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Retour sur la remise du Prix "Rubans du Patrimoine" à la Ville de Biot

La cérémonie officielle de remise du prix départemental des « Rubans du Patrimoine » à Michel Mazuet, 1er adjoint au Maire de Biot, représentant, en son absence, Guilaine Debras, Maire de Biot, s’est déroulée le samedi 27 juin à 11h, place de l’église Sainte Marie-Madeleine.
Organisé par l’Association des Maires de France, la Fondation du Patrimoine et la Fédération Française du Bâtiment et la Caisse d’Épargne, le concours des "Rubans du Patrimoine" vise à récompenser les communes, et par là même les Maires de France, qui se sont particulièrement distingués dans l’amélioration du cadre de vie et du patrimoine bâti.
Chaque année, des prix nationaux et des prix départementaux sont ainsi attribués aux communes lauréates.

Pour les Alpes-Maritimes, Honoré Colomas, Président de l’Association des Maires 06, Isabelle Lefèvre, Directrice du Centre d’Affaires Sophia de la Caisse d’Epargne Côte d’Azur, Jean-Louis Marques, Délégué Départemental de la Fondation du Patrimoine, et Philippe Gautier, Président de la Fédération du BTP des Alpes-Maritimes se sont associés dans cette démarche.

Michel Mazuet, Philippe Gautier et Isabelle Lefèvre

DES TRAVAUX NÉCESSAIRES


De 1995 à 1998, l’église Sainte Marie-Madeleine avait fait l’objet d’une restauration complète de sa toiture et de ses façades réalisée sous la direction de l’Architecte en Chef des Monuments Historiques, J.-Cl. Yarmola.

Mais en 2000, une étude commandée par la Conservation Régionale des Monuments Historiques de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC), à la demande de la commune, mettait en évidence de nouvelles interventions nécessaires à la conservation, la consolidation et la mise en valeur de l’église. Les préconisations de cette étude finalisée en 2002 étaient alors restées sans suite.

Le 6 mars 2008, à la demande de la DRAC, la commune engage alors un diagnostic complémentaire, confié à l’Architecte des Monuments Historiques, visant à recenser les dégradations qui s’étaient accélérées au cours des dernières années.

Ce diagnostic mettait en exergue des désordres sérieux concernant principalement :
- des dégradations intérieures des maçonneries et des peintures dues à la fois aux infiltrations d’eau et aux remontées capillaires (migration d’eau dans les murs au contact d’un sol humide). Infiltrations comme remontées capillaires ont entraîné la cristallisation de salpêtre et le décollement des enduits superficiels sur toute l’élévation du bâtiment jusqu’aux enduits des voûtes.
- une installation électrique extrêmement vétuste.
En outre, la poussière, le suif issu des bougies ou encore la calcification des enduits avaient altéré l’ensemble des enduits et terni, voire opacifié, les vitraux.
Au vu de cet état des lieux, la Ville de Biot décide de lancer un programme complet de restauration des intérieurs. Pour ce faire, le Conseil Municipal a budgétisé 2 millions d’euros et approuvé l’adhésion à la Fondation du Patrimoine dans le but de lancer une souscription et de prétendre à une subvention complémentaire. Les travaux ont commencé en septembre 2011.
L’édifice étant classé depuis le 5 décembre 1984 à l’inventaire des Monuments Historiques, l’ensemble des interventions a été réalisé sous la direction de Pierre-Antoine Gatier, Architecte en Chef des Monuments Historiques en collaboration avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles.

NATURE DES INTERVENTIONS

Les travaux, entraînant la fermeture de l’église au public, ont commencé en septembre 2011. Et, l’église rénovée a été inaugurée le 23 juin 2013.

Afin de régler les désordres observés sur les maçonneries, limiter les remontées capillaires et retarder la réapparition de salpêtre, les murs de l’église ont été dessalés par électro-osmose1 tandis qu’un enduit sacrificiel de type Cocciopesto, procédé vénitien traditionnel contre les remontées d’humidité a été mis en oeuvre sur les parties basses des maçonneries. De plus, le nouvel enduit couvrant les parties supérieures contient de la pouzzolane destinée à retarder la réapparition de salpêtre.
Éclairages, prises, tableau électrique et dispositif de sécurité incendie : l’installation électrique a été entièrement refaite. Le chauffage à air pulsé a été remplacé par des bancs chauffants.
Le fait que l’église soit classée aux Monuments Historiques a rendu nécessaire la recherche d’un équilibre entre les impératifs de sécurité, d’intégration des dispositifs au monument et de mise en valeur.
- Par exemple, cette démarche a conduit à choisir la solution de bancs chauffants en lieu et place de solutions de chauffage ventilé. En effet, ce type de chauffage provoque de la condensation sur les vitraux et donc des coulures d’eau à leur base. De plus, de fortes variations de température peuvent à terme dégrader les oeuvres d’art et les peintures murales.
- Autre exemple, pour éviter de porter atteinte à l’intégrité des sols de l’église, le raccordement des bancs chauffants est dissimulé sous une plinthe en bois passant sous les assises.
- Ou encore, les blocs autonomes d’éclairage de sécurité, obligatoires dans les établissements recevant du public, ont été adaptés aux contraintes patrimoniales et ont été ainsi intégrés aux lustres.
Les vitraux ont été déposés pour être entièrement nettoyés.

Le sol étant par endroits déformé, quelques reprises ont été effectuées sur les tomettes tandis que les carreaux descellés ont été refixés.

Les décors des autels et retables en bois doré ou en stuc des chapelles ont été restaurés et ont retrouvé tout leur éclat. Après nettoyage et rebouchage de fissures, les différents éléments de décors, gypserie, faux-marbres, peinture ou feuilles de cuivre ont été restitués et/ou renovés.

La rénovation des enduits a conduit à la mise au jour de fresques murales jusqu’alors totalement inconnues. « Ces fresques étant fragmentaires, nous ne les avions même pas décelées lors de la campagne de sondages préalable aux travaux », note Pierre-Antoine Gatier, Architecte en Chef des Monuments Historiques, en soulignant l’aspect spectaculaire et exceptionnel de cette découverte. « Personne ne s’attendait à trouver un témoignage aussi ancien dans l’Église Sainte Marie-Madeleine, ces fresques nous ramènent directement à son passé prestigieux ».

Ces fresques (2 ) sont concentrées sur les murs et les voûtes du bas-côté nord et laissent deviner des personnages, des éléments architecturaux, des animaux fabuleux et de grands soleils placés sur les voûtes. Sans pouvoir être précisément datées, certaines pourraient avoir été réalisées à la fin du XVe siècle et être attribuée à l’école des Primitifs niçois. Malheureusement ces fresques ont été retrouvées par séquences apparaissant ça et là. Après un travail délicat de dégagement des fragments suivi d’une consolidation des fresques, la gageure des restaurateurs fut donc de redonner une forme de lisibilité à ces morceaux épars sans pouvoir s’engager à les lier entre eux. « La restauration s’arrête quand l’invention commence », explique l’Architecte en Chef des Monuments Historiques.

C’est dans cet objectif de lisibilité que la couleur de l’enduit devant recouvrir les murs des bas-côtés nord et sud, à savoir un ocre beige clair, fut préférée à la teinte présente avant les travaux, un enduit orange soutenu. « Nous avons essayé d’imaginer comment donner à l’ensemble une homogénéité, comment intégrer ces découvertes spectaculaires et pourtant fragmentaires au reste de l’église. Nous avons donc choisi de ne pas conserver la teinte très soutenue orange qui recouvrait les bas côtés pour d’une part ne pas entrer en contradiction avec la délicatesse des teintes des fresques, d’autre part laisser les fresques au premier plan ».
Pour l’Architecte en Chef des Monuments Historiques, cette découverte archéologique est somptueuse malgré son aspect incomplet qui peut surprendre à première vue.

Pour les autres enduits de l’église, la démarche fut plus simple.
Sur la nef peinte d’un délicat badigeon bleuté et l’abside du choeur dont la voûte est peinte de caissons en trompe l’oeil vivement colorés les interventions relèvent d’une démarche de conservation. En effet, les enduits étaient bien conservés et ont fait l’objet d’un ‘simple’ travail de nettoyage, de consolidation et reprises ponctuelles.
Ensuite, entre la chapelle de l’Ange Gardien et la chapelle Saint Antoine, les restaurateurs ont retrouvé un très beau semis de fleurs de lys, là encore fragmentaire. L’enduit a donc été posé en laissant apparaître les fleurs conservées.
Les éclairages ont été entièrement repensés dans un souci de mise en valeur des différents éléments d’intérêt de l’édifice. Ainsi, les lustres ont été conservés pour l’éclairage général soutenus par des spots installés sur la corniche surplombant la nef et supportant les vitraux. D’autres éclairages soulignent élégamment les départs de nervures des voûtes de la nef tandis que chacune des 5 chapelles est spécifiquement mise en lumière. Toujours du point de vue des éclairages, l’accent a été spécialement mis sur le bas côté nord où sont regroupées les fresques mises au jour pendant les travaux.

COÛTS ET FINANCEMENTS

Coût des travaux de restauration
Travaux : 1,598 M€ TTC
Divers (Maîtrise d’oeuvre, contrôle technique, etc.) : 234.547 € TTC
Subventions attribuées au 23 juin 2013 et susceptibles d’être amendées par des versements complémentaires
DRAC : 422 248 €
CASA : 153 074 €
CG06 : 153 825 €
Fondation du Patrimoine (subventions d’abondement) : 55 357 € au titre des années 2011 et 2012

La souscription

Souscription : 71 965 € au 1er juin 2013
Depuis septembre 2010, date de la signature de la convention entre le Maire de Biot et la Fondation du Patrimoine, 171 généreux donateurs (au 1er juin 2013) ont permis à la Fondation du Patrimoine de réunir 71 965 euros qui seront reversés à la Ville de Biot au titre de la restauration de l’église. La souscription reste ouverte jusqu’à la livraison définitive des travaux.
En plus des sommes issues directement de la souscription, la Fondation du Patrimoine verse des subventions d’abondement qui viennent « récompenser » l’engagement des mécènes particuliers et des entreprises dans l’appel aux dons. Ces subventions sont financées sur les ressources de la Fondation. Ainsi au titre des années 2011 et 2012, la Fondation du Patrimoine a versé 30 357 et 25 000 euros sur le compte destiné au financement de l’Église Sainte Marie-Madeleine.

1/ Principe de dessalage par électro-osmose : une électrode positive attire les ions dans un matériau absorbant, ici des compresses de cellulose. Le procédé doit opérer pendant 48h.

2 /Réalisées selon la techniques a fresco, c’est-à-dire sur un enduit avant qu’il ne soit sec. Peindre sur un enduit qui n’a pas encore séché permet aux pigments de pénétrer dans la masse et donc aux couleurs de durer plus longtemps. Son exécution nécessite une grande habileté et se fait très rapidement, entre la pose de l’enduit et son séchage complet.

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