peut-être qu’on est allé trop vite ». Il a précisé qu’aucun magistrat n’assiste à l’autopsie et qu’il n’avait eu connaissance des prélèvements qu’après leur réalisation. « Deux familles ont réussi à récupérer les organes et ont pu procéder à une seconde inhumation », a expliqué Me Le Roy, qui a dit avoir contacté l’Institut médico-légal, sans réponse de sa part, pour d’autres familles. « Nous n’avons pas d’autre solution que soulever ce débat à l’audience pour être entendus  », a-t-elle ajouté.

Photo de Une ©Cour de Cassation

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