Réconcilier entreprise et

Réconcilier entreprise et innovation

De nombreuses et riches interventions de personnes référentes dans le domaine de l’innovation ont été données à entendre
lors de la Journée d’études et de débats « Réconcilier Entreprise et Innovation », qui s’est tenue à Mines Paristech Sophia Antipolis
le 13 février dernier. En voici quelques extraits.

Pierre Laffitte : « Le besoin de réformer et les pistes »
Fondateur de Sophia-Antipolis, Président honoraire de la Fondation Sophia-Antipolis, Sénateur honoraire

Est-ce que le système d’évaluation que nous avons pour les entreprises et les territoires correspond à quelque chose de moderne ? Je réponds non, car la finance qui a pris le pouvoir est une finance du
court terme, par opposition à un financement respectueux de la
durabilité. Au XXIe siècle, on ne peut pas accepter que l’évaluation
d’une entreprise ne comporte pas leur volonté d’investissement à long terme et que les territoires soient évalués essentiellement en fonction de leur solvabilité à court terme. Cela ne correspond pas aux nécessités actuelles.

Si l’innovation n’existe pas dans l’évaluation, c’est parce qu’il n’y a pas de critères. La définition de critères pertinents pour l’innovation, pour les entreprises, mais aussi pour les territoires, est quelque chose de fondamental. Il faudrait que les agences internationales d’évaluation, comme Standard & Poor’s, qui évaluent les territoires, dégradent les villes ou les entreprises, disposent des critères correspondants.

Denis Huguenin : « La place de l’état
dans le financement de l’écosystème
de l’innovation »

Chargé de mission à l’Agence Nationale
de la Recherche.

Depuis plusieurs décennies, la
place de l’Etat dans le financement
de l’écosystème de l’innovation
s’est renforcée. A travers plusieurs
réformes successives, les acteurs publics
et privés de l’écosystème ont vu
leur dotation financière croître pour
atteindre plusieurs pourcents du produit
intérieur brut (PIB). Malgré une
volonté affichée de réussir le pari de
l’innovation, il persiste un décalage
entre l’effort d’investissement de
l’Etat et les retombées économiques.
En revisitant les règles de fonctionnement de la chaîne de l’innovation,
nous avons montré que l’approche historique a pu conduire à certains
comportements « irrationnels » dans le processus de financement qui
pourraient être corrigés en s’appuyant sur un nouveau modèle de description
de l’écosystème de l’innovation. Outre sa capacité à préciser
le rôle des différents acteurs de l’écosystème (création de connaissances
versus création de valeur), ce nouveau modèle est aussi un outil
de dimensionnement de l’effort de l’Etat dans l’optique d’optimiser
sa contribution à la fluidification de l’exploitation des résultats de la
recherche.

Une fois ce modèle validé, nous avons vu comment sa correcte application
conduirait à rééquilibrer le budget de l’Etat vers le financement
d’actions et de missions déployées en réponse au défi d’entreprendre
la recherche et l’innovation dans notre économie de marché.

Armand Hatchuel : “R&D VS RID”
Professeur à Mines Paris Tech, Directeur
adjoint du centre de gestion scientifique
et membre de l’Académie des
Technologies

L’innovation peut être définie comme
un processus structuré, avec des principes
de gestion spécifiques, distincts
de ceux qui régissent les activités de
Recherche (R) et de Développement
(D). En adoptant ce raisonnement, les
liens et les interdépendances entre la
Recherche, l’Innovation et le Développement
sont alors clarifiés et leur
bonne articulation devient possible...

Le paradoxe que nous avons évoqué
ci ?dessus peut alors être levé. Ainsi, le
défi contemporain de la compétition
par l’innovation appellerait à une transformation structurelle de l’organisation
et au passage « de la R&D à la R ?I ?D ».

Visuel : Pierre Laffitte,
Fondateur de Sophia-Antipolis,
Président honoraire de la Fondation
Sophia-Antipolis, Sénateur honoraire
© DR

deconnecte